Conservation : Après Kinshasa, AWF forme des agents commis au port de Matadi sur la criminalité faunique

La criminalité faunique est l’un des fléaux majeurs qui menacent au plus haut point la méga biodiversité de la République démocratique du Congo. Pour y faire face, African Wildlife Foundation (AWF), dans sa mission de lutte contre ce fléau, s’est assignée l’objectif de renforcer les capacités des agents affectés dans les grands aéroports et ports du pays, considérés comme des plaques tournantes de contrebandes. A Kinshasa, les agents des différents services évoluant à l’aéroport international de N’djili notamment, la RVA (Régie des Voies aériennes), l’OCC (Office congolais de Contrôle), la DGDA (Direction générale de Douanes et Accises) et la DGM (Direction générale de Migration) ont été outillés pour lutter contre la criminalité faunique aux frontières. C’est dans ce cadre qu’une vingtaine d’agents des services du port de Matadi sont en cours de formation, du lundi 03 au vendredi 07 avril, dans le chef-lieu de la province du Kongo Central.

La protection des forêts en général et celle de la faune sauvage en particulier, est une affaire de tous. Raison pour laquelle, AWF ne cesse d’innover pour mener à bien ses actions. Cette organisation qui œuvre notamment dans la lutte contre la criminalité faunique, a créé une dynamique de collaboration étroite avec les communautés locales appelée « Mécanisme de gestion de plaintes entre AWF, l’ICCN et les communautés locales ». C’est une plateforme qui a pour objectif de recueillir les cas d’abus commis par les agents de l’ordre auprès des communautés locales, dans le cadre des arrestations des présumés criminels fauniques. Ceci, pour opérer dans le strict respect des droits humains. 

Comment y parvenir ?

La prise en considération des droits humains est l’une des tâches complexes dans un pays où règnent l’impunité et la corruption. Néanmoins, AWF ne cesse d’affûter des armes pour créer des nouvelles stratégies en vue d’aboutir aux résultats escomptés. Selon le Représentant pays de cet organisme international, l’objectif de cette mission est étroitement lié aux objectifs de l’AWF pour la période 2020-2030.

« Le 3ème objectif de AWF est de lutter contre la criminalité faunique. Toutefois, nous devons travailler ensemble pour que la criminalité faunique qui s’opère très souvent par les points de sortie identifiés à savoir N’djili et Matadi, avec soit, la collaboration des agents soit par leur inattention prenne fin », a expliqué Antoine Tabou.

Le directeur pays de AWF a émis le souhait de voir naître une Task force des agents et cadres des tous les services aux frontières afin de renforcer la collaboration pour de meilleurs résultats.

« Un agent de la DGM peut tomber sur un trafiquant mais, s’il n’informe pas son collègue de la DGDA ou celui de la SCTP, il sera difficile d’aboutir aux meilleurs résultats », a-t-il fait remarquer.

Parler des droits de l’homme, alors qu’il s’agit de faire respecter la loi ?

En matière pénale, un criminel garde la présomption d’innocence jusqu’à ce que les faits reprochés soient avérés. C’est dans cette optique que AWF, dans le souci de faire respecter la loi, milite également pour le respect des droits humains.

Cette longue série de formations lancée depuis le mois de décembre de l’année dernière a pour objectifs, d’outiller les agents des services de l’ordre des ports et aéroports de Kinshasa et Matadi en leur dotant des connaissances nécessaires sur les différents instruments qui réglementent le secteur de la conservation, et du commerce des espèces de faune et de flore de la République démocratique du Congo, afin de lutter efficacement contre leur trafic illicite.

La République démocratique est souvent considérée comme le point de transit des différents trophées et autres marchandises de la contrebande vers les pays asiatiques, notamment la Chine, la Malaisie, et d’autres pays d’Asie du sud-ouest. Parmi les marchandises les plus saisies par les douanes figurent les écailles de pangolin, les ivoires d’éléphant et les dents des hippopotames.

Les contrebandiers utilisent des techniques parfois sophistiquées pour faire passer leur marchandise. Ainsi, au cours de ces formations organisées à l’intention des agents qui travaillent aux frontières, ces techniques sont dévoilées afin de leur permettre de mieux faire leur travail.

« Je travaille au scanner depuis plusieurs années. Mais, grâce à ces formations, j’ai découvert beaucoup de choses que je ne connaissais pas. Ça va m’aider à renforcer le contrôle à mon poste de travail », a affirmé une agente de la DGM.  

Cette activité de renforcement des capacités organisée par l’AWF a un double volet. Il s’agit premièrement de sensibiliser et éveiller la conscience de ces personnes et deuxièmement, renforcer leurs capacités.

« Pour ça, nous leur avons d’abord aidé à identifier les espèces CITES. Ensuite, ils ont eu un aperçu général sur la criminalité faunique, les procédures de la CITES, les techniques utilisées par les trafiquants pour dissimuler ces espèces et leur mode opératoire, et enfin, comme ces agents sont appelés à appliquer la loi, ils ont été outillés sur la prise en compte des respects des droits humains », a indiqué le Coordonnateur de ce projet, Me Joe Kasongo.

Notons qu’à ce jour, 80 agents ont été formés dans les villes de Kinshasa et Matadi, sur un Target fixé par AWF de former 100 agents. Pour rappel, ces formations sont financées par le bureau américain des Affaires internationales de stupéfiants et d’application de la loi (INL).

Sarah MANGAZA

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