Les experts de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et ceux des différents services impliqués dans la lutte contre la fraude douanière ont procédé à la validation des Procédures Opérationnelles Standards pour la gestion de l’ivoire et d’autres produits de faune en République Démocratique du Congo. C’était lors d’un atelier organisé par l’ONG JURISTRALE, à Kinshasa, ce lundi 26 février.
La gestion et le stockage des produits de la faune, résultant à la fois des saisies et des morts naturelles, font peser une énorme responsabilité sur les structures nationales qui détiennent ces articles. Depuis plusieurs décennies, ces articles notamment l’ivoire d’éléphant, les écailles des pangolins et autres produits de faune saisis se sont retrouvés sur les marchés illicites par manque de dispositions exceptionnelles de leur gestion.
« J’ai trouvé les ivoires éparpillés. J’ai pris l’initiative de mettre en place une commission pour inventorier ces ivoires. Aujourd’hui, on a le nombre exact d’ivoires entreposés à Kinshasa. Avec l’aide de notre partenaire JURISTRALE, on est en train d’innover notre entrepôt pour normaliser ça à un standing international », a indiqué le directeur général de l’ICCN, Yves Milan Ngangay.
A Kinshasa, outre le stock gardé à la Banque centrale du Congo, l’on dénombre plus de 500 pointes d’ivoire stockées dans l’entrepôt de l’ICCN. Cela n’est pas le cas ailleurs a déploré le directeur général de l’ICCN. « J’attends de cet atelier des propositions sur une bonne gestion de l’ivoire et leur sécurisation partout en RDC ».
La sécurité physique et la bonne gestion de l’ivoire et d’autres produits d’espèces sauvages dans les entrepôts font souvent défaut et il existe un risque élevé, et de nombreux incidents très médiatisés, que des articles stockés se retrouvent dans le commerce illégal d’espèces sauvages. De plus, les processus judiciaires sont souvent rejetés ou perdus devant les tribunaux en raison d’une mauvaise gestion des preuves.
« C’est à la demande de l’ICCN que nous sommes venus à l’appui », a informé Cléo Mashini, CEO de JURISTRALE. « Il est vrai que l’ICCN stocke de l’ivoire depuis un certain temps, mais ce sont des procédures embryonnaires, c’est ainsi qu’il a demandé un appui technique pour avoir des procédures standardisées et normalisées. C’est ce travail que nous avons fait ».
Ces procédures minutieuses prévoient des dispositions sur la structures de gestion de magasins ou entrepôts, le processus de réception et de sécurisation des articles, l’audit, et autres mesures exceptionnelles notamment, les sorties des articles. Un logiciel de gestion de stock sera mis à la disposition des gestionnaires en vue de la construction d’une base de données des différents produits stockés. Une base de données qui couvrira toute la chaîne de gestion de ces produits de faune à travers la RDC.
« Il y aura de la transparence dans la gestion. Il en va de soi que lorsque les produits sont mal entreposés on peut avoir des pertes sans pouvoir le constater. Avec ce que nous avons proposé, les produits seront stockés correctement, il y’a des numéros qu’il faut mettre sur chaque produit etc. », a précisé Cléo Mashini.
Après analyses et discussions, les procédures opérationnelles standards pour la gestion de l’ivoire et d’autres produits de faune en République Démocratique du Congo ont été validées moyennant des amendements par les participants. Ces experts devront encore se retrouver ce mardi, pour finaliser ce document et passer à la seconde phase qui consiste à le multiplier pour être remis officiellement à l’ICCN et transmis dans tous les sites où sont stockés les articles.
Rappelons que ce projet a été développé par la Fondation de l’Initiative pour la Protection des Eléphants (EPIF), une alliance panafricaine de 24 pays membres qui travaille avec les gouvernements pour les aider à atteindre des normes d’excellence en matière de gestion de leurs stocks d’ivoire et d’autres produits de la faune et de la flore sauvages. Pour appuyer ICCN, EPIF travaille avec des partenaires nationaux que sont JURISTRALE et Forgotten Parks Foundation (FPF).
Alfredo Prince NTUMBA