Les kinois le savent bien, la saison sèche démarre habituellement vers le milieu du mois de mai. Mais, curieusement, cette année fait l’exception. Depuis le début du mois de juin, la température avoisine facilement 36° centigrades, une situation assez anormale qui intrigue plus d’un observateur.
A chaque changement de saison, l’organisme humain est souvent secoué car, devant s’acclimater et s’adapter à cette période caractérisée par le froid et ou les températures basses. Cette situation est souvent à la base de la grippe saisonnière.
Cette année, la situation est bien plus complexe, car c’est durant cette période que le Coronavirus a décidé de faire monter les enchères. Avec des chiffres assez alarmants qui avoisinent parfois 500 cas de contamination en un seul jour, la pandémie semble prendre sa revanche sur les kinois.
Comme cela ne suffisait pas, Ekonda, de son nom scientifique paederus pour certains chercheurs, coléoptère ou cantharides pour d’autres s’est invité à la fête.
Cet insecte décoré en rouge noir est nuisible à la peau. Il fait partie de la famille des staphylinidae. Selon les scientifiques, sa présence ou son écrasement sur la peau provoque la dermite, qui est une inflammation de la peau.
Une fois écrasé sur la peau, cet insecte libère un liquide (hémolymphe) qui possède une molécule appelée pédérine, plus toxique que le venin de certains serpents. La pédérine provoque dans 12h à 36h une dermatite (inflammation de la peau). Avec érythème (rougeur de la peau), puis phlyctème (les ampoules liquidiennes) et des lésions douloureuses.
Comment traiter une peau affectée par ekonda? Faut-il appliquer le dentifrice sur la partie affectée comme le font certaines personnes ? Une dermatologue des Cliniques Universitaires de Bukavu et de l’Hôpital Saint-Luc de Bukavu, dans le Sud-Kivu explique que cet insecte ne pique pas. C’est une fois écrasé sur la peau qu’il sécrète une substance appelée cantharidine.
« Cette rougeur a des boutons tout autour. Ces boutons contiennent des bulles. Alors, il faut tout simplement éviter de les écraser. Il n’y a pas de prise en charge spécifique mais ce qu’on peut faire c’est utiliser des anti-inflammatoires car la rougeur est due à l’inflammation. Il faut éviter d’écraser ces bulles car si elles collent à la peau, on enflamme une autre partie qui entrera en contact avec ce liquide. Ce qu’il faut faire dans ce cas, c’est nettoyer la partie infectée avec de l’eau propre tout court ou associée à l’antiseptique. Par rapport à l’utilisation des dentifrices, souvent ça crée des complications plus tard, que nous appelons exéma de contact au dentifrice ou irritation due au dentifrice », a indiqué Dr Pascaline Ngolo Masudi.
Que ressent une personne dont la peau est enflammée par ekonda ? une victime répond sous anonymat : « Je ressens une chaleur et une douleur incroyables ».
Alors, il faut éviter tout incident si pas toute collusion avec ekonda. Pour cela, vous devez éviter d’être en contact direct avec la lumière la nuit, éviter de rester longtemps sous un arbre, tâcher de bien vérifier votre linge une fois retirée de l’endroit où vous l’exposez, le soir surtout, de peur d’emmener ekonda vous-même dans la maison, bien secouer les habits retirés des sèche-linges, et enfin, bien inspecter votre lit avant de vous coucher car, un ekonda qui s’est infiltré dans la maison peut s’y inviter surtout si la chambre est éclairée. Ce dernier pourrait être plus fatal.
En attendant l’annonce des mesures draconiennes contre la propagation de la Covid-19 telles que promises par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, les kinois se doivent de garder encore leur calme, et faire avec.
Sarah MANGAZA