Kinshasa : Avec une eau impropre à la consommation, la REGIDESO soumet ses clients à la nuisance sonore 

Depuis un certain temps, il s’observe un véritable dysfonctionnement de l’établissement public chargé de capter, traiter et distribuer l’eau potable en République démocratique du Congo, la REGIDESO. A Kinshasa, comme partout ailleurs en provinces, où elle est installée, la REGIDESO a réussi tout de même à falsifier dans la tête de ses clients, la définition d’une eau potable connue comme «  eau douce propre à la consommation humaine qui peut être utilisée sans restriction pour boire ou préparer la nourriture ».

Une eau impropre à la consommation

Plus de 2/3 des kinois ne boivent plus de l’eau fournie au robinet par la REGIDESO. Cela à cause de son insalubrité. Le peu de consommateurs qui l’utilisent recourent souvent à des procédés peu orthodoxes, notamment le filtrage, la purification, et l’ébullition avant toute consommation. Ce qui les rend encore plus vulnérables.  

Cette eau multicolore traverse un vieux réseau des tuyaux avant d’arriver à la destination. Elle draine ainsi des substances assimilées qui altèrent totalement sa qualité. Pourtant, chaque individu qui est passé par le banc de l’école sait que l’eau propre est inodore, incolore, insipide, et limpide. 

Tenez, dans la capitale congolaise, l’on peut bien se réveiller le matin et voir couler de son robinet un liquide rougeâtre. Il suffit de le laisser reposer quelques heures dans un récipient, alors l’on s’apercevra bien de la réalité. Parfois, ce sont les résidus de la rouille qui se stockent dans le fond de celui-ci. Cela à cause de la vétusté de ces tuyaux. Et pourtant, la majeure partie des abonnés honorent leurs factures. A quoi sert réellement cet argent, s’interroge-t-on ?

Pire encore, si l’on lève l’option de bouillir cette eau, réputée traitée par la REGIDESO. Le résultat est effroyable. Les cœurs sensibles s’abstiennent d’y jeter un coup d’œil, de peur de vomir.

Une eau à la base des maladies

Nombreux kinois interviewés affirment ne plus boire l’eau de la REGIDESO. Les 99% de nos interlocuteurs ont, ou presque, la même raison. « Quand je prends l’eau du robinet, j’ai mal au ventre. Parfois, je fais de la diarrhée », nous confie Madame Ngalula, habitante de Kinshasa.

Et d’ajouter, « Cela fait plus de 5 ans que je ne consomme que de l’eau en bouteille plastique. Je n’aime pas bouillir l’eau à boire, car elle contient beaucoup de saletés ».

Cette habitante de Limete n’est pas la seule à détester les services de la REDIGESO dans son quartier, mieux encore dans sa commune. « L’eau de la REGIDESO est très sale. Parfois elle sens mauvais. Nous avons vu de plumes sortir de notre robinet. Cela fait une année que nos robinets sont secs. Malgré ça, la société ne cesse de nous envoyer des factures », raconte Deborah Batusue, habitante du quartier Libération dans la commune de Selembao.

La ville de Kinshasa est devenue l’épicentre des maladies hydriques, à cause notamment du manque d’eau potable, mais aussi et surtout à cause de la mauvaise qualité de l’eau de boisson que la REGIDESO fournit à ses clients.

Parfois, par manque de cette denrée qui malgré sa qualité est devenue rare dans plusieurs communes de la capitale, certains habitants recourent à l’eau de puits, avec toutes les conséquences sanitaires qui vont avec.

Le comble est de constater parfois que les clients sont facturés sans avoir consommé de l’eau. « J’habite la Commune de Mont Ngafula, parfois je reste éveillé jusqu’à 3h du matin pour attendre l’eau. Il y’a de fois on fait même 5 jours sans être desservis en eau. Mais, à la fin du mois, la REGIDESO nous oblige à payer la facture. C’est une injustice », se plaint Henry Mawezo, habitant de Kinshasa.

Aux maladies hydriques, les psychosomatiques

Comme si cela ne suffisait pas, la REGIDESO a trouvé une astuce pour ajouter aux maux des kinois, un autre. Aux côtés de maladies hydriques, il faut ajouter celles psychosomatiques. Son unique intérêt est l’argent. Pour cela, tous les moyens sont permis.

Depuis l’année 2021, l’on a vu émerger le phénomène « crieurs ». Il s’agit des individus munis de mégaphones à basse fréquence. Ces journaliers engagés pour la cause n’ont pour tâche que de crier chaque jour pour rappeler aux consommateurs les échéances de règlement de leurs factures.

Ils commencent leur journée dès l’aube. Autour de 5 heures du matin. Sous le sommeil, les clients sont soumis quotidiennement à une nuisance sonore qui ne dit pas son nom. 

Si ailleurs, c’est une ou deux personnes qui traversent chaque avenue, à Limete Funa par exemple, c’est tout un véhicule 4×4 remplis des crieurs munis d’au moins 5 mégaphones, qui crient en chœur, à boucher les tympans. “Soki ofuti mayi te, tozokataaaa” (Si tu ne paies pas ta facture, nous allons te déconnecter).

Selon un médecin interrogé à ce sujet, « cette pratique est très nocive pour la santé. Il y’a des personnes qui ont du mal à trouver le sommeil la nuit, pour plusieurs raisons. Ils en trouvent peut-être autour de 4h ou 5h du matin. A peine dormies, elles sont réveillées par le bruit assourdissant de la REGIDESO. Une telle exposition peut provoquer plusieurs maladies », a-t-il prévenu.

Décidément, la REGIDESO qui a la puissance publique, notamment le recours à la Police nationale, semble en faire à sa tête. D’aucuns s’interrogent sur la motivation de cette vieille entreprise de l’Etat congolais à recourir à cette méthode qui viole les droits du consommateur.

Curieusement, aucun élu du peuple n’a encore eu le courage d’interpeller les autorités de la REGIDESO pour avoir les explications nécessaires sur ce cocktail mortel (eau impropre et nuisance sonore) qui risque de faire plus de victimes dans les jours à venir. 

Abandonnés à son triste sort, les kinois doivent encore et toujours prendre leur mal en patience, et subir la loi du plus fort. Car, à Kinshasa, il faut consommer de l’eau impropre, tomber malade et honorer sa facture à la REGIDESO. Faute de quoi, il faut s’exposer aux bruits des mégaphones et tomber malade. 

Toute chose restant égale par ailleurs, il y a lieu d’affirmer que « Mboka esi ekufa kala… Eloko ya koyiba eza n’anongo te», néanmoins notre santé et espérance de vie sont volées au quotidien.

Nous y reviendrons.

Alfredo Prince NTUMBA

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Un commentaire sur “Kinshasa : Avec une eau impropre à la consommation, la REGIDESO soumet ses clients à la nuisance sonore 

  1. Vraiment, c’est une histoire que nous vivons partout, pour ne pas dire dans la capitale… Très décevant

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