L’institut congolais pour la conservation de la Nature a été doté par voie d’ordonnance présidentiel, d’un comité de gestion. Les mandataires ont été installés. Mais, en à peine quatre mois environ, il se dessine un conflit d’intérêt entre les nommés. La note circulaire signée par le PCA, Bernard Mikobi Mikobi, en date du 26 janvier, en dit trop.
Tenez, en cette date, pendant que le directeur général de l’ICCN, Yves Milan Ngangay était en tournée dans le Parc national de la Garamba, le président du Conseil d’administration de cet établissement public a pris unilatéralement la décision d’enjoindre à celui qui veut l’entendre que, « toute convention, tout accord et tout contrat entre l’ICCN et partenaire, ou personne privée, doit au préalable être discuté au conseil d’administration, signé par le Président du Conseil d’Administration et contresigné par le directeur général », indique le communiqué.
Selon plusieurs observateurs, cette leçon administrative mal assimilée par le PCA jette simplement le pavé dans la marre. Non seulement la décision viole la loi sur libre administration, elle fait le lit d’un conflit d’intérêt qui se dessine au sein de cette institution.
Et pourtant, le décret n° 10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts d’un établissement public dénommé Institut Congolais pour la Conservation de la Nature en sigle « I.C.C.N. », précise que le Conseil d’administration est l’organe de conception, d’orientation, de contrôle et de décision de l’Institut. Il définit la politique générale de l’Institut, en détermine le programme, arrête le budget et approuve les états financiers de fin d’exercice. Il fixe l’organigramme de l’Institut et le soumet pour approbation au Ministre de tutelle. Il fixe, sur proposition de la Direction générale, le cadre organique et le statut du personnel et le soumet pour approbation au Ministre de tutelle.
« Quand le PCA veut que l’on lui réserve copie de tous les rapports de gestion de site, ce qu’il veut usurper le pouvoir du DG. Il veut donc gérer au quotidien l’entreprise. Nulle part dans la réglementation en vigueur dans l’administration publique un PCA peut signer un document et exiger que le DG la contresigne. C’est inconcevable », a déploré un expert de l’ICCN.
Des sources contactées à l’interne confirment par ailleurs que le PCA serait instrumentalisé pour couvrir la gestion calamiteuse de cette institution. « Le DG a initié un audit de l’organe de CITES, mais à notre grande surprise les agents envoyés pour faire cette mission ont été chassés comme des chiens par le PCA », renseigne notre source.
Et d’ajouter, « le PCA a même refusé qu’il y ait remise et reprise entre le DAF suspendu par le DG et le nouveau DAF nommé. Et pourtant la décision de sa suspension a été prise lors d’une réunion du Conseil d’Administration à laquelle le PCA a participé ».
La situation à l’ICCN mérite une attention particulière, insistent nos sources. La décision prise par le PCA cache déjà beaucoup des choses qui doivent être élucidées afin que cet établissement public ne puisse sombrer à nouveau dans un désordre marqué par la bipolarité.
Alfredo Prince NTUMBA