La ville de Kinshasa, Capitale de la République démocratique du Congo n’a pas encore fini de livrer ses secrets. A chaque pluie qui tombe sur la métropole, c’est des pleurs et des grincements de dents. Les déchets semés avec joie et allégresse par les habitants de Kinshasa (kinois) produisent des inondations. Quoi de plus normal que celui qui sème le vent récolte la tempête. A Kinshasa, semer les déchets produit les inondations en abondance. Ce matin, la moisson a été abondante.
Ce n’est un secret pour personne. Les kinois n’ont jamais appris que les déchets produits par eux-mêmes sont leur premier ennemi. Pour mieux s’en apercevoir, il suffit d’observer l’attitude des kinois vis-à-vis de la gestion de déchets.
Jeter les déchets n’importe où et n’importe comment c’est la seconde nature de bana Kin (les kinois). 4 kinois sur 5 n’ont jamais déposé leurs déchets dans une poubelle. Même si celle-ci se trouvait à côté de leurs parcelles.
Certaines poubelles placées le long des boulevards à Kinshasa les sont comme des vases d’ornement qu’un récipient de collecte des déchets. Celles qui par bonheur sont remplies sont parfois abandonnées sans être vidées.
La pluie tombée, tous ces déchets sont drainés dans les caniveaux, et cours d’eau. Conséquence, l’obstruction des caniveaux et rivières avec comme corollaire, les inondations. La pluie qui a arrosé la ville ce mardi 01 mars n’a fait qu’une opération de restitution de déchets. Comme qui dirait, « retour à l’expéditeur ».
Plusieurs ménages de Limete Funa par exemple ont fait un salongo spécial tout de suite après la pluie. Curieusement, aucune des victimes des inondations n’a pu manifester la joie comme le jour où il avait semé ses déchets.
Comme à Kinshasa, la faute n’a jamais été à soi, c’est bien l’autre le problème. Pour les vraies fausses victimes des inondations de ce matin, « c’est l’incapacité des autorités de la ville à gérer la chose publique qui est la cause de ces inondations ». Comme si celles-ci avaient semé les déchets à leur place, oubliant qu ‘ « on ne se moque pas de la pluie. Quand l’homme sème les déchets il en récoltera des inondations, des maladies et de la mort ».
Agir local penser global
Si ailleurs ce concept est devenu le socle d’une vraie prise de conscience écologique, à Kinshasa cela n’est pas le cas. Il suffit de reprendre quelqu’un qui jette les déchets à un endroit non approprié pour que tu reçoives une réponse du genre, « yo nde okobongisa mbok’oyo ? ». (C’est toi qui changera cette ville ?)
Et pourtant, chaque déchet jeté dans un coin de la ville devra causer des dégâts dans un autre. Il faut réaliser que les déchets drainés par les eaux de la rivière Lukeni qui prend sa source au niveau de l’Université de Kinshasa (Mbanza Lemba) seraient l’une des causes des inondations observées à Kalamu, Sendwe, et Limete Funa…
Paradoxalement, ceux qui jettent leurs déchets en amont sont peu inquiétés par les catastrophes. A Ndanu, un quartier de la commune de Limete,4 personnes d’une même famille ont perdu la vie, en fouillant les inondations. Le père et ses deux enfants, ainsi que la belle sœur ont été électrocutés sous la pluie.
Tout ceci relance le débat sur la gestion de la ville de Kinshasa. Les kinois vivent le cauchemar, sans savoir peut être qu’ils sont eux-mêmes leur propre ennemi. L’autorité sensée organiser la ville se contente de multiplier des projets inutiles et sans impact réel sur la gestions des déchets, et sur le changement de mentalité de ses administrés.
Pour une ville dont la politique d’assainissement reste méconnue même par ceux qui sont censés l’appliquer, les inondations et autres conséquences liées à la mauvaise gestion de la chose publique iront grandissant. Seule une approche holistique de la gestion de cette problématique pourra aider à apporter durablement des réponses efficaces à ce fléau. Sinon, les Bana Kin n’auront que leurs yeux pour pleurer, car les dégâts semblent s’eccentuer.
Alfredo Prince NTUMBA
2 commentaires sur “Kinshasa : Quand on sème les déchets avec joie, on récolte les inondations avec pleurs”
Un article digne d’environews, premier média écologique d’Afrique : c’est bien prouvé. Je profite de cette occasion pour jeter les fleurs d’honneur à toute l’équipe d’environews pour le travail acharné qu’elle abat avec excellence pour nous informer sur toutes les actualités liées à l’environnement à l’échelle mondiale, continentale, nationale et locale. Bon vent à ENVIRONEWS !
À mon avis la ville de Kinshasa à un défi grave est de reconstruire cette ville ! Sinon le peuple kinois sera toujours dans le grincement de dents après chaque tomber de la pluie !