Il a suffi d’environ trois ans à la tête du ministère de l’Environnement et développement durable pour se faire une idée claire de la gestion de ceux qui autrefois se comportaient en donneurs de leçons de gouvernance aux différents gouvernements qui se sont succédés durant les 20 dernières années en RD Congo. A quelques jours de la publication du gouvernement Suminwa, la Warrior Eve Bazaiba Masudi, réalise tout de même que l’environnement ne se gère pas dans les réseaux sociaux, mais sur le terrain. Un terrain qu’elle avait conquis et qu’elle pourra laisser sans beaucoup d’empreintes positives.
Le communiqué intitulé, « Préservation des risques liés à la chaleur et engagement en faveur du climat », publié ce 07 mai 2024, illustre bien les résultats d’une gestion calamiteuse de ce ministère, autrefois élevé au rang de la vice primature. Quelle politique et ou stratégie de prévention des risques Maman solution va-t-elle laisser à ce ministère après ses années de règne sans partage ?
Dans ce communiqué, la ministre d’Etat à l’Environnement invite les populations congolaises à éviter de s’énerver, à planter un arbre chaque mois et rester le plus possible à l’ombre ou dans un endroit frais. Comment ne pas s’énerver ? Et pourtant, la ville de Kinshasa ressemble à un bloc de béton dans le désert.
Au fil des années, la capitale congolaise s’est vue déposséder de tous ses arbres, à cause notamment de construction. Des espaces verts ont été spoliés soit pour y ériger des stations-service, ou d’autres édifices commerciaux sans une étude d’impact environnemental et social préalable. Aucun jour, cela n’avait inquiété un quelconque ministre de l’Environnement.
Oui certes, cette situation Bazaiba l’a hérité de ses prédécesseurs. A son arrivée à ce ministère, elle avait suscité beaucoup d’espoir au regard de son activisme dans l’opposition. L’élue de Basoko, devenue Maman Solution, devrait apporter des solutions à ces problèmes. Mais hélas, elle n’a pas été si différente de ses prédécesseurs ! Espoir nionso na mayi eh oh !
A son arrivée au ministère, elle hérite d’un programme présidentiel « Jardin scolaire 1 milliard d’arbres à l’horizon 2023 ». Un programme qui pouvait bien aider à compenser la destruction des arbres, et reverdir la ville. Toute chose restant égale par ailleurs, jusqu’à ce jour, personne n’est capable de dresser une vraie cartographie des endroits où ce 1 milliard d’arbres ont été plantés.
La ville de Kinshasa asphyxiée par les vagues de chaleurs aujourd’hui est l’illustration parfaite de l’échec de ce programme ambitieux du chef de l’Etat. A ce sujet, la population retiendra des chiffres, et des balivernes et non des actions concrètes qui reflètent le succès d’un programme tant vanté. C’était donc du vent !
La preuve est là, il faut planter 1 arbre chaque mois. Où et avec quoi ? dès lors que le 1 milliards d’arbres “plantés” ont consommé des millions des dollars du trésor public sans que la majorité de la population congolaise ne soit en mesure de voir où ses arbres ont été plantés.
Aujourd’hui, plus que jamais, le gouvernement des Warriors redoute des inondations meurtrières et des glissements de terrains. Comme on le sait, la raison est simple, « le changement climatique ».
Oui, la raison du plus fort est toujours la meilleure dit-on. Mais, que dire des caniveaux et collecteurs bouchés, des constructions anarchiques, de l’incivisme environnemental, de l’insalubrité et du manque d’assainissement ? Des facteurs considérés comme étant à la base de l’aggravation de la fragilité. Pourquoi quand il y’a des inondations à Kinshasa et Brazzaville, il y’a moins de dégât chez les voisins? C’est dire que le changement climatique se choisit où faire plus mal ?
Il suffit de faire le tour de la ville de Kinshasa et de tendre le micro. Peut-être 1 personne sur 10 serait au courant de l’existence de la DAS (Direction d’Assainissement), sous tutelle du Ministère de l’environnement. Toute une direction payée par le trésor public, mais qui n’a ou presque pas des réalisations palpables sur terrain depuis des nombreuses années.
En regardant l’état de la ville de Kinshasa, le miroir de la RDC l’on peut même s’interroger si Eve Bazaiba a été au cours de l’existence de la DAS dans son ministère ? Si oui, lui est-il arrivé de demander des comptes à ce service sur le pourquoi de son inaction face à l’insalubrité et le manque d’assainissement dans la capitale ? La réponse on la connaît, la ville de Kinshasa était sous la gestion de Ngombila.
Certes, le populisme est révolu, on a trop vendu du vent du moins pour le moment. Il faut se regarder « face to face » avec le bilan de son passage à la tête de ce ministère. En attendant, cherchons d’abord des arbres à croissance ultra rapide, plantons-les avec espoir de les voir pousser dans les 24 heures pour espérer bénéficier de leur ombre pour nous éviter le pire.
Alfredo Prince NTUMBA