L’USAID a lancé le Projet Tulinde Haki na Mazingira Yetu « Protégeons nos droits et notre environnement ». Ce projet de quatre ans vise à promouvoir les droits culturels, environnementaux, politiques et socio-économiques des peuples autochtones par le biais d’une gestion participative des zones protégées afin de créer une meilleure cohésion sociale et une plus grande autonomie des peuples autochtones et communautés locales vivant dans et autour des 3 aires protégées de la RDC. La cérémonie du lancement a eu lieu à Kinshasa, le vendredi 22 septembre.
« Nous avons fort à faire, non seulement pour mener à bien cette activité, mais aussi pour faire en sorte que celle-ci ne soit pas une simple somme d’actions menées sur quatre années. Mais, bien une contribution solide et durable au renforcement de la promotion des droits des peuples autochtones et des communautés locales en République démocratique du Congo », a déclaré Jean-Paul Kibambe, directeur national de WCS (Wildlife Conservation Society).
Le projet Tulinde Haki na Mazingira va axer ses actions notamment sur la sensibilisation aux droits de propriété intellectuelle et la promotion du patrimoine culturel de la propriété intellectuelle. Le renforcement des capacités des organisations des peuples autochtones à se prendre en charge. Et, le renforcement de la participation des femmes, des hommes et des jeunes aux processus de gouvernance et l’accès à la justice pour les peuples autochtones.
Selon le directeur pays de WCS, un travail de fond sera fait pour adresser l’épineuse question de la sécurisation foncière des peuples autochtones victimes des expropriations dans certaines aires protégées couvertes par ce projet.
« L’aspect foncier en lien avec les communautés locales et peuples autochtones pygmées est un réel défi. Dans le cadre non seulement de ce projet, mais d’autres projets en cours, on va beaucoup insister sur la sécurisation foncière pour les populations spoliées de leurs terres, afin qu’ils rentrent dans leurs droits. Non seulement par une recherche active des terres qui peuvent leur être octroyées, mais surtout la sécurisation des titres fonciers au nom des communautés, […] », a-t-il informé.
Les activités préliminaires de ce projet ont commencé sur le terrain en janvier 2023, autour de trois zones protégées à savoir, la Réserve de Faune de Kabobo, le Parc national de Kahuzi-Biega et la Réserve de Faune à Okapi qui sont les trois sites couverts. A travers cette activité, l’USAID s’engage à promouvoir les droits des peuples autochtones en République démocratique du Congo à travers une nouvelle approche qui s’aligne sur l’engagement pris par le gouvernement américain lors de la COP26.
« Malgré les difficultés rencontrées sur le terrain, nous observons déjà un engagement plus fort avec les organisations des peuples autochtones et les entités gouvernementales. Le travail effectué jusqu’à présent par les partenaires du consortium du projet a contribué à la diffusion de la loi n°22/030 du 15 juillet 2022 sur la protection et la promotion des droits des peuples autochtones pygmées », a renseigné Lucy Tamlyn, ambassadeur des Etats-Unis en RDC.
A l’en croire, les jeunes et les femmes autochtones en particulier ont eu la chance de discuter de leur rôle dans sa mise en œuvre, aux côtés des autorités locales et provinciales, comme moyen d’autonomisation et d’autodétermination.
Ce projet porté par WCS, sera exécuté en consortium avec une vingtaine de partenaires locaux, et quelques organisations internationales dont International Alert, Catholic Relief Services et Welthungerhilfe.
Pour Kedy Busulu, coordonnateur du REPALEF (Réseau des Populations Autochtones et Locales pour la Gestion Durable des Ecosystèmes Forestiers de la RDC), ce projet est une réponse aux multiples problèmes auxquels les peuples autochtones sont confrontés, notamment la discrimination, la marginalisation, l’inégalité d’accès aux droits de l’Homme.
« Avant, la conservation ne tenait pas compte des droits des communautés. L’absence des mécanismes de protection des peuples autochtones faisait que ce genre de projet ne pouvait pas avoir du succès sur le terrain. Comme la loi sur les peuples autochtones est venue, toutes les barrières socio-économiques enregistrées vont tomber », s’est-il réjouit.
Notons par ailleurs que ce projet est cofinancé par une subvention du Bezos Earth Fund à WCS en 2022, dans le cadre de l’engagement de 100 millions de dollars pris lors de la COP 26 à Glasgow et de l’engagement pour les forêts du bassin du Congo. Dans sa phase d’exécution, le projet prévoit aussi l’appui à la scolarisation des enfants des peuples autochtones vivant dans et autour de ces trois aires protégées. Chaque année, 600 élèves en raison de 200 par site recevront des bourses d’études.
Alfredo Prince NTUMBA