En République démocratique du Congo, les scientifiques et les décideurs politiques pourront collaborer aisément pour préserver la biodiversité. Le projet CABES (Développement des Capacités des Experts en Biodiversité et Services Ecosystémiques en Afrique centrale, de l’Ouest et de l’Est) apporte son apport substantiel à la promotion du dialogue entre les producteurs des connaissances (les scientifiques) et les consommateurs finaux (les décideurs). Les activités de ce projet ont été présentées aux parties prenantes, ce mardi 05 mars, à Kinshasa.
Au cours de cette séance, le plan de travail 2021-2030 de l’IPBES a été présenté aux participants. La République démocratique du Congo pourrait bien s’y insérer, afin d’améliorer ses connaissances sur la biodiversité, et améliorer la gestion de celle-ci. En effet, la communauté scientifique congolaise doit créer des synergies susceptibles d’aider les chercheurs à tirer profit des différentes opportunités qui s’offrent dans le domaine de la recherche sur la biodiversité. A ce jour, le projet CABES offre certaines opportunités.
« La RDC va bénéficier beaucoup, parce que ce projet repose sur trois piliers : le renforcement des capacités par la formation des jeunes experts, la RDC va recevoir ce master international à l’Université de Lubumbashi, et nous allons avoir un candidat de la RDC qui y participera », a indiqué professeur Mylor Shutcha, de l’Université de Lubumbashi et coordonnateur régional de CABES.
La République démocratique du Congo est retenue parmi les 8 pays d’implantation du projet CABES, en rapport avec l’appui aux plateformes nationales. Le pays devra également bénéficier des formations continues. « Il y’a 35 formations continues qui sont prévues dans le cadre du projet, les experts de la RDC participent déjà aux formations CABES. Jusqu’en 2029, nos experts continueront à participer aux formations qui seront organisées sur des thématiques bien précises », a-t-il révélé.
A en croire les experts, la multidisciplinarité des recherches sur la biodiversité reste un élément clé devant garantir le succès de ce projet. Il ressort des analyses présentées lors de cet atelier les moindres intérêts pour des scientifiques congolais de différents horizons de collaborer ensemble sur un même sujet de recherche. Toutefois, des timides ouvertures sont enregistrées et nécessitent d’être soutenues. « Si nous voulons organiser une gestion intégrée de notre biodiversité, nous sommes obligés de travailler avec toutes les disciplines sans oublier les peuples autochtones et les communautés locales », a renchéri le professeur.
Pays de la méga-biodiversité, la RDC a un rôle très important à jouer dans la production des informations scientifiques pour orienter les décisions au niveau national et international. Ainsi, il est important de connecter les résultats des recherches scientifiques aux utilisateurs finaux qui sont les décideurs politiques.
« En RDC, vous avez des chercheurs qui travaillent de manière cloisonnée d’une part, et les politiques qui ne consultent pas la science pour orienter leur décision de l’autre. L’opportunité qu’offre le projet CABES c’est d’établir ce pont entre les consommateurs finaux des produits des recherches, et les producteurs des connaissances qui sont les chercheurs », a informé Paul Kazaba, coordonnateur adjoint du projet CABES.
Pour y arriver, le projet prévoit le renforcement des capacités et le réseautage entre les décideurs politiques et les scientifiques. Dans le même sens, le projet va également aider à simplifier le langage scientifique pour qu’il soit potable et consommable par les politiques, notamment à travers des notes de synthèse à l’intention des politiques.
« Ce qui se faisait avant est que le chercheur conçoit son projet de recherche qui n’est pas forcément pertinent pour le décideur politique, et chacun évolue de manière séparée. L’avantage aujourd’hui est que nous changeons d’approche de travail. Nous allons mettre les deux ensembles. Que les consommateurs finaux définissent leurs besoins avant même que les scientifiques ne montent son projet de recherche », a martelé Monsieur Kazaba.
La plateforme BioSE-RDC entend offrir une interface d’échanges sur la biodiversité entre les scientifiques et les décideurs politiques congolais. Elle va compiler, synthétiser et documenter les dernières connaissances en termes de biodiversité et des services écosystémiques et les rendre accessibles aux politiques, pour que les décisions prises soient fondées sur des évidences scientifiques.
« Partout au monde, il n’y a pas de développement sans recherche. Nos politiques devront se fonder sur des programmes pointus de recherches pour que les décisions prises soient conformes à la réalité », a informé Daniel Mukubi, expert de BioSE-RDC.
Formalisée grâce à un arrêté ministériel signé au mois de février 2024, BioSE-RDC aura également pour mission de mener des plaidoyers de haut niveau, notamment au parlement, ministère sectoriel et autres institutions nationales et internationales.
Notons par ailleurs que sous CABES, une analyse du paysage des plateformes existantes au niveau national en lien avec la biodiversité et les services écosystémiques a été menée en RDC et un rapport y afférent disponibilité. La conclusion de ce rapport a abouti à l’identification de la Plateforme Biodiversité et Services Ecosystémiques de la République Démocratique du Congo (BioSE-RDC) comme structure dont les objectifs et les activités sont en phase et beaucoup plus similaires avec ceux liés au développement des plateformes nationales dans le cadre du projet CABES. En RDC, ce projet travaille avec JUREC comme partenaire de mise en oeuvre.
Alfredo Prince NTUMBA