La République démocratique du Congo a organisé un side event, pour présenter sa vision et les avancées déjà enregistrées dans l’atteinte de la cible 3 du Cadre de la biodiversité post 2020. Cette cible fait l’objet de discussions au cours de la 15ème conférence des parties sur la biodiversité à Montréal. La cible consiste à conserver 30% des territoires terrestres et maritimes d’ici à 2030. Cette séance de travail a été organisée ce mardi 13 décembre, à Montréal.
« Cette vision consiste à prendre en compte les autres initiatives de conservation. Il ne s’agit pas d’ériger des nouveaux parcs, mais plutôt de tenir comptes des initiatives des peuples autochtones, des communautés locales, la foresterie communautaire, et les concessions de conservation, pour arriver à le comptabiliser dans le système national », a déclaré Daniel Mukubi Kikuni, expert biodiversité à la Direction du développement durable /MEDD.
Pays de la méga biodiversité, la République démocratique du Congo compte à ce jour, plusieurs initiatives à capitaliser dans la conservation. Des initiatives communautaires mises en place à ce jour présentent des perspectives capables de contribuer efficacement et durablement à la protection de la diversité biologique et la promotion du développement durable.
« La RDC est une force, et une puissance en termes de biodiversité. Nous avons voulu démontrer la détermination de la République démocratique du Congo à contribuer efficacement au développement durable à travers notre biodiversité », a indiqué Héritier Mpiana, directeur de Cabinet de la vice-premier ministre, ministre de l’Environnement et Développement durable.
Les expériences issues des aires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC), démontrent l’importance de cette conservation communautaire, basée souvent sur les us et coutumes. Selon Prescilla Monireh, chargée de Programme de l’ANAPAC, la RDC compte à ce jour, 25 APAC identifiées dont 12 cartographiées.
« En considérant seulement les 12 APACs cartographiées, il y’a une superficie énorme en termes de conservation. Si cela était capitalisé avant, la RDC pouvait atteindre les 17% prévus dans les objectifs d’Aichi. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons proposé notre contribution à cet événement », a-t-elle informé.
Outre les APAC, la foresterie communautaire telle que menée en RDC, présente également des opportunités importantes de conservation de la biodiversité. Cette nouvelle politique qui implique les communautés dans la création et gestion de leurs espaces forestiers coutumiers, doit être mise à contribution dans la nouvelle vision de la conservation de la biodiversité telle que voulu dans le Cadre mondial de la biodiversité post-2020.
« On doit considérer le processus de la foresterie communautaire dans ces discussions », a insisté Fifi Likunde, cheffe de division de la Foresterie communautaire au MEDD. « Il faut aider les communautés à avoir les moyens pour leur permettre de bien gérer la biodiversité, et se développer durablement ».
Pour le secrétaire général à l’Environnement et développement durable, Benjamin Toirambe, la RDC soutient le nouveau Cadre mondial de la biodiversité post-2020. Mais, pour y arriver il faut une stratégie de mobilisation des ressources et un mécanisme financier accessible, à la hauteur des ambitions de ce Cadre, qui devrait tirer les leçons du Plan stratégique 2011-2020 et ses 20 objectifs d’Aichi pour la biodiversité.
« A notre entendement, 30×30 consiste d’abord à améliorer la gestion et la gouvernance des aires protégées existantes, et par la suite promouvoir les Autres mesures efficaces de conservation (AMEC). Il va sans dire que le 30×30 vise à lier la conservation et le développement », a-t-il déclaré.
A en croire le directeur technique et scientifique de l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature), les aires protégées représentent une composante très déterminante pour la préservation de la biodiversité dans le cadre des ambitions de la RDC.
« La RDC à travers l’ICCN, va disposer d’un réseau des aires protégées connecté aux APACs et à la foresterie communautaire pour contribuer à la stratégie 30×30. Cette contribution aux côtés des autres composantes requiert une mobilisation financière importante », a renseigné Joseph Mapilanga, DTS de l’ICCN.
Toutes ces initiatives ont permis aux participants de se faire réellement une idée claire sur les avancées enregistrées à ce stade par la RDC. « Nous sommes heureux de voir que les APACs et les autres mesures efficaces de conservation vont être connectées aux aires protégées, pour permettre à la RDC de pouvoir valoriser son engagement sur l’objectif 30×30 », s’est félicité Angélique Mbelu, experte en politiques et gouvernance à la RFN-RDC.
Nicky Kingunia Innet, point focal biodiversité au Ministère de l’Environnement et développement durable s’est félicité également de la réussite de cet évènement parallèle, le premier que le pays ait organisé depuis sa participation à ces assises.
« L’objectif de cet évènement était de faire passer le message, échanger les expériences avec les autres et recevoir d’eux les commentaires pour pouvoir améliorer et avancer avec ce processus. Ils ont appris sur ce que nous faisons dans les aires protégées, et ce que nous envisageons dans le cadre des Autres mesures efficaces de Conservation. L’objectif est donc atteint », s’est-il félicité.
Notons que la République démocratique du Congo a aligné des négociateurs très engagés à défendre non seulement les positions du pays, mais aussi celles de l’Afrique centrale et du continent africains en général.
Depuis Montréal, Alfredo Prince NTUMBA