La République démocratique du Congo et le Fonds CAFI ont évalué ensemble l’état d’avancement des engagements pris dans le cadre de la deuxième lettre d’intentions signée en 2021. Ce partenariat basé sur la préservation des forêts tropicales congolaises a relevé des avancées enregistrées plus de deux après son lancement. Mais aussi, des faiblesses dont le retard dans le décaissement et le financement des projets sur terrain. Au cours de revue annuelle 2023, organisée à Kinshasa, le 18 mars 2024, les deux parties ont convenu d’accélérer le processus de décaissement en levant toutes les mesures suspensives qui le frappaient.
Selon le secrétaire exécutif du FONAREDD, Bavon N’sa Mputu, au 31 décembre 2023, 81% de 21 jalon 2021-2022 ont été atteints, ou sont en net progrès. Seuls 4 jalon sur 21 ont noté un retard dans leur mise en œuvre. Cela touche notamment au secteur de l’aménagement du territoire, dont certaines lois sectorielles n’ont pas encore été promulguées.
« De manière cumulée, au 13 mars 2024, la moitié des jalons 2021-2023 sont atteints (23%) et en net progrès (27%). Des résultats phares ont été atteints à la suite de la mise en œuvre de ce partenariat. Dans le secteur de l’énergie, il a été démontré une réduction de 7% de consommation de charbon de bois à Kinshasa, 3% à Goma, et 4% à Bukavu entre 2020 et 2023. Il y a également la validation de 3 politiques sectorielles, dans les secteurs agricole, énergétique et foncier », a-t-il précisé.
Le ministre des finances, Nicolas Kazadi, a saisi l’occasion pour égrainer les succès enregistrés à ce jour dans le cadre de ce partenariat. Il a par ailleurs exhorté le secrétariat exécutif de CAFI à pouvoir s’activer pour faire avancer les projets en cours d’instruction et ceux que le gouvernement de la RDC compte intégrer dans la suite du processus.
« Tout en nous félicitant de quelques avancées, nous devons faire davantage pour rendre utiles ces ressources qui ont été mises à la disposition de notre pays, en faveur de la protection des forêts pour un développement durable », a-t-il insisté.
Quelques jalons ont été atteints, notamment la revue de la légalité des concessions forestières attribuées entre 2015 et 2021, afin de s’assurer de leur légalité. Cette revue légale a été publiée au mois de mars 2023. Elle ouvre la voie à un grand chantier pour le traitement de ses résultats et parvenir à un domaine forestier clarifié.
Des politiques sectorielles durables ont également été produites à la suite de très larges consultations. Il s’agit notamment de politique forestière, et celle de l’agriculture durable qui ont été déjà approuvées dans le conseil des ministres. La politique nationale de l’énergie quant à elle, a déjà passé le processus d’approbation technique et sera bientôt soumise au conseil des ministres. Durant l’année 2024, l’ITIE va rapporter les différents contrats forestiers.
Le ministre des finances a tout de même renseigné que le gouvernement de la RDC continue la restructuration du FONAREDD. A ce jour, la majorité des outils de gouvernance sont produits et finalisés. Les termes de références ont été mis à jour. Ils ont induit à l’ajustement de manuel des procédures de ce fonds.
« Du point de vue de la programmation, le FONAREDD a réussi à approuver 105 millions de dollars dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième lettre d’intention. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en 2022 et les projets sont en cours d’instruction. Nous projetons l’approbation des projets de l’ordre de 200 millions de dollars d’ici à la fin de ce premier semestre », a-t-l révélé.
La RDC s’est résolument tournée vers la valorisation de son capital forestier afin d’en recevoir les dividendes et financer son développement. C’est l’objectif même de la mise en place de l’Autorité de régulation des marchés carbones. « Je me réjouis de l’approbation par le Comité de pilotage du FONARED, en novembre dernier d’un projet de 3 millions de dollars qui doit accompagner ce processus. J’invite les parties prenantes impliquées à lever rapidement les conditions devant permettre son lancement urgent », a indiqué le ministre.
Des nouveaux projets à inscrire
Outre les projets en pipeline, le gouvernement de la RDC souhaite inscrire dans la liste des projets prioritaires à instruction urgente, trois autres projets dont le projet pilote portant sur le PSE (Paiement pour les services environnementaux), un projet d’appui au volet agriculture de l’initiatives PDL-145 Territoires, ainsi que le projet d’appui à des investissements dans l’énergie.
« L’approche des PSE est une approche innovante. Nous souhaitons l’accélérer afin de permettre aux communautés locales qui vivent de la forêt, d’avoir accès aux ressources en compensation de l’effort qu’elles mettront dans la préservation de la forêt. Je demande à la Banque mondiale qui assure l’instruction de ce projet d’en accélérer le processus pour permettre son opérationnalisation dans le premier semestre de cette année », a renchéri Nicolas Kazadi.
En effet, il en est de même pour le volet agriculture du PDL-145T qui nécessite une attention particulière de la CAFI. Ce projet devra promouvoir une agriculture durable dans l’arrière-pays et ainsi assurer la sécurité alimentaire de la population congolaise. Le gouvernement de la RDC entend décaisser 10 millions de dollars pour co-financer ce projet qui recevra une enveloppe de 45 millions de dollars de la CAFI. Cependant, ce projet est encore suspendu en attendant un engagement formel du gouvernement sur le co-financement.
Quant à l’énergie, le gouvernement congolais souhaite voir se matérialiser le mix énergétique dans le cadre de ce financement. « Je suis convaincu que la construction des micros centrales électriques devrait être considérée dans ce mix énergétique. Je demande au secrétariat exécutif du FONAREDD de considérer cette option et d’en assurer la faisabilité dans le cadre de l’instruction de ce projet », a insisté le ministre des finances.
Accélérer le décaissement
Pour Alyson King, ambassadrice de la Grande Bretagne à Kinshasa, et présidente en exercice de GIBEC (Le Groupe inter-bailleurs de l’environnement et climat), le partenariat RDC-CAFI a franchi avec succès sa phase du démarrage. « Nous sommes à présent dans la période critique, celle de la mise en œuvre et de l’atteinte des résultats », a-t-elle fait savoir. « Cette année sera donc cruciale pour dynamiser et accélérer certains projets afin d’atteindre les jalons ».
Le parcours de ce nouveau partenariat signé en 2021, à Glasgow semble prometteur au regard des résultats déjà atteints. Cependant, les deux parties reconnaissent que beaucoup reste à faire, surtout lorsqu’il s’agit de financer et démarrer les différents projets.
« Nous invitons également toutes les parties prenantes, les agences d’exécution, à lever les conditions suspensives leur permettant ainsi de démarrer les nouveaux projets dans le meilleur délai. Notre souhait est de travailler ensemble pour que les fonds CAFI de la deuxième lettre d’intentions puissent être décaissés, et que nous puissions observer les résultats tangibles sur le terrain », a-t-elle plaidé.
Alfredo Prince NTUMBA