La Coalition nationale pour la lutte contre l’exploitation illégale du bois (CNCEIB) a procédé à l’élaboration de la note de position et l’analyse de l’exécution des 10 mesures urgentes prises par la vice-premier ministre, ministère de l’Environnement et développement durable, Eve Bazaiba. C’était lors d’un atelier de deux jours organisé à Kinshasa du mercredi 23 au jeudi 24 février.
Lors de ces travaux, les réflexions ont tourné notamment autour de l’expansion constatée des concessions forestières de conservation à travers les provinces forestières, et l’impact socio-économique de non octroi de permis de coupe du bois d’œuvre aux opérateurs forestiers.
« En ce qui concerne les dix mesures qui ont été prises par la vice-primature et ministère de l’Environnement et développement durable, la société civile a réfléchi et s’indigne aujourd’hui du fait qu’elle n’a pas été consultée en amont. Aucune organisation n’a eu à participer même en ligne avant que ces mesures ne soient prises alors que nous avons des compétences, et des personnes qui ont fait 20 ans et qui maîtrisent bien la matière », s’est indigné Philippe Nzita, secrétaire exécutif de la (CNCEIB).
Pour la vice-primature, ces mesures validées et dans le conseil des ministres ont été prises dans le souci d’assainir le secteur forestier de la RDC face aux enjeux climatique à l’instar des autres pays. Mais aussi élargir l’assiette fiscale. Plus de six mois après, la CNCEIB s’interroge sur l’efficacité de ces mesures, et invite l’autorité compétente à mettre en place une commission d’analyse de chacune d’elles.
« Selon les analyses qui ont été faites, aujourd’hui nous nous sommes rendus compte qu’il y a certaines mesures qui doivent être recadrées. Puisqu’il y a d’autres qui auront du mal à s’appliquer sur le terrain. Au regard des textes existants, il y a certaines mesures qui vont à leur encontre », a-t-il ajouté.
La préservation des espaces forestiers initialement dédiés à l’exploitation du bois d’œuvre joue un rôle capital au bien-être socio-économique et culturel. Aussi bien dans la lutte contre le changement climatique en tant que puits de carbone que dans la conservation de sa biodiversité. Les membres de la CNCEIB invitent la vice-premier ministre, ministre de l’Environnement à autoriser la cession des concessions forestières qui disposent des plans d’aménagement et qui veulent basculer en concessions forestières de conservation conformément à la loi.
« Nous encourageons cela tout simplement parce que cet appui remonte par le fait du maintien du couvert forestier. Donc nous aurons plus de forêts protégées en RDC. Pourvu que les processus soient encadrés et les projets REDD+ qui pourront être exécutés dans ce cadre de la conservation », a-t-il expliqué.
Suspension contrats de coupe industrielle
La société civile constate avec amertume que l’évolution du secteur de l’exploitation industrielle des bois déjà dégradante depuis quelques années, souffre aujourd’hui du non accompagnement efficace par la vice primature, par le fait qu’aucune entreprise n’a obtenu les permis de coupe de bois d’œuvre, plus de trois mois après leurs demandes.
« Nous demandons une fois de plus au ministère de l’Environnement et développement durable de signer les permis de coupe pour qu’il n’y ait pas des impacts négatifs. S’ils ne sont pas obtenus, les impacts sociaux économiques seront énormes même dans la caisse de l’Etat. Sur le terrain, les accords de clause sociale ne seront pas alimentés et les infrastructures socio-économiques ne seront pas exécutées. A-t-il explicité.
La CNCEIB a par ailleurs formulé une série des recommandations notamment, l’analyse pour recadrage de la mise en œuvre de 10 mesures prises par la VPM, la tenue des états généraux des forêts, la mise en place d’un cadre juridique adéquat au développement et à la mise en œuvre des concessions de conservation. Elle déconseille tout octroi des nouvelles concessions de conservation, et l’encourage la mise en place d’une commission pour établir le manque à gagner de cette non délivrance des permis de coupe.
Deborah BATUSUE