La vente aux enchères des blocs pétroliers et gaziers ne cesse de laisser une fumée noire auprès des organisations environnementales. La dynamique POLE a présenté une lettre ouverte à l’attention du président de la République démocratique du Congo, sur la démarche des appels d’offres des 27 blocs pétroliers et 3 gaziers à travers le pays. La société civile congolaise craint des enchères hypothétiques et risquées à la veille des élections générales, le risque d’endettement qu’aura le pays, les conséquences de l’exploitation des blocs pétroliers sans études probantes. La dynamique POLE l’a fait savoir au cours d’ un point de presse tenu ce jeudi 28 juillet.
“La RDC se lance cette année dans les appels d’offres, on ne peut pas s’attendre à voir dans les jours avenir un premier baril être exploité de tous les blocs pétroliers de nos terres parce que ça nécessite un parcours qui peut aller jusqu’à 18 ans. Ce qui fait que dans 10 ou 15 ans au moment où on va attendre les retombés de ces ressources, le marché des hydrocarbures pourrait ne plus exister du fait que nous n’allons plus nous investir dans les énergies fossiles”, a expliqué Emmanuel Musuyu , secrétaire exécutif du CORAP.
A en croire ces organisations, investir dans les fossiles est une option dépassée. Parce que le monde a pris les engagements auxquels la RDC est partie prenante, notamment de migrer vers les énergies vertes. Les hydrocarbures ne pourront qu’accentuer les problèmes climatiques, conflits violents entre les ayant droits fonciers et les concessionnaires éventuels.
Parmi les préoccupations annoncées dans cette lettre figurent aussi, la contradiction entre cette opération et la vision de la RDC de garder le lead comme pays-solution au changement climatique. L’exploitation des blocs pétroliers n’est pas compatible avec la CDN (Contributions déterminées au niveau national) révisée en 2021. Pour la période 2021-2030 la RDC s’était engagée à réduire de 21%, les émissions et rehausser ses objectifs d’atténuation, d’adaptation et des réformes en vue de réaffirmer son caractère de pays-solution à travers son immense massif forestier et son réseau hydrographique.
«Nous estimons que cette démarche engagée va à l’encontre de la vision que le pays s’est doté, puisqu’en lançant la vente de ces 27 blocs pétroliers nous allons exploiter le pétrole et serons comptés cette fois-là parmi les pays pollueurs de la planète. Être pays-solution en même temps pollueur, il y a une contradiction », a-t’il ajouté.
Pour cette organisation de la société civile, la procédure appliquée pour le lancement des appels d’offres viole les lois de la République et encourage la privation des moyens de substance et les droits des terres aux millions des congolais.
“Si on exploitait dans les blocs 4 et 5 qui couvrent la grande partie du parc national de Virunga ça va empiéter non seulement le parc où il y a le Lac Édouard qui constitue le moyen de substance de milliers des communautés locales. Cette population sera délocalisée contre leur gré et ceci va constituer des pertes, au profit de multinationales“, a déploré Olivier Ndoole, avocat vert.
A encore ces organisations, l’impact de l’exploitation pétrolière fait dans le bassin côtier au Kongo-Central ne semble pas être visible ni palpable d’abord sur l’économie nationale et puis surtout le contenu local. Au contraire, ces activités d’extraction pétrolière ont un coût environnemental et social considérable pour les populations locales, dont la pollution due aux fuites et déversement du brut du pétrole. Les habitants de Muanda, malgré cette exploitation n’est pas sortie de sa pauvreté. La malnutrition, l’absence d’infrastructures et des services basiques dont l’eau et l’électricité et le taux de chômage battent l’échelle.
Malgré le lancement de l’appel d’offre par le chef de l’État avec le ministère des hydrocarbures, ce jeudi à Kinshasa la dynamique POLE, invite le président de la République de sursoir cette démarche qui est en court d’évolution pour se rassurer que toute la démarche ne viole pas les lois, et que le vrai bénéfice soit démontré.
Déborah BATUSUE