L’initiative Locale pour le Développement Intégré “ILDI”, en collaboration avec Tax Justice Network Africa a organisé une journée de plaidoyer sur la fiscalité du tabac en Afrique, vendredi 03 juin 2022 à Kinshasa. Plusieurs thèmes ont été débattus au cours de cette séance de travail, afin de trouver des voies et moyens de lutter efficacement contre le tabagisme sur le continent en général et particulièrement en République démocratique du Congo.
« Comment les gens, intellectuels de surcroît, fument-ils tout en sachant que le tabac tue ? Que pouvons-nous faire que nous n’avons pas encore fait pour lutter efficacement contre ce fléau ? La RDC joue un rôle important dans la lutte contre le tabac avec ses 9 frontières. Le contrôle aux frontières est-il efficace et rigoureux ? Sinon, les industries du tabac continueront à bien œuvrer dans le pays », a déclaré le coordonnateur de l’ONG ILDI, Harley Kabamba dans son mot de bienvenue.
Il a par ailleurs insisté sur le fait que le tabac pollue la nature, détruit la santé. Pour que cette lutte soit une réussite, il faut qu’il y ait une conscience collective.
Pour le chef de service au Programme National de l’Hygiène aux frontières (PNHF) du ministère de la Santé publique, tout devrait commencer par la réglementation.
« En tant que PNHF, nous avons la mission de la police aux frontières. A notre niveau, nous évitons la contrebande car nous doutons également de la qualité de tout ce qui est présenté. Alors, nous agissons afin qu’il y ait une taxation qui ne favorise plus la consommation. En tant que Ministère de la santé, nous devons faire en sorte qu’il n’y ait pas un décès de plus dû au tabac. Car, c’est un décès de trop pour nous », a dit Stone Diamu.
Cette journée avait comme objectif de mettre autour d’une table, les acteurs impliqués dans cette lutte pour discuter des questions liées à la taxation du tabac en RDC. Les échanges ont permis de relever que la taxation du tabac découragerait certes sa consommation.
Cependant, la corruption qui gangrène la société congolaise fera toujours en sorte que les récalcitrants monnaient ce commerce qui rapporte beaucoup. Pour résoudre ce problème, il faut restaurer l’autorité de l’Etat.
« Les décisions de l’Etat seront toujours prises mais leur exécution continuera à poser problème car la corruption bat son plein. En plus, il n’y a pas de financement de la lutte contre la corruption, il n’y a pas d’emplois non plus ». A déclaré Mbu José-Marie de la Question du tabac et gouvernance ouverte.
En RDC, l’industrie du tabac connaît une forte ingérence des personnalités politiques et militaires, mais aussi de l’administration. Ceci rend complexe sa gestion et sa régulation. A cela s’ajoute également le non-respect du cadre légal et des conventions internationales signées par le gouvernement. Dans exactement 12 jours, les efforts des OSC qui ont permis d’inscrire à cette session parlementaire la proposition de loi autorisant la ratification du protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac tombera caduque si le Ministre de la Santé ne se présentrait pas au parlement pour la défendre.
« Beaucoup de choses ont changé. Le pays n’avait même pas une loi anti-tabac. En matière de lutte, nous pouvons maintenant prendre en charge les toxicomanes. Les acteurs de la Société civile sont impliqués, donc nous allons vers de bons résultats. C’est vrai que dans 12 jours cette proposition de loi pourra tomber à l’eau mais c’est une petite loi avec 2 articles. Nous allons réussir. Cette lutte est multisectorielle. Par conséquent, elle demande l’implication de toutes les couches sociales », a souligné Patrice Milambo, Directeur du Programme National de Lutte contre le Tabac (PNLCT).
Les effets du tabac sont un danger public pour la santé de l’humain d’abord mais aussi de la planète. « Raison pour laquelle nous continuons à réfléchir sur les stratégies pour lutter contre le tabac d’une manière efficace », a déclaré Godefroid Mboyo, de l’ONG ILDI.
Les participants à cette journée d’échanges ont recommandé notamment, la mise en œuvre d’une stratégie pour identifier le niveau de l’ingérence de l’industrie du tabac en RDC en particulier et en Afrique en général et monter des stratégies pour lutter contre cette ingérence. Il faut continuer à travailler sur l’élévation des taxes du tabac en vue de réduire sa consommation.
Sarah MANGAZA