» Le manque de carburant qui est en train de toucher plusieurs pays dans le monde n’a pas encore atteint la RDC » .Déclaration de Didier Budimbu, ministre congolais des hydrocarbures. Est-ce vrai? difficile de répondre à cette question, d’autant plus que la République démocratique du Congo importe tout, voir même du « sable ».
Réagissant sur les antennes de la Radio Okapi, à Kinshasa, le ministre a argumenté que « l’idée est de créer une raffinerie au pays afin que la RDC ne soit pas touché ». Une utopie, rétorquent les observateurs et analystes du secteur.
A-t-il fallu que la crise sonne à la porte pour que le gouvernement congolais pense à l’installation d’une raffinerie du pétrole, et pourtant gouverner c’est prévoir dit-on. Jusque où le gouvernement ira avec cette politique de camouflage s’interrogent certains pétroliers, qui pensent qu’il est temps de dire la vérité au congolais que de laisser perdurer le mythe.
Cette situation est subséquente au manque du carburant à la pompe auquel font face les conducteurs kinois depuis samedi 02 avril. La penderie du carburant à Kinshasa touche déjà le secteur du transport, et laisse transparaître une crise généralisée dans le pays, si des mesures idoines ne sont pas prises à temps.
» Le transport est devenu plus cher. Chez moi à Masanga Mbila par exemple, je payais 500 FC pour atteindre le Rond point Ngaba. Mais maintenant, c’est 1000 FC. Et s’il faut prendre une moto du Rond point Ngaba à Matete, il faut payer 1500 FC par personne au lieu de 500 FC. En tout cas, que le gouvernement revoie cette situation sinon, nous risquons de ne plus aller au travail. » S’est plaint Déborah Batusue, une habitante de Kinshasa. » Dans un pays sérieux, nous devrions assister au limogeage du ministre des Hydrocarbures ainsi que du Chargé d’approvisionnement de SEP CONGO. Ils osent nous parler de soucis techniques…Imaginent-ils le manque à gagner que cette situation a occasionné dans les entreprises ? Et au Trésor public ? Et la hausse du prix du carburant ? Qui se chargera de sa baisse? Et le prix de transport ? Maintenant, le trajet Abattoir-Bon marché, en passant par Limete coûte 5.500 FC au lieu de 3.000 FC. Savent-ils seulement ce que 1.500 FC représentent pour un congolais ? » A ajouté une habitante de N’djili.
Les chauffeurs de taxi et tenanciers des stations services de mauvaise foi ont fixé les prix des courses ainsi que du carburant selon leur bon vouloir du week-end au lundi 04 avril. Certaines stations services avaient fermées toute la journée, attendant d’être fixée sur le prix.
D’autres, après avoir vendu toute la journée, sans être approvisionné, ont vu leurs pompes se vider tard dans la soirée du lundi 04 avril. Des longues files d’attentes de véhicules, taxis moto et même des humains, bidons à mains, c’est le spectacle qu’ont livrées les stations services à Kinshasa. Malgré cela, le Ministre des Hydrocarbures est resté rassurant, affirmant qu’il n’y a pas pénurie.
» Je demande à la population de garder son calme et de ne pas vider les pompes en faisant le stock, croyant qu’il y a pénurie. Aux tenanciers des stations services, je demande un esprit patriotique. Le prix d’1L de carburant est 2100 FC. Cela n’a pas changé jusque là. » A interpellé Didier Budimbu, au micro de Radio Okapi ce mardi matin.
Si le pays n’est pas en rupture de stock de carburant, pourquoi peine-t-on à en trouver? Le prix reste certes 2095 FC à la pompe mais il faut une patience de plus de 2h pour s’approvisionner car toutes les stations services connaissent des engouements sans précédent.
Sarah MANGAZA