Athy Hadiza est l’une des femmes congolaises qui vivent le cœur dans la forêt. Originaire d’une province forestière de la République démocratique du Congo, Athy se souvient souvent de sa belle enfance passée dans la luxuriante forêt équatoriale qu’elle a laissé à l’âge de dix ans pour s’installer en Europe où elle a fait ses études secondaires et universitaires.
« Mon appel pour la forêt est plus fort que moi-même. Je me suis décidée de lever ma voix pour la forêt et pour la préservation de l’environnement », a-t-elle confié.
Licenciée en Géologie et Mine, cette mère de famille se sent mieux lorsqu’elle vient au secours des femmes rurales. Malgré la distance qui la sépare de son Congo natal.
« Quand je suis revenue à Kinshasa 30 ans après, je me suis rendue dans ma province. J’étais triste de voir que ma forêt était détruite par les exploitants du bois, et ceux qui produisent de l’huile de palme. J’ai même pleuré. Quand on traversait la forêt avec mes tantes, on rencontrait des éléphants, mais aujourd’hui, ils n’existent plus à cause du braconnage », affirme-t-elle.
Ce constat malheureux l’a poussé à s’investir dans la préservation de la forêt et la recherche du bien-être des communautés qui dépendent de celle-ci. Pour y arriver, Athy Hadiza a mis en place une organisation dénommée ABC Climat (Action bassin du Congo Climat et Forêt).
Enregistrée en France, ABC Climat s’est fixée comme objectifs entre autres, d’agir et mener des actions pour la préservation de la biodiversité, et la lutte contre la déforestation. Elle accompagne les pouvoirs publics dans leurs missions de préservation du patrimoine naturel congolais, de protection des droits et des intérêts des populations autochtones, et l’élaboration d’une politique efficace pour lutter contre le changement climatique et agir contre la faim. Son organisation aide et subventionne les femmes rurales en difficulté et les orphelins.
A travers cette structure, elle apporte de l’aide à plusieurs centaines de villages dans les provinces de la Tshuapa (Boende, Ikela, et Wini) et de la Tshopo (Kisangani). Avec ses moyens propres et l’appui de ses partenaires, elles apportent un soutien technique, logistique et financier dans le développement des alternatives pour les communautés les plus touchées par les effets de changement climatique principalement dans ces deux provinces, mais aussi dans d’autres localités de la RDC.
« Depuis 2017, je reviens souvent au Congo, pour rester avec les communautés. Nous avons mis en place un protocole de reboisement, nous pratiquons l’agriculture familiale, l’élevage etc. Nous avons cultivé du riz, et les communautés ont récolté plus de deux mille sacs de riz qu’elles se sont partagés », a-t-elle affirmé.
Au regard de ce qui se passe dans les bassins d’Amazonie et d’Indonésie, le bassin du Congo mérite une attention particulière. Ces écosystèmes qui se présentent à ce jour comme un rempart pour l’humanité toute entière. Il faut alors préserver les forêts du bassin du Congo afin que la planète puisse rester équilibrée.
Selon cette activiste engagée, à chaque fois qu’elle est au contact des femmes rurales, elle se sent affectée par la misère indescriptible dans laquelle elles croupissent. Les femmes rurales sont abandonnées à elles-mêmes et pourtant elles nourrissent les grandes villes du pays.
En ce mois dédié à la femme, Athy Hadiza encourage toutes les femmes congolaises qui, chaque jour se battent pour survivre et faire vivre leurs foyers, à travailler davantage pour un avenir meilleur.
Elle demande par contre, la justice climatique pour l’Afrique et le monde afin de renforcer la résilience de ces femmes, leur adaptation aux effets des changements climatiques et un engagement sincère des dirigeant à éliminer toute sorte de stéréotypes vis-à-vis de la femme.
« Je pense à toutes les femmes qui n’ont pas de voix. Vous n’avez ni ordinateur, ni téléphone. Je suis reconnaissante pour toutes ces femmes qui accomplissent des actes. Vous êtes des super-héroïnes », a-t-elle déclaré.
Notons par ailleurs que ABC Climat entend focaliser ses actions non seulement en RDC, mais sur l’ensemble du bassin du Congo.
Alfredo prince NTUMBA