Le cadre mondial de la biodiversité pour sauver la nature doit respecter, promouvoir et soutenir les droits des peuples autochtones et des communautés locales s’il a une chance de réussir. Les membres du Forum international des peuples autochtones sur la biodiversité (IIFB) ont lancé ce message à l’ouverture des travaux de la COP 15 sur la biodiversité, à Montréal, ce mercredi 07 décembre.
« En tant que citoyens du monde, nous faisons tous partie de la nature et non pas séparés de celle-ci », a déclaré Lakpa Nuri Sherpa, l’un des coprésidents du IIFB et responsable du programme à l’AIPP (Asie). « En tant que peuples autochtones, nous sommes les gardiens de nos terres, territoires et eaux depuis des millénaires et avons une profonde interaction avec les écosystèmes où nous vivons. Les preuves montrent que nos terres sont parmi les plus riches en biodiversité de la planète ».
Un récent rapport de l’IPBES sur la durabilité, publié en 2022 a révélé que les politiques soutenant des droits fonciers sûrs pour les peuples autochtones et un accès équitable à la terre, à la pêche et aux forêts, ainsi que la réduction de la pauvreté, créent des conditions propices à l’utilisation durable des espèces sauvages.
« Ce n’est qu’en reconnaissant les droits, les connaissances, les innovations et les valeurs des peuples autochtones et des communautés locales que nous serons en mesure de faire avancer le programme mondial d’utilisation et de conservation durable de la biodiversité », a déclaré Nuri.
La Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (COP15) a débuté le 7 décembre à Montréal. Il s’agit d’une année cruciale car l’objectif de la COP15 est de finaliser et d’adopter le Cadre mondial de la biodiversité post-2020 (GBF), qui fixera les objectifs mondiaux pour vivre en harmonie avec la nature et atténuer la perte de biodiversité.
La mise en œuvre du cadre pour sauver la nature devrait suivre une approche fondée sur les droits humains respectant, protégeant et réalisant ces droits, et en particulier les droits autochtones et collectifs, et l’équité entre les sexes.
« Une approche fondée sur les droits de l’homme est cruciale pour la réussite du cadre mondial de la biodiversité », a déclaré Lucy Mulenkei, coprésidente du IIFB, Afrique. « La reconnaissance et le respect des droits des communautés sont cruciaux. Une telle approche signifierait que les politiques, la gouvernance et la gestion de la biodiversité ne violent pas les droits de l’homme, et ceux qui mettent en œuvre ces politiques devraient activement rechercher des moyens de soutenir et de promouvoir les droits de l’homme dans leur conception et leur mise en œuvre ».
La mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité doit être basée sur des preuves scientifiques et autres, reconnaissant le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation et celui d’autres systèmes de connaissances et d’innovation, y compris les connaissances traditionnelles, les pratiques et technologies, tout en respectant les principes du consentement libre, préalable et éclairé.
« Les valeurs et les connaissances des peuples autochtones donnent un aperçu des relations réciproques entre l’homme et la nature au milieu de la crise de la perte de biodiversité et du changement climatique », a déclaré Joji Carino, du Programme des peuples forestiers / Centres de connaissances autochtones et locales de distinction.
Les peuples autochtones et communautés locales ont invité les nations à placer les cultures et les droits des peuples autochtones et des communautés locales au cœur du Cadre mondial pour la biodiversité. Ils ont exhorté à adopter un cadre qui permettra véritablement à l’humanité de vivre en harmonie avec la nature d’ici 2050.
Depuis Montréal, Alfredo Prince NTUMBA