La forêt des mangroves du littoral de Moanda est une zone de reproduction de plusieurs espèces marines. En vue de sa protection, elle a été érigée en parc marin dont la gestion est confiée à l’ICCN, un organe spécialisé du ministère de l’environnement en 1992.Le parc a été désigné site RAMSAR le 18 janvier 1996. Outre les palétuviers et les espèces qui se reproduisent dans la forêt, l’ICCN a aussi une attention sur certaines espèces des tortues marines qui viennent pondre leurs œufs sur la plage du littoral de Muanda.
En effet, présentes dans tous les océans du monde, à l’exception de l’océan Arctique, six de sept espèces de tortues marines sont vulnérables et menacées d’extinction.
En République Démocratique du Congo, cette espèce marine facile à approcher et qui vient pondre sur la plage du littoral de Muanda, est souvent victime d’agression de la part de riverains et de certains prédateurs, étant donné que sa chair et ses œufs sont très convoités.
A cause du risque de disparition que courent ces tortues marines, L’ICCN a localement mis en place un système de protection et de restauration à la plage de Muanda village.
Nous avons approché Mr Ngeli, Conservateur adjoint du Parc de mangroves qui nous a expliqué en quoi consiste ce système mis en place et son efficacité.
Ce Parc situé à l’embouchure du fleuve Congo, couvrant une superficie de 768km2 et qui s’étend sur une bande côtière congolaise de 38 km, a été créé par l’arrêté ministériel N°044/CM/ECN/92 du 02 Mai 1992 dans le but de protéger l’environnement de la côte Atlantique et les différentes ressources qui caractérisent les zones humides.
Il faut noter qu’au niveau du Parc des Mangroves, l’intensification de l’exploitation des palétuviers pour la carbonisation suite à la pauvreté et ignorance écologique des populations se traduit par un déboisement. Il s’ensuit une perte considérable de la biodiversité et une dégradation sévère du couvert végétal.
On trouve aussi dans le Parc des Mangroves, le lamantin d’Afrique, les tortues marines et une importante avifaune (le héron cendré, le héron Goliath, la cigogne, le cormoran, les francolins, le canard siffleur et la pintade).
Les six de sept espèces de tortues les plus menacées sont : La tortue caouanne, la tortue verte, la tortue imbriquée, la tortue de Kemp, la tortue olivâtre, le tortu luth.
Certaines de ces espèces viennent périodiquement pondre leurs œufs à la plage de Muanda où les braconniers et les prédateurs les agressent. Pour assurer la protection des tortues marines, l’ICCN a créé une « écloserie » à Muanda village.
En période de ponte les équipes de gardes parc sillonnent les plages, ramassent les œufs des tortues et les placent dans des nids préparés dans l’écloserie pour la couvaison. Après 58 jours, les œufs arrivent à l’éclosion et libèrent les petites tortues, les gardes parc les récupèrent, les déposent sur la plage où elles avancent elles-mêmes vers les eaux profondes.
A savoir notre pays la RDC est le premier pays Africains à faire cette expérience de retourner des millions de tortues marines dans l’océan, leur milieu naturel.
Signalons que là où l’on trouve des tortues, c’est un milieu écologique très favorable pour plusieurs espèces des poissons. Les tortues jouent le rôle des défenseurs dans l’océan pour la multiplication des poissons, car elles se nourrissent des éléments qui sont un poison pour les poissons et protègent ces derniers.
Il arrive qu’en période de ponte, les gardes du parc ramassent environ 1200 à 1300 œufs qu’ils placent dans les nids dument préparés et protégés, pour la couvaison jusqu’à l’éclosion.
Avec ce système, l’ICCN libère plus de 8000 tortues en six mois, faisant de la RDC le premier pays au monde en matière de protection des tortues marines.
Ce reportage a été réalisé avec les financement du Pulitzer Center à travers Rainforest Journalist Fund (RJF).
Geneviève Kumba
Vu l’importance de ce secteur dans le tourisme et la protection de la biodiversité, l’équipe de l’ICCN lance un vibrant appel aux autorités du pays pour une assistance et un équipement plus conséquents et adéquats, afin d’être plus performants dans ce domaine de protection de l’environnement et des espèces en voie de disparition. C’est ainsi que la RDC pourra concourir être comptée parmi les plus grands pays protecteur de l’environnement et de la biodiversité.