La meilleure reconnaissance du rôle des peuples autochtones dans la conservation de la biodiversité, terres et aires marines à travers le monde c’est l’engagement pris par la Norvège. Au cours d’un événement parallèle organisé le 09 décembre à Montréal, la Rainforest Foundation Norway a rappelé la nécessité de la prise en compte des desideratas des peuples autochtones et communautés locales dans les négociations en cours sur le cadre mondial Post 2020.
« La Norvège a tiré les leçons de ces pratiques passées. Les droits des peuples autochtones est une priorité », a indiqué Karine Hertzberg, conseillère au département de durabilité et transition.
Ce dialogue a réuni les représentants des peuples autochtones, les bailleurs de fonds et les gouvernements. Les échanges ont permis de dégager le rôle des peuples autochtones et des communautés locales dans la conservation de la nature, et la nécessité de les accompagner dans le développement des outils des gestions, conservation et protection de la biodiversité.
« Nous souhaitons que les financements pour la conservation de la biodiversité soient directement dirigés vers les communautés locales et les peuples autochtones, sans intermédiaire. Lors de la COP26, à Glasgow, on avait annoncé des financements de l’ordre de 1,7 milliards de dollars américains. Malheureusement le décaissement de ce fonds est très faible. Et, ce qui arrive auprès de communautés est encore très faible », indiqué Carlos Rittl, conseiller en politique internationale à la Rainforest Foundation Norway.
Sur le montant annoncé par les bailleurs des fonds lors de la COP Climat à Glasgow, seul, le 1/5 de 1,7 milliards a été déboursé. Pour Andrea Ledward, du département britannique de l’environnement, alimentation et affaires rurales, c’est un signal clair donné par les bailleurs de fonds qui cherchent les différents mécanismes pour poursuivre cet engagement.
« Il est question de faciliter la coordination entre les bailleurs de fonds, d’apprendre les meilleures pratiques des uns et des autres. Les modèles de financement sont divers et cela provoque des freins. Il faut trouver des synergies harmonisées pour capitaliser le dispositif », a-t-elle indiqué.
Johannes Haas, responsable de politique au ministère allemand pour la coopération économique et le développement, l’Allemagne investit chaque année, 5 Millions d’euros pour appuyer la conservation. D’ici à 2025, son pays attend injecter 2 milliards d’euros.
« Nous mettons au point nos programmes bilatéraux en intégrant le régime foncier des peuples autochtones », a-t-il rassuré, tout en saluant la promulgation de la loi portant protection et promotion des droits des peuples autochtones pygmées en République démocratique du Congo.
Selon les participants à ce dialogue, les progrès sont là mais faibles. Les financements destinés aux projets posent un problème de ciblage. Les programmes importants n’ont pas reçu les financements nécessaires. Il reste un écart entre la divulgation des informations par certains bailleurs de fonds et leur redevabilité, et leur transparence.
Le débat sur le Cadre mondial de la biodiversité post 2020 devra mettre un accent particulier sur l’apport des peuples autochtones et des communautés locales dans la préservation de la biodiversité. La prise en considération et valorisation des connaissances traditionnelles dans la conservation de la biodiversité reste l’une des clés de réussite à ce défi.
« La nécessité de financer les peuples autochtones et les communautés locales doit être inclue dans le débat sur le cadre mondial post 2020 », a insisté Joseph Itongwa, directeur exécutif de l’ANAPAC-RDC. « Il faut comptabiliser les connaissances traditionnelles dans les efforts de conservation des États. Notamment dans la stratégie nationale sur la biodiversité ».
Parmi les recommandations, les participants à ce dialogue ont souhaité que le Cadre mondial post 2020 soit ambitieux, et qu’il favorise la transition dans tous les domaines, et le changement des mentalités. Il est donc important de réaliser une cartographie pour identifier les organisations qui travaillent avec les communautés locales et peuples autochtones dans la sécurisation des terres et les accompagner. Réfléchir aux règles applicables dans les différents contextes pour que les financements atteignent les bénéficiaires à la base. Surtout pour les financements dirigés vers les peuples autochtones.
Depuis Montréal, Alfredo Prince NTUMBA