L’avenue Masimanimba, est située dans la commune de Kasa-Vubu, l’une des vingt-quatre que compte la ville province de Kinshasa. Depuis un moment, cette avenue a été transformée en marché pirate, au vu et au su de tous. Des vendeurs de manioc, oignons, avocats, et autres articles au prix de gros imposent leur loi dans cette partie de la capitale congolaise. Chose étonnante, il existe un sous commissariat de la Police Nationale Congolaise (PNC) sur cette avenue.

Située entre les grandes artères Ethiopie et Gambela, l’avenue Masimanimba reçoit des camions poids lourds dès le matin, très tôt, transportant des marchandises en provenance du Kongo central. Ces marchandises sont ensuite distribuées et vendues sur place.

Cette activité bloque la circulation tant des piétons que des véhicules.  » En tout cas, il y a des jours où je me demande si m’acheter une parcelle sur cette avenue était la pire erreur de ma vie. Nous vivons dans un marché carrément.« ,  s’est exprimé un retraité de l’une des grandes entreprises de l’Etat, habitant de cette partie de la ville.

Pourtant, les marchés existants dans la ville portent un nom et ont une structure administrative bien assise. Quelle est la structure de ce marché créé sur l’avenue Masimanimba ? Qui en est l’auteur ? Est-il officiel ? Qui en tire profit ? Autant de questions en suspens.

« Sais-tu au moins combien nous dépensons à la maison communale pour exercer cette activité ici ? Ne sais-tu pas que le Bourgmestre gagne un peu d’argent que nous produisons ici ? Comment oses-tu me demander de déplacer la marchandise pour que ton véhicule passe ? », a déclaré violemment un commerçant dudit marché lorsqu’une habitante réclamait un passage pour son véhicule, dans la matinée du jeudi 29 décembre 2023.

Pourtant, des nouveaux Bourgmestres et leurs adjoints ont été mis en place au mois de novembre dernier, dans les 24 communes de la ville province de Kinshasa. A en croire plusieurs sources, ce marché existe depuis des années et il serait à la base du désordre qui règne dans cette partie de la commune de Kasa-Vubu, notamment la difficulté du passage des véhicules sur cette route d’intérêt commun.

Pourtant, de par sa grandeur, l’avenue Masimanimba pourrait constituer un atout majeur pour la réduction des embouteillages dans la capitale congolaise. L’emprunteur peut faire déboucher sur les avenues Ethiopie, Gambela, Kasa-Vubu et par conséquent, plus rapidement sur le boulevard triomphal, à la hauteur du Stade des Martyrs.

Les autorités y perçoivent-elles des taxes pour garder le silence ?

Une fois les marchandises arrivées, elles sont vendues à même le sol, avec toutes les conséquences qui peuvent en découler sur le plan sanitaire. Même les alentours du Sous commissariat de la Police est exploité. Pourtant, c’est la PNC qui a la charge de démolir les marchés pirates de la ville. Une opération menée avec vigueur au début de cette année. Pourquoi le marché de Masimanimba existe-t-il sous son nez ? Une question à la quête des réponses.

Le Bourgmestre de la commune de Kasa-Vubu n’est-il pas au courant de cette activité dans sa juridiction ? Cette commune n’a-t-elle pas les chefs des rues et des quartiers ? Au cas où ils existent, à quoi servent-ils exactement ? Quant à l’autorité urbaine, ne devrait-elle pas être informée d’une existence ou d’une création d’un marché dans toutes les communes ? L’activité des véhicules poids lourds ne signifie-t-elle pas la perception des taxes ? Dossier à suivre…

Sarah MANGAZA