« La nouvelle carte mondiale, publiée aujourd’hui dans la revue Nature Sustainability, s’appuie sur une étude décisive qui a introduit le concept de carbone irrécupérable. Ces recherches révèlent que la moitié du carbone irrécupérable terrestre est fortement concentré sur seulement 3,3 % des terres, principalement les mangroves, les forêts anciennes et les tourbières, telles que celles de la région du bassin du Congo », révèle cette étude.
A en croire Monica Noon, scientifique de Conservation International et principale auteure de l’étude, le bassin du Congo abrite à lui seul 6 % de l’ensemble du carbone irrécupérable sur Terre, dont une grande partie est stockée sous terre, dans les sols. « Nous nous trouvons à un moment clé pour l’action climatique : nous possédons la science et les solutions, et nous savons que des régions comme celles-ci sont essentielles à la stabilité climatique mondiale », a-t-elle précisé.
Les chercheurs affirment par ailleurs que l’identification des écosystèmes contenant les plus grandes réserves de carbone irrécupérable aidera les gouvernements à concentrer les efforts mondiaux pour protéger 30 % des terres d’ici 2030. La conservation ciblée produirait des gains importants : les chercheurs ont établi que la protection de seulement 5,4 % des terres renfermant des volumes élevés de carbone irrécupérable, en plus du volume actuellement situé dans des zones protégées, empêcherait 75 % du carbone irrécupérable de la Terre d’être libéré dans l’atmosphère.
Ces vastes réserves de carbone sont équivalentes à 15 fois les émissions mondiales de combustibles fossiles libérées l’année dernière. Ces écosystèmes renferment ce que les chercheurs appellent du « carbone irrécupérable », des réserves denses en carbone qui, si elles sont libérées en raison de l’activité humaine, ne pourraient pas être récupérées à temps pour permettre au monde de prévenir les impacts les plus dangereux du changement climatique.
Le bassin du Congo renferme 30 pour cent du carbone des tourbières tropicales mondial, aujourd’hui connu comme l’un des écosystèmes les plus irremplaçables de la Terre pour ce qui est de la sécurité climatique mondiale.
« Savoir que le carbone irrécupérable est concentré dans les tourbières et les arbres de cette région peut aider à guider la protection de ces écosystèmes que nous savons maintenant être essentiels au climat terrestre », a déclaré Monica Noon, scientifique de Conservation International et principale auteure de l’étude.
Selon l’étude Nature Sustainability, les écosystèmes de carbone irrécupérable les plus importants et les plus denses, en plus du bassin du Congo, comprennent, les forêts tropicales et les tourbières du biome amazonien (31,5 gigatonnes de carbone irrécupérable) ; les îles d’Asie du Sud-Est (13,1 gigatonnes) ; les forêts tempérées du nord-ouest de l’Amérique du Nord (5,0 gigatonnes) ; les mangroves, les herbiers marins et les zones côtières sous l’influence des marées dans le monde (4,8 gigatonnes).
Les scientifiques renseignent que les forêts gorgées d’eau et les tourbières tropicales du bassin du Congo renferment 8,1 milliards de tonnes métriques de carbone irrécupérable, ce qui équivaut à plus de 20 fois les émissions annuelles de l’Afrique, et présentent certaines des concentrations les plus élevées de carbone irrécupérable dans le monde.
Alfredo Prince NTUMBA