Forêt : Irène Wabiwa réagit au rapport de l’IGF, « c’est de la folie de lever le moratoire sur les nouveaux titres forestiers »

En République démocratique du Congo, après la publication hier du rapport d’audit  de l’Inspection générale des Finances (IGF), relatif à la légalité des allocations et cession des concessions forestières et des droits dus au trésor public par les exploitants forestiers formels, les langues se délient. Greenpeace Afrique n’a pas tardé à fustiger le « laxisme coupable » du ministère de l’Environnement et le « chaos qui arrange » ses responsables.

« Avec toute la gangrène qu’expose cet audit, c’est de la folie de lever le moratoire sur les nouveaux titres forestiers – et pourtant c’est ce que la RDC et ses bailleurs de fonds s’apprêtent à faire.   Ce qu’il nous faut est un plan de protection permanente des forêts, c’est vital pour des milliers de communautés locales et des peuples autochtones », a déclaré Irène Wabiwa Betoko, cheffe de la campagne forêt pour Greenpeace Afrique.

A en croire ce cadre de Greenpeace Afrique, l’audit au vitriol, livré en mai 2021, est sans merci pour la gouvernance forestière à la congolaise, et il met de nouveau la Vice-première ministre, ministre de l’Environnement, Mme Eve Bazaiba en grande difficulté.  « La négligence de Mme Bazaiba – elle jure ne pas avoir vu le rapport d’audit de l’IGF avant février 2022 – est emblématique de celle dénoncée comme systémique par les auditeurs », précise le communiqué.

Ce rapport a identifié pas moins de 18 concessions attribuées en violation du moratoire de 2002. Ces titres illégaux comprennent la totalité de ceux revendus par le forestier et général Gabriel Amisi, sous sanction américaine et européenne, à des partenaires chinois.  L’IGF affirme que, de ces seuls titres, 3,1 millions de dollars de redevance de superficie manquent à l’appel. Les Inspecteurs demandent leur recouvrement « par toute voie de droit ». 

Dans cette gabegie financière, plusieurs ministres sont pointés du doigt. Il s’agit de Robert Bopolo, Bienvenu Liyota, Athys Kabongo, Franck Mwedi Malila, ainsi que les bouillants Amy Ambatobe et Claude Nyamugabo. 

L’IGF constate également la « défaillance totale » de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD) – dont la directrice n’a pas cru bon de répondre à leurs observations préliminaires.  Un total de quatre exploitants sur les 45 répertoriés ont payé la redevance de superficie.

Ce rapport précise par ailleurs que la majorité des adresses de ces entreprises sont inexactes ou tout simplement inexistantes.  L’IGF relève la légèreté de l’administration forestière dans l’identification et le suivi des concessionnaires.

Notons par ailleurs que la publication de ce rapport avant la fin de 2021 était le tout premier jalon de l’accord de 500 millions de dollars signé par le président Félix Tshisekedi et les bailleurs de fonds en marge de la COP26 en novembre dernier à Glasgow, en Ecosse. 

« Si les autorités congolaises ont allègrement raté cette échéance et ignoré l’alerte lancée le 2 janvier, on comprend maintenant pourquoi, et on imagine tout l’embarras des bailleurs », insinue Greenpeace .

Greenpeace Afrique appelle à nouveau le président Félix Tshisekedi à ordonner une enquête judiciaire sur les responsables du pillage de la forêt congolaise et, le cas échéant, à la levée de leur immunité parlementaire. 

« Nous demandons à ce que la lumière soit faite en premier lieu sur le refus par la ministre actuelle d’obtempérer à ses ordres.  Pourquoi n’a-t-elle pas suspendu ne serait-ce qu’une seule concession d’exploitation forestière quand un rapport d’audit livré en mai 2021 précisait l’ampleur des dégâts à réparer ? », s’interroge Greenpeace.

P. Ngalula

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