Le rapport présenté a porté sur les résultats de l’analyse de 82 titres forestiers dont 56 de productions permanentes et 26 de conservations. Il procure à notre pays une vue d’ensemble sur le nombre et la géolocalisation des contrats de concessions forestières octroyées à ce jour, et fixe l’opinion sur les questions de légalité de chacun, au regard des textes en vigueur. Cependant, ce rapport ne met pas tout le monde d’accord. Il reste controversé selon certains analystes, qui pensent que de bout en bout le travail réalisé a violé les règles établis dans l’administration publique.
« Le constat que l’on peut en faire tient au fait que non seulement la société civile et le secteur privé n’ont pas été associés à ces travaux, mais surtout que les conclusions soumises au conseil des ministres n’ont pas non plus été présentées au public pour lui permettre de les évaluer et de se faire entendre. La loi sur les services publics l’interdit formellement », s’est exprimé un expert.
Pour Eve Bazaiba, la décision de revisiter tous les contrats de concessions forestières fait partie des dix mesures urgentes adoptées à la 11ème réunion du Conseil des Ministres, tenue le 09 juillet 2021, qui avaient pour finalité l’amélioration la gestion durable de nos ressources forestières, au regard des enjeux et défis écologiques de l’heure dont le changement climatique.
Le travail de cette Commission devra permettre au pays de récupérer environ 55.381,62 km2 de forêts, après résiliation des contrats de concession jugés irréguliers. Selon différents scénarii de prix de la tonne de carbone forestier, la valeur à récupérer, dans l’hypothèse où ces espaces venaient à être mis sous programmes de conservation, varie entre 276,9 millions USD et 941,4 millions USD.
D’aucuns s’interrogent sur le sérieux de ces chiffres d’autant plus que les forêts congolaises restent sour moratoire. Comment le gouvernement devrait-il s’y prendre pour mobiliser ces fonds dès lors que les efforts sur la gouvernance de l’existant reste très mitigé, s’interroge un autre expert.
À en croire la VPM Ève Bazaiba, « au-delà de ces espaces à récupérer, 52.304,66 km2 de concessions de conservation ont été répertoriés. Ils feront l’objet de l’encadrement du Gouvernement pour la génération et la vente de crédits carbones. Cette superficie a le potentiel de générer, selon différents scénarios, entre 261,5 millions USD et 889,1 millions USD ».
Signalons que, la question du moratoire en cours sur l’octroi des concessions forestières de productions permanentes ou celle de l’octroi de concessions de conservation aux demandeurs du secteur privé et des communautés locales dans le but d’accroître la capacité du pays à capter les fonds internationaux de crédits carbones ont aussi fait l’objet du travail de la Commission.
Le Conseil a pris acte de ce Rapport moyennant quelques recommandations pour la suite du processus assortie d’un chronogramme et d’actions précises, d’une part ; et la nécessité de l’évaluation complète de l’impact du moratoire depuis le décret de 2005 avant toute décision, d’autre part.
Ce rapport a été présenté au conseil des ministres du vendredi 3 mars 2023.
MULOPWE KALONJI Roméo
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