Greenpeace Afrique a présenté le rapport d’une enquête menée sur terrain dans quelques provinces de la République démocratique du Congo. Ce rapport documenté, met en lumière la résistance des communautés locales à la vente aux enchères des blocs pétroliers et gaziers, par le gouvernement congolais. Ce rapport a été rendu public ce jeudi 29 septembre, à Kinshasa.
« L’appel d’offres de blocs de pétrole et de gaz lancé en juillet 2022 par la République Démocratique du Congo s’est fait à l’insu – encore moins du consentement – des communautés locales, qui jurent d’y résister », indique le communiqué.
Pour Irène Wabiwa Betoko, Chef de projet international pour la forêt du Bassin du Congo chez Greenpeace Afrique, « ce rapport montre comment l’appel d’offres des blocs pétroliers et gaziers en RDC menace non seulement le climat mondial et la biodiversité, mais expose les communautés à la pollution, aux maladies, aux conflits, à la pauvreté et à la corruption qui accompagnent inévitablement la malédiction du pétrole ».
Greenpeace indique par ailleurs qu’à la veille de l’appel d’offres de blocs pétroliers et gaziers, quelques organisations de la société civile ont mené deux missions sur le terrain auprès des communautés qui vivent dans quatre blocs pétroliers situés dans trois provinces couvrant environ 100 000 kilomètres carrés, soit environ 1 000 fois la taille de Paris.
Ces organisations ont récolté des témoignages des membres de la communauté qui se disent non informés de la procédure. « Le gouvernement néglige son propre peuple. C’est comme si ces forêts étaient vides, qu’elles étaient sans villages, sans animaux, c’est navrant », a raconté un notable du village de Lukolela, à l’équipe des enquêteurs.
Le rapport révèle que dans les provinces de la Tshuapa et Equateur, plus d’un million de personnes seront touchées par la pollution par les hydrocarbures et les maladies d’origine hydrique qui en découlent. La pollution menacerait également la sécurité alimentaire dans cette région pauvre, où la capitale Mbandaka et d’autres villes et villages dépendent des produits agricoles des communautés menacées.
Dans la province du Haut Lomami, le bloc Upemba pourrait concerner 21 communautés (villages) , recouvrant une partie importante du parc national. Au moins 150 000 pêcheurs, ainsi que des milliers d’agriculteurs cultivant du riz et d’autres cultures, y vivent actuellement dans un confort relatif, gagnant jusqu’à un million de francs congolais (500 USD) par mois. Leurs moyens de subsistance seraient dévastés par l’exploration et le forage pétrolier.
« Le projet du gouvernement n’est pas le modèle d’activité compatible avec notre environnement. C’est nocif pour nous qui vivons ici et pour tout ce qui nous entoure. Nous respirons de l’air frais, nous vivons dans un environnement sain – pourquoi détruire tout cela et nos poissons ? », se demande un dirigeant de la communauté locale, cité dans ce rapport.
Le rapport souligne également les risques d’augmentation de la corruption et de la recherche de rente au niveau national : « La hâte de livrer tous les blocs pétroliers et gaziers pourrait être une tentative de monopoliser les ressources financières au crépuscule de ce gouvernement en période pré-électorale », a déclaré Bantu Lukambo, directeur de l’IDPE. « La société civile résistera à alimenter les réseaux de corruption aux dépens du peuple congolais en cette période sensible ».
Notons que cette mission de terrain a été mené par Greenpeace Afrique, 350 Africa.org, Rainforest Rescue et les ONG congolaises Dynamique Pole, Innovation pour le Développement et la Protection de l’Environnement (IDPE), Mouvement des Jeunes pour la Protection de l’Environnement (MJPE) et Réseau des Educateurs du Développement Durable (REDD). Les conclusions de ce rapport sont rendues publiques alors que la RDC se prépare à accueillir la conférence sur le climat PreCOP27 à Kinshasa dans trois jours.
Alfred NTUMBA