L’Hôtel de ville de Kinshasa s’est illustré par une destruction méchante et délibérée des magasins pavillonnaires appartenant au Jardin botanique de Kinshasa, une des aires protégées de l’Institut congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). Le tout dernier magasin de ce patrimoine a été détruit en toute insouciance, ce jeudi, 11 août, par les services de la ville, malgré l’existence d’un jugement condamnant la ville de Kinshasa face à l’Institut zoologique et botanique de Kinshasa. Et pourtant, les revenus de ces magasins contribuaient au paiement mensuel des primes des agents et cadres de l’ICCN.
« La ville de Kinshasa a violé la loi sur la conservation de la nature », a indiqué le coordonnateur de la cellule juridique de l’ICCN, Augustin Tshimina.
Il a par ailleurs indiqué que des poursuites judiciaires sont déjà engagées pour que l’Hôtel de ville de Kinshasa puisse corriger ses bavures intolérables.
Accusations récusées par les services du gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngombila. « Ces magasins ont été construits sur l’emprise publique. Ils ont été construits sur un mur mitoyen qui sépare le Jardin du marché central. Depuis presqu’une année, la ville exécute son plan de reconstruction de ce marché. Voilà pourquoi ces constructions ont été démolies », a indiqué un proche du gouvernorat.
Faux, rétorque l’ICCN qui avance que, « cet espace a déjà fait l’objet d’un procès que l’Hôtel de ville a perdu. Il a même été condamné à payer les dommages et intérêts de l’ordre de 40 millions de Francs congolais à l’ICCN », a informé la cellule juridique de cet établissement public.
Dans une lettre du 19 mai 2009, adressée à l’ancien gouverneur de la ville par l’ICCN, l’ancien DG de cette institution avait rappelé à la ville que ces magasins et appartements étaient couverts par le certificat d’enregistrement et même par des décisions judiciaires avalisées par l’Hôtel de Ville qui ne les a pas attaqués bien que lui notifiés régulièrement.
D’aucuns s’interrogent sur la motivation de cette destruction d’autant plus qu’aucune communication officielle entre les deux institutions étatiques n’a pas vraiment été établie. Se dirige-t-on vers un bras de fer entre l’ICCN et l’Hôtel de ville de Kinshasa ? difficile d’en savoir plus à ce stade.
Certains avertis voient dans cette destruction méchante, un acte de vengeance du gouverneur contre la communauté indo-pakistanaise qui occupait la majorité de ces magasins pavillonnaires. Pour l’ICCN, cette destruction a violé flagramment la loi n°14/003 portant conservation de la nature.
Alfred NTUMBA