Forêt : 27 scientifiques interpellent les décideurs mondiaux sur les conséquences de la levée du moratoire sur les forêts congolaises

Dans une correspondance destinée aux représentants des gouvernements de : Belgique, France, Allemagne, Norvège, Royaume-Uni, Pays-Bas, Corée, Japon, États-Unis, aux membres de l’Initiative pour les Forêt de l’Afrique Centrale  (CAFI), du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo, de l’UE, de la FAO, du PNUD, du PNUE, de la Banque mondiale, 27 scientifique de renommée mondiale qui ont travaillé sur la gestion des forêts congolaises alertent sur les conséquences de cette levée. 

Nous pensons que la levée du moratoire, en place depuis 2002, aura des impacts environnementaux, sociaux et climatiques catastrophiques, notamment dans un contexte où la gouvernance forestière reste chroniquement faible voire inexistante. La levée du moratoire pourrait entraîner l’ouverture à l’exploitation industrielle de dizaines de millions d’hectares de forêt tropicale actuellement vierge”, peut-on lire dans cette lettre.

A en croire ces scientifiques, en plus de causer des dommages écologiques immédiats et une fragmentation de la forêt, à long terme, les conséquences de la levée du moratoire pourraient être catastrophiques. Comme cela a été largement démontré en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’exploitation commerciale, même si ce n’est que pour des essences de bois sélectionnées, est généralement le début d’un processus irréversible conduisant finalement au défrichement complet de la forêt, une cascade de déforestation.  

Ils craignent tout de même que les tourbières d’importance mondiale situées sous les forêts soient probablement menacées. “Toutes les zones forestières de la RDC sont habitées à la fois par des « agriculteurs forestiers » et des Pygmées chasseurs-cueilleurs autochtones. Pour eux, la dépendance à la forêt est totale, sa destruction est un désastre. Contrairement aux affirmations fréquentes, l’industrie forestière a rarement apporté des avantages sociaux ou économiques aux populations locales, seulement la perte de ressources dont elles dépendent – ​​tout en servant de vecteur majeur de corruption à tous les niveaux de gouvernement”.

Si jamais cette bombe de carbone serait perturbée, la conséquence pourrait être l’ajout de milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère, ainsi que l’extinction d’espèces sauvages.

Les scientifiques pensent par contre que la levée du moratoire sur l’exploitation forestière menace de saper de nombreux efforts internationaux de protection des forêts dans le pays, notamment l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (CAFI), le programme REDD juridictionnel du Fonds carbone de la Banque mondiale à Mai Ndombe, le Programme d’investissement forestier, le CARPE soutenu par l’USAID, et l’intégrité des programmes d’aires protégées gérés par la GIZ et la KfW.

Ils en appellent par ailleurs aux dirigeants mondiaux de faire des interventions  dans les termes les plus forts possibles au gouvernement de la RDC, et en particulier au Président  Félix Tshisekedi, qu’une levée du moratoire est malvenue et un désastre  à la fois pour la RDC elle-même et la communauté mondiale au sens large ;

Offrir de fournir un plus grand soutien technique et financier aux mesures alternatives, telles que la foresterie communautaire, comme moyen de conserver la forêt tout en en tirant des avantages pour le développement.

Fournir un soutien pour mieux contrôler l’industrie forestière existante en RDC et réduire son impact environnemental et social . 

Par contre, en cas de poursuite de la procédure de la levée du moratoire, les scientifiques recommandent la suspension du financement par le biais de vos programmes respectifs aux agences gouvernementales de la RDC  pour la foresterie et la conservation des forêts s’il n’y a pas de réponse positive à ce qui précède.

Signataires :

  1. Professeur Corneille Ewango Ekokinya, Faculté de Gestion des Ressources Naturelles Renouvelables, Université de Kisangani, R.D. Congo
  2. Professeur JJ Mbimbi Mayi Munene, Fac. des Sciences,  Université de Kinshasa
  3. Professeur Serge Pangu, Fac. des  Sciences, Université de Kinshasa
  4. Professeur Menga , Fac. des  Sciences, Université de Kinshasa
  5. Professeur Jonas Nagawedi, Fac. des  Sciences, Université de Kinshasa 
  6. Chef de Travaux EMmanuel Djamba, Faculté d’Agronomie, Université de Kinshasa
  7. Professeur Mulaji, Fac. des Sciences, Université de Kinshasa
  8. Professeur Modeste Kisangala,  Fac. des Sciences, Université de Kinshasa
  9. Assistant Lionel Asamboa, Fac. des Sciences, Université de Kinshasa
  10. Chef de Travaux Boika,Sénateur honoraire, Département de Biologie, ISP-Mbandaka
  11. Professeur Gisèle Makengo, Fac. des Sciences, Université de Kinshasa
  12. Professeur Raymond Sangabu, FASEG, Université de Kinshasa
  13. Chef de Travaux Julien Mathe, Département de Biologie, ISP Mbandaka
  14. Dr Greta Dargie, University of Leeds, UK.
  15. Ndoni Mcunu, Climatologue, Afrique du Sud
  16. Dr Krupa Naran, Biomedical Research Scientist, South Africa
  17. Professor Stefan Barth, SARChI Chair in Cancer Biotechnology, University of Cape Town
  18. Professor Richard Betts MBE, University of Exeter
  19. Shona Jenkins, PhD candidate, CongoPeat Project, University of Edinburgh, UK
  20. Dr Ian Davenport, University of Edinburgh, UK
  21. Dr. Paul J. Morris, Associate Professor, University of Leeds, UK
  22. Professor Edward Mitchard, University of Edinburgh, UK
  23. Dr Pauline Gulliver, University of Glasgow, UK
  24. Professor Susan Page, University of Leicester, UK
  25. Selena Georgiou, PhD candidate, CongoPeat Project, University of Edinburgh, UK
  26. Dr Arnoud Boom, University of Leicester, UK
  27. Matteo Sciumbata, MSc, CongoPeat Project, University of Amsterdam, Netherlands

Alfredo Prince NTUMBA

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