Agriculture : Crise alimentaire chronique en RDC, l’ODEP propose des solutions au gouvernement

« Avec peu de volonté politique, il est possible de financer le secteur agricole congolais et donner des solutions durables à la crise alimentaire chronique ». C’est en ces termes que se résume la communication de l’ODEP (Observatoire de la Dépense publique). Dans une déclaration faite ce samedi 20 mai, à Kinshasa, cette organisation dénonce le manque de vision et l’incohérence des initiatives du gouvernement sur l’épineuse question de la crise alimentaire chronique qui frappe la République démocratique du Congo, depuis plus de 150 ans.

« Notre économie est très vulnérable. Il suffit qu’il y ait la détérioration de termes de l’échange, et la baisse de cours des produits primaires exportés pour que nous soyons complètement bloqués. Les USA, la Chine et autres grandes nations ne sont pas seulement des puissances nucléaires, mais ils sont aussi des puissances agricoles. Avec peu de volonté politique on peut financer le secteur agricole de notre pays », a informé le président du conseil d’administration de l’ODEP, Florimond Muteba Tshitenge.

Le diagnostic du secteur agricole dressé par l’ODEP relève des goulots d’étranglement qui minent tous les efforts du développement agricole du pays. Il s’agit surtout de l’extraversion de l’économie congolaise. A cela s’ajoute également, le bas niveau de rendements moyens des principales cultures vivrières. La bureaucratie au détriment de la technique, l’absence d’une politique cohérente, la multiplication de la fiscalité, et le manque de financements des recherches.

Techniquement, le manque d’outils et de moyens de préparation des sols, la difficulté de commercialisation et de stockage, l’absence d’investissements, l’abandon des plantations, l’absence de cadres intermédiaires formés aux techniques modernes, la non-organisation de la profession etc. sont autant de barrières qui depuis toujours n’ont jamais été rencontrées par les différents gouvernement qui se sont succédés depuis l’indépendance.

« Nous ne comprenons pas nous autres que l’économie se fait chez soi. Nous avons 100 millions d’habitants, nous devons être un marché pour nous même d’abord.  Cela veut dire que l’agriculteur doit avoir de revenus. Mais ce n’est pas avec 1⁄2 ou 1 hectare non accompagné ou non assisté qu’il y arrivera », a insinué Florimond Mutemba.

Dans une étude intitulée « le secteur agricole principale source de croissance inclusive et de sécurité alimentaire », réalisée en 2018 et présentée à la presse ce samedi, l’ODEP apporte sa contribution en proposant des directives claires sur la nouvelle politique agricole de la RDC.

Cette organisation de la société civile recommande aux autorités du pays de réallouer une fraction importante du surplus économique en direction du monde rural. Privilégier l’agriculture vivrière locale et par conséquent, assurer une protection sélective des filières de production locales contre les importations et l’aide alimentaire permanente.

Appuyer les structures d’encadrement des paysans, et la mise en avant d’une autre logique technologique qui respecte les équilibres de production. « Le développement endogène que nous prônons, doit se tourner d’abord vers les campagnes et aux populations pauvres qui y vivent. Nous produisons trop au niveau de la valeur ajoutée. Quelle est la part de cette valeur ajoutée que nous envoyons en milieu rural ? L’aide alimentaire vient perturber l’économie locale. Au lieu d’aller quémander aux zambiens, on peut produire le maïs chez nous, et empêcher le maïs zambien de venir », a déclaré le coordonnateur de l’ODEP.

Selon cette étude chaque année, il faut en moyenne 257.302.500 dollars pour redynamiser et financer les stations des recherches dans les 145 territoires du pays. 33.468.000 dollars américains pour relancer l’encadrement des paysans. « Avec l’encadrement de 15.000.000 des ménages agricoles, si 50% d’entre eux font 1 ha de maïs par an, avec un rendement d’au moins 1 tonne par ha, la production nationale du maïs sera de 7.500.000 tonnes », révèle cette étude.

La réhabilitation du secteur agricole et rural devra rester une des grandes priorités du pays. Malheureusement, ce secteur a toujours été négligé. La crise de maïs dans le Grand Katanga et Grand Kasaï devrait interpeller les décideurs afin de changer la trajectoire.

Jusqu’à la fin de l’année 2022, le budget du secteur agricole n’a jamais dépassé 3% de prévision budgétaire. L’exécution du budget national du secteur agricole a toujours été d’environ 50 millions de dollars, soit -1 % d’investissement révèle l’étude de l’ODEP. Ce montant est souvent affecté au fonctionnement des institutions qu’à l’investissement du secteur.

« Pensons à 58 millions de dollars perdus avec le programme de 100 jours, 138 millions du projet Tshilejelu, 17 milliards dans l’accord sino-congolais, 800 millions détournés dans la paie des fonctionnaires, 700 millions d’exonération au géant minier Glencore. Pensons aussi à tous les dépassements budgétaires de certaines institutions dont les crédits votés dans la loi des finances passent en fin d’exercice de 159 millions à 350 millions, soit 7 années de budget exécuté du secteur agricole », a lancé Monsieur Muteba Tshitenge.

Alfredo Prince NTUMBA

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