La Coalition foncière nationale (CFN-RDC) et la plateforme YILAA (Youth initiative for Land in Africa) ont sensibilisé des jeunes de quatre provinces de la République démocratique du Congo sur les questions foncières. Cette réunion hybride organisée le jeudi 24 août, avait pour objectifs entre autres de susciter de l’intérêt et l’engagement des jeunes sur les questions liées à la terre, et partager l’expérience avec les jeunes ruraux sur les bonnes pratiques de restauration des forêts.
Au cours de cette réunion, les participants ont exploré les obstacles qui se dressent devant les jeunes, les empêchant ainsi d’accéder aux terres pour leur développement intégral. Surtout pour les jeunes qui évoluent dans l’agriculture dont les ambitions sont souvent confrontées au manque d’espaces ou à des prix exorbitant de location des terres pour le développement des activités agropastorales.
Ils ont par ailleurs identifié les cibles de leurs plaidoyers visant à obtenir l’accès aux terres. Il s’agit notamment de l’Etat congolais, les concessionnaires fermiers, l’Eglise catholique qui tous disposent des grandes étendues des terres à travers la République. A eux vient s’ajouter également l’administration foncière sensée appliquer la loi en révision.
« L’avenir c’est nous. Mais, cet avenir nous allons l’assurer avec quoi s’il n’y a pas des terres ? », s’est interrogé Ornella Aosa, présidente du Conseil communal des jeunes de Kasa-vubu. « Étant jeune, c’est le moment de s’approprier ce sujet afin de participer à un développement durable de notre pays ».
Les jeunes reconnaissent tout de même leur faible implication dans les questions foncières. Cela est dû notamment au manque d’intérêt et à la sous-information. « Nous étions en train de mener des plaidoyers, mais il n’y avait pas gain de cause. Parce que les jeunes n’étaient pas considérés par la loi de 1973. On continue à mener le plaidoyer, car nous ne pouvons pas nous contenter de ce que nous sommes aujourd’hui en termes de capacités », a déclaré Parfait Tomatoma, jeune militant.
La jeunesse congolaise reste debout pour que la loi foncière en cours de modification reflète réellement ses attentes. « Cette nouvelle loi offre des opportunités aux jeunes. C’est l’une des voies qui pourraient conduire au développement durable de notre pays, dans la mesure où investir dans la terre est nécessaire pour les jeunes », a indiqué Suzanne Akungu, étudiante à l’ISP/Gombe.
Pour les organisateurs, il était important de s’assurer que les jeunes sont informés de cette question, surtout au moment où la République démocratique du Congo attend la validation et l’adoption au parlement, de la nouvelle loi foncière.
« Une loi foncière est un processus qui peut apparaître dans 50 ou 70 ans. Aujourd’hui, la jeunesse a beaucoup de préoccupations qui ne sont pas prises en compte peut–être parce qu’on les considère trop jeunes, pas assez informés, pas assez matures etc. Il était important de rencontrer la jeunesse, et de savoir lesquels sont engagés, lesquels hésitent à s’engager et pourquoi », a informé Angélique Mbelu, facilitatrice de la Coalition foncière nationale.
Pour le secrétaire général à la Jeunesse, un travail d’identification des espaces attribués à la jeunesse devra être fait dans un plus bref délais. A Kinshasa par exemple, certains espaces dédiés aux jeunes ont été spoliés soit pour y ériger des maisons d’habitation, des stations-services, ou d’autres occupations. Il a par ailleurs promis de s’impliquer pour que ces espaces soient récupérés et d’autres soient créés en faveur de la jeunesse congolaise.
« Je voudrais vous encourager à rester dans cette union et cette communion de travail. C’est ensemble qu’on pourra atteindre les objectifs et réaliser des grands projets », a exhorté le coordonnateur international de YILAA, Innocent Antoine Houendji.
Notons par ailleurs que cette réunion hybride a connu la participation des jeunes de la province du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Kongo centrale et la ville de Kinshasa. Elle est l’une des activités prévues par la Coalition foncière nationale pour impliquer les jeunes dans les questions foncières. La CFN-RDC s’aligne à concrétiser la vision de l’ILC dans son plan opérationnel 2023-2030, qui prône une gouvernance foncière centrée sur la personne.
Alfredo Prince NTUMBA