Le café a été découvert pour la première fois en Afrique vers 1859. Le café Arabica l’a été dans les forêts d’altitude d’Ethiopie, tandis que le café Robusta dans le bassin du Congo, plus précisément à Lusambo dans la Province du Sankuru, en République démocratique du Congo. Cela avant qu’il ne soit ramené en exposition à Paris et Bruxelles, pour se retrouver sur les îles Java et le Brésil. Ce qui fait du café un don de l’Afrique pour le monde. Pour permettre au kinois de se faire une idée sur cette découverte totalement africaine, une exposition se tient actuellement au Centre Texaf Bilembo sur le Café.
L’exposition démarrée depuis le 05 octobre 2023 a permis aux visiteurs de découvrir le café, ses variétés, ses origines, ses arômes et sa dextérité. Cette initiative est du Jardin botanique de Meise en Belgique, qui s’emploie à mettre en valeur cette plante 100% africaine.
« C’est une plante qui a de plus en plus d’intérêts dans le monde. C’est une plante très économique, et on cherche à relancer la filière café en RDC. On a décidé de cette exposition sur le café pour en parler à la jeunesse, et au public kinois », a indiqué Francesca Lanata, coordinatrice du projet en Afrique.
Au-delà de ses aspects économiques directs, la culture du café contribue également à la protection des forêts tropicales de la République démocratique du Congo. En tant que culture pérenne, pratiquée en agroforesterie, le café favorise la sédentarisation des communautés, ce qui réduit leur pression sur les forêts.
Avec l’aide du Jardin Botanique de Meise, et du CIFOR, des études approfondies sont menées en RDC pour mieux comprendre toute la dynamique autour du café, afin de contribuer à la relance de cette filière dans le paysage Yangambi, avec les financements de l’Union européenne. Des espèces nouvelles sont découvertes et analysées.
« On a énormément de caféiers sauvages qui poussent dans le sous-bois. On en a déjà découvert plus de 11 espèces nouvelles, et d’autres sont à découvrir. Elles pourront être très intéressantes pour l’amélioration de la production du café », a renchéri Francesca. « Il faut au moins trois à quatre ans pour arriver à la première production du café. On va essayer la filière banane-café, ce qui va permettre aux paysans de se faire de l’argent avec les bananes en attendant le café ».
Dans le Nord-Kivu, la filière café se porte très bien. Grâce aux organisations paysannes, la marchandise est vendue à un prix raisonnable et profite aux producteurs. Les échos de l’Est du pays sont arrivés aux oreilles des communautés agricoles de la Province de la Tshopo. Elles éprouvent également le besoin de développer cette filière porteuse d’espoir.
« Les agriculteurs nous demandent du café et du cacao. Les gens commencent à penser qu’il ne faut pas seulement faire du manioc, et du maïs. Autour de Yangambi, il y a beaucoup d’associations villageoises qui nous en ont demandé. D’ici la fin de cette année, nous allons monter deux grandes pépinières d’environ 100 mille plants pour commencer une expérience de la filière », a-t-elle révélé.
Café, une découverte pour les élèves kinois
Au cours de cette exposition, plusieurs écoliers se sont réellement fait une idée sur le café. Cela a permis à ces jeunes visiteurs de tout comprendre sur le café, de la plante à la graine, et de la graine à sa transformation en poudre.
« La plupart d’enfants connaissent le café, ou entendent parler du café. Mais ils ne savent pas à quoi il ressemble en réalité. Quand on leur montre la plante, ils ne savent pas que c’est un arbre. De même, ils ne savaient pas que les petites graines du café venaient de cet arbre-là. Quand on leur dit que le café robusta vient de l’Afrique et surtout de la RDC, ils s’en approprient », a indiqué Ronsia Basola, guide à l’Espace Texaf Bilembo.
A en croire les guides touristiques, après la visite de l’exposition café, les écoliers et les autres visiteurs qui sont passés par le Centre ont vraiment eu un autre regard sur la RDC. Car, le pays n’a pas que des animaux emblématiques, mais aussi des plantes emblématiques comme le café.
Alfredo Prince NTUMBA