Environnement : Eve Bazaiba, c’est fini ! Elle doit dégager (Société civile)

Plus rien ne va entre la coalition des organisations de la société civile environnementale réunies au sein du Groupe de travail Climat Redd Rénové (GTCRR), et la vice-premier ministre, ministre de l’Environnement, Eve Bazaiba Masudi. Pour ces acteurs, Eve Bazaiba doit être virée du gouvernement de la République démocratique du Congo à cause notamment des tripatouillages, conflits d’intérêt et manque de réalisme et cohérence dans sa manière de gérer ce ministère. Le climat malsain qu’elle a entretenu depuis son arrivée à la tête de ce ministère a fini même par affaiblir l’administration forestière. Au cours d’une conférence de presse organisée à Kinshasa, le lundi 13 mars 2023, les acteurs de la société civile ont exigé le changement du leadership à la tête de ce ministère.

Plusieurs griefs sont à charge de la vice-premier ministre. La société civile l’accuse d’avoir réduit l’espace démocratique et la transparence dans la gouvernance du secteur de l’environnement. Une façon d’imposer son diktat et sa loi au détriment de l’administration de ce ministère. En prenant des décisions iniques qui pourront engager les générations futures

Le ministère se meurt

C’est un ministère qui se meurt déplore plusieurs acteurs de la société civile. Eve Bazaiba a tout fait pour transformer ce ministère en une vraie entité politique, dans laquelle seule la patronne a un mot à dire. Aujourd’hui tout est au point mort. Malgré ses déclarations intempestives et politiciennes dans les réseaux sociaux, sur le terrain rien ne marche.

« Observez bien, toutes les réformes marchent bien dans les autres ministères, notamment Aménagement du territoire, Affaires foncières, Agriculture et autres. Sauf, au ministère de l’environnement. Les bailleurs de fonds ne font plus confiance en sa gestion », ont-ils révélé.

Si les diplomates réunis au sein du GIBEC (Groupe inter bailleurs pour l’environnement et le Climat) les jouent à leur manière, car soumis à des principes diplomatiques, la société civile elle, n’est pas allée par le dos de la cuillère pour pointer du doigt le conflit d’intérêt créé par la warrior qui veut à tout prix avoir une mainmise sur les fonds mis à la disposition du PGDF (Programme de Gestion durable des forêts), par l’Agence française de développement (AFD).

« Nous attirons l’attention du président de la République et du premier ministre, pour voir combien certains ministres viennent à la tête de ce ministère pour se servir eux-mêmes et non servir la nation. Le PGDF n’a pas fonctionné depuis 5 ans passés du fait que ce soient les personnes attitrées pour appliquer les lois qui les violent. La VPM qui arrive, a voulu avoir un contrôle y compris sur les décaissements de fonds de ce programme. Et pourtant, selon ce programme, le ministère se limite dans une fonction d’impulsion et de coordination de sa bonne exécution.  Mais, là elle va se mêler à travers son directeur de cabinet jusqu’à signer les chèques pour la sortie d’argent pour un programme porté par l’AFD. C’est un conflit d’intérêt. Elle ne peut pas être là en train d’intervenir dans la gestion comptable », s’est indigné Augustin Mpoyi, conseiller technique chez CODELT.

A en croire ces acteurs de la société civile, ceci n’est qu’une illustration de ce qui caractérise la gestion du ministère par Eve Bazaiba. Une gestion catastrophique qui a réduit à néant l’administration forestière. Point de vue partagé par le secteur privé, confirmé par certains cadres de ce ministère contactés par notre rédaction.

« Elle est insupportable », déplore un cadre de l’administration de ce ministère. « Tout ce qu’elle veut c’est placer ses personnes de main comme il l’a fait à la COMIFAC-RDC, pour avoir facilement accès à l’argent. C’est vraiment triste ».

Pour Guy Kajemba, il est temps que Eve Bazaiba dégage et laisse ce ministère évoluer autrement. Sa gestion dépossède l’administration de ses éminents experts. « C’est l’un des ministères qui ont de grands négociateurs. Aujourd’hui, Hans Ndjama n’est plus là, Aimé Mbuyi, non plus, Tosi Mpanu Mpanu etc. On arrive à Sharm el Sheikh avec des personnes qui ne savent rien des négociations climatiques, parce qu’on a viré des experts. Aujourd’hui l’administration a des problèmes pour travailler, ils ont peur de parler car ils ne veulent pas être virés… », s’est-il indigné.  

En attendant, tout porte à croire que la société civile n’attend pas de s’arrêter à mi-chemin. Les acteurs ne jurent plus que sur la tête de Bazaiba, qu’ils considèrent désormais comme le blocage de leur lutte menée depuis une dizaine d’années en faveur de la bonne gouvernance du secteur de l’environnement.

« Nous avons saisi la présidence et la primature. Nous avons déposé notre note de position. Nous allons continuer notre plaidoyer jusqu’à ce qu’on obtienne les résultats escomptés », a conclu Augustin Mpoyi.

Alfredo Prince NTUMBA

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