« Nos résultats indiquent une forte évolution en cours du régime des précipitations vers un climat plus saisonnier avec des saisons sèches plus longues et des saisons des pluies plus courtes mais intenses. Ceci est conforme aux rapports faisant état d’un raccourcissement de la durée de la saison des pluies et d’une augmentation de l’activité orageuse et de la foudre dans le Bassin du Congo », a-t-il indiqué .
A en croire Monsieur Kasongo Yakusu, le changement de régime de précipitations s’accompagne d’une forte tendance au réchauffement, avec une augmentation rapide de la fréquence des jours et nuits chauds et une diminution de la fréquence des jours et nuits frais. Ce changement en cours vers un climat plus chaud et plus saisonnier peut avoir des conséquences importantes sur les secteurs de la vie en général (agriculture, agroforesterie, ressources en eau, santé, etc.) et la composition et le fonctionnement des forêts du bassin du Congo en particulier.
« Il s’avère qu’il est impérativement urgent notamment de financer efficacement et conséquemment la recherche climatique dans les pays du bassin du Congo pour mieux surveiller en temps réel le changement climatique au niveau national et régional en vue d’améliorer les politiques et stratégies de gestion durable des forêts et autres ressources naturelles stratégiques à la fois nationales et régionales », a-t-il proposé.
Kasongo Yakusu fonde ses convictions sur une récente étude, avec la contribution et la collaboration scientifiques de chercheurs de l’Université de Kisangani, Institut National pour l’Etude et la Recherche Agronomiques (INERA), Université de Gand, Musée Royal de l’Afrique Centrale, Institut Royal Météorologique de Belgique et Florida State University. Cette étude présente un ensemble de données nouvellement numérisées de la température minimale et maximale, et des précipitations quotidiennes de la Réserve de Biosphère de Yangambi, couvrant la période de 1960 à 2020, soit 61 ans.
« Ces enregistrements sont très importants car la station est située au milieu d’une vaste région où la couverture des stations est très faible. Ces données ont été comparées avec les données mensuelles de température et des précipitations générées par des satellites pour étendre nos résultats à l’échelle du bassin forestier du Congo », a-t-il précisé.
Au cours de cette conférence organisée par la Plateforme Afrique de l’Association de l’Université de Gand (Africa Platform of the Ghent University Association), ce scientifique congolais est revenu tôt de même sur l’effondrement dramatique du réseau de surveillance climatique au sol dans le bassin du Congo entre 1960-2020.
« Alors que l’Afrique centrale était couverte par jusqu’à 1219 stations climatiques dans les années 1960, 1970 et 1980, le réseau s’est dramatiquement effondré par la suite. En particulier, le bassin du Congo. La (RDC) a été mal couverte au cours des dernières décennies. Pendant cette période, les stations répertoriées sont estimées à 727 (soit un taux de déclin de ± 40% de 2000-2020). En plus, il faut en déduire les stations ne disposant pas des données chronologiquement continues et non utilisables », s’est-il inquiété.
Il a par ailleurs conclu que les résultats de la science climatique pourront permettre aux décideurs politiques et à tous les acteurs du développement multisectoriel de mieux répondre aux questions liées aux stratégies d’adaptation et d’atténuation de chaque secteur de la vie face aux impacts du changement climatique.
Alfredo Prince NTUMBA