Préoccupé par l’ampleur de la déforestation et la dégradation de la réserve de biosphère de Luki, dans la province du Kongo centrale, l’Observatoire de la Gouvernance forestière (OGF), avec son partenaire local du Réseau des Observateurs Indépendants, CEPECO ont effectués du 25 au 29 Mai 2022, une descente sur le terrain en vue de vérifier des indices d’illégalités perpétrée dans cette aire protégée de l’INERA, conformément aux alertes lancées par Global Forest Watch.
« Le constat issu de l’analyse spatiale de 2017 à 2020 de la réserve de biosphère de Luki à l’aide de ces outils démontre que cette réserve est en perte de couvert forestier. Exactement 273 alertes de déforestation ont été signalées dans cette réserve depuis le 09 janvier 2017 à ce jour. L’analyse de cette perte indique que la réserve de biosphère de Luki a perdu en 2017, 927 ha de forêt, en 2018 475 ha, en 2019 544 ha; et en 2020 697 ha. De 2017 à 2020, la réserve de Luki dans la province du Kongo Central a perdu 2 640 ha de forêts », indique le communiqué de l’OGF.
La pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis par les communautés environnantes dans les zones protégées de la réserve est la première cause de la déforestation identifiée par les observateurs.
« Le constat sur terrain démontre que les communautés passent par l’incinération pour défricher les espaces à cultiver même dans les zones dites totalement protégées. Et ce système à répétition détruit le sol qui devient compact. Ainsi, la zone centrale qui bénéficie d’une protection intégrale est menacée par les activités de la population du village Mbondo qui traverse la zone de transition pour cultiver le bananier et le manioc dans la zone centrale », ont-ils déploré.
A cela s’ajoute également la carbonisation dans les zones protégées de la réserve. Cette activité est considérée comme l’une des principales sources des revenus des communautés riveraines. « En effet, le constat révèle qu’avant toute plantation ou une activité liée à l’agriculture dans la réserve, les communautés productrices de charbon, rasent et incendient la partie de la forêt concernée. Aucune zone, ni essence n’est épargnée à cette pratique. La zone centrale, la zone tampon ou la zone de transition, toutes subissent le même sort », alertent les observateurs.
L’exploitation artisanale illégale des bois d’œuvre n’est pas en reste. La mission a constaté lors de son passage dans le village Mondji à 3,5 Km du camp INERA Luki, à 1800 m de la zone centrale (zone tampon), la présence des exploitants artisanaux avec des tronçonneuses, et 3 Tola abattus et sciés.
« Un autre groupe des porteurs appelés communément « TORA », ont été aperçus au niveau de la zone centrale aux alentours du village Mbondo avec 3 planches de T’NSINGA (Piptadeniastrum africanum) sciés », ont-ils affirmé.
La réserve de biosphère de Luki est parmi les réserves qui subissent une pression anthropique énorme. Au regard des menaces qui pèsent sur cette réserve, l’OGF exige qu’une mission de contrôle soit diligentée dans cette réserve pour traquer tous les exploitants artisanaux illégaux.
Il recommande par ailleurs de former les agents de l’INERA et des observateurs indépendants locaux à l’utilisation de l’application Forest Watcher pour renforcer des patrouilles dans cette réserve ; Poursuivre le système agroforestier c.-à-d. planter les arbres en tenant compte des cultures qu’on peut associer avec les arbres ; Reboiser avec des espèces précieuses pour sauver les zones dégradées ou déforestées de la réserve. Et, Délocaliser les habitants du village Mbondo entreprenant des activités anthropiques dans la zone centrale vers le territoire de LUKULA pour stopper et éviter la dégradation de cette partie de la réserve.
Alfred NTUMBA