Après une année de travail sur terrain dans la province de Mai Ndombe, l’ONG APEM (Actions pour la Promotion et Protection des Espèces et Peuples Menacés), a dénoté des incohérences entre la planification et l’exécution sur terrain des différents projets initialement inscrits dans le Programme intégré REDD Mai-Ndombe et Plateaux. Pour le PIREDD Mai-Ndombe, APEM invite l’institution qui exécute ce programme à améliorer la suite du processus, afin d’atteindre les résultats escomptés. Cette information a été livrée à Environews RDC, ce mercredi 02 novembre, par le chargé de programme de cette organisation.
« De manière programmatique, les projets ont été réalisés par les deux programmes [PIREDD Plateaux et PIREED Mai Ndombe]. Mais, il y’a un grand écart entre l’atteinte des objectifs et les résultats sur le terrain. Ce programme avait prévu deux types d’objectifs à savoir, l’amélioration des conditions de vie des communautés et la réduction de la pression sur les forêts. Si on regarde les deux résultats, on remarque qu’il y a un écart considérable entre ce qu’ils disent et la réalité que nous avons trouvée sur terrain », a renseigné Bernard Adebu, chargé de programme à l’APEM.
L’expert dénote des inadéquations susceptibles de remettre en cause les résultats atteints par le PIREDD Mai Ndombe. « Par exemple, dans le volet reforestation des zones savanicoles, la plupart de surfaces plantées ne correspondent pas aux surfaces déclarées », a-t-il renchéri.
Quant à la réduction de la pression sur les forêts primaires, l’APEM a relevé que le PIREDD Mai Ndombe avait prévu des activités alternatives, notamment l’agriculture durable, l’élevage et la pisciculture. De toutes ces activités prévues, seule l’agriculture a été lancée.
« On a essayé de construire des fermes modernes, malheureusement, on n’a pas fourni du bétail aux communautés. On a également remarqué que les CLD existent dans les villages, mais les PGRN (Plan de gestion des ressources naturelles), ne sont pas gérés par ceux-ci », a informé Monsieur Adebu.
Il a par ailleurs soutenu que le volet d’appui aux peuples autochtones n’a pas aussi marché, malgré quelques infrastructures inachevées dans certains villages de PA. « Nous avons trouvé des infrastructures cachées dans la forêt, dont les travaux ont été lancés, mais inachevés. La deuxième phase du projet va finir en décembre 2023, mais les infrastructures sont déjà englouties par la forêt », s’est-il inquiété.
Des allégations balayées du revers de main par le chef du projet PIREDD Mai Ndombe, Philippe Collas. Il soutient par contre que son projet a atteint près de 95% de résultats escomptés.
« Tous les auditeurs qui sont venus, que ce soit la Banque mondiale, l’Ambassade de Norvège, le FONAREDD, etc., ont salué l’atteinte de résultats. Ce sont les 4500 hectares de plantations, 480 PGRN, etc., on a des résultats chiffrés qui sont difficiles à escamoter », a-t-il précisé.
A en croire le chef du projet, le PIREDD Mai Ndombe est le premier projet qui est parvenu à réaliser plus de 135 kilomètres de route entre Mbali et Mushie. Sur ce tronçon le projet a jeté 12 ponts en béton armé, 6 dalots en béton armé, et réalisé les travaux de rechargement des digues… Toutes ces réalisations sont visibles et palpables.
« Si une personne mal intentionnée va interroger les gens à Oshwe, sur les infrastructures, il lui dira : Rien. C’est vrai, car nous nous sommes concentrés sur le tronçon de Mbali », a renseigné Monsieur Collas.
Quant à la composante d’appui aux peuples autochtones pygmées, Philippe Collas a reconnu des faiblesses, et promis de les corriger lors de la deuxième phase de ce projet qui pourra démarrer très bientôt.
« On avait lancé quelques micro-projets dans les territoires de Oshwe, Inongo et Kiri. Je dois avouer qu’il y’a quelques bâtiments qui n’ont pas été achevés. Dans la phase 2, on a dégagé un budget juste pour réparer correctement les choses. Bien-sûr, on a quelques points faibles, mais aussi des points forts », a-t-il renseigné.
Malgré ces faiblesses remarquées sur terrain, l’APEM se félicite tout de même des acquis en termes d’infrastructures construites dans le cadre de ces deux programmes. « Nous voulons que le PIREDD Mai Ndombe prenne en compte les recommandations et corrige les erreurs pour atteindre les résultats. C’est tout ce que l’on veut », a déclaré Blaise Mudodosi, coordonnateur de l’APEM.
Notons que le le projet « Rendre le PIREDD Mai Ndombe plus responsable vis-à-vis des communautés locales », exécuté par l’APEM a couvert 3 territoires. Il s’agit de Inongo, Oshwe et Mushie. Les territoires de Kutu et Kiri ne l’ont pas été à cause des conditions d’accessibilité et des moyens. Ce projet a été lancé en janvier de cette année.
Alfred NTUMBA