Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a approuvé lors la réunion du conseil des Ministres un plan de vente aux enchères de 16 blocs pétroliers. Cette décision pourrait entraîner des conséquences catastrophiques sur les communautés, la biodiversité et le climat mondial dans les prochaines années, pensent certains activistes environnementaux.
Contactés, quelques-uns interpellent la RDC d’être sur le point de bafouer son engagement à devenir un « pays-solution » au changement climatique, une position défendue par la délégation officielle congolaise à la COP 26, à Glasgow.
« Nous regrettons amèrement cette décision car la RDC est en train d’aller à l’encontre de ces engagements à limiter ces émissions de gaz à effet de serre. C’est contradictoire puisque la RDC a manifesté son intérêt à co-organiser la Precop 27 cette année. Nous ne pouvons que décourager le pays a entamer un tel processus puisqu’il y a plusieurs autres moyens pour que le pays gagne suffisamment sans recourir à une exploitation pétrolière sur ces sites et zones protégées. Nous profitons de l’occasion également pour demander au président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi de surseoir toutes activités d’exploitation du pétrole dans les parcs nationaux, dans les sites protégés et sur l’ensemble du Territoire », a rapporté Christian Hounkannou, membre de 350.org.
En dehors du parc national des Virunga plusieurs autres sites et zones protégées sont visés pour une quelconque exploitation ou exploration du pétrole. Toutes ces zones visées sont celles où, selon les chercheurs, les écosystèmes sont uniques et contribuent fortement à la stabilité et la régulation climatique pour lutter contre le réchauffement climatique à plus de 1,5 degré Celsius.
« Vous savez que le pétrole, le charbon et le gaz sont les principaux responsables du réchauffement climatique. Ces combustibles fossiles doivent être bannis et laissés dans le sous-sol. Il faut plutôt promouvoir les énergies renouvelables. La RDC présente les caractéristiques d’un pays à fort potentiel en énergies renouvelables susceptibles de satisfaire le besoin en énergies de sa population », a renseigné Christian Hounkannou.
La Cuvette centrale la plus concernée par cette exploitation est une zone qui séquestre environ trente milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent de trois ans d’émissions mondiales de gaz carbonique (CO2), selon les estimations scientifiques de 2017. Il est temps pour le pays de revenir à la raison pour ne pas gâcher cet effort, explique Greenpeace Afrique.
« Nous demandons l’annulation de ce projet et nous recommandons à la République démocratique du Congo d’envisager d’autres solutions pour résoudre le besoin énergétique et de ne pas continuer sur le chemin de l’exploitation pétrolière. Il est difficile de soutenir une telle exploitation dans le contexte actuel du changement climatique, surtout que la RDC est l’un des pays qui joue un très grand rôle dans la réduction des gaz à effet de serre », a rapporté le chargé de campagne forêt pour Greenpeace Afrique, Patient Muamba.
Peu importe l’endroit choisi pour ces activités, le risque à craindre est de voir le pays ouvrir une porte à l’atteinte au droit des communautés à un environnement sain.
« Nous savons tous que ces genres de projets ne profitent jamais à la communauté. Elles sont délaissées. Actuellement les communautés ont besoin des mini centrales photovoltaïques raccordées qui leur permettront d’avoir des énergies pour leurs ménages. Ces exploitations vont causer énormément des dégâts qui vont affecter des communautés », a alerté Christian Hounkannou.
Lors de la réunion du Conseil des ministres tenue le 8 avril dernier, le gouvernement congolais avait validé le projet d’appel d’offres pour l’attribution des droits d’exploration dans seize blocs pétroliers situés dans le bassin côtier, la Cuvette centrale et le Graben. Les environnementalistes exhortent, par conséquent, les bailleurs de fonds et le gouvernement congolais à des discussions afin de faire réellement de la RDC le « pays-solution », comme prôné par ce gouvernement, plutôt que de devenir productrice de nouvelles pollutions.
Albert MUANDA