Conservation : Affaire Ferme Espoir contre Timothée Mbuya, le Tribunal se déclare non saisi

Devant la justice, la société civile environnementale considère la mise en accusation de Maître Timothée Mbuya comme une stratégie d’intimidation à l’endroit des défenseurs des droits de l’homme et ceux des droits de l’environnement à travers le pays.

Le secrétaire exécutif de l’Observatoire d’Etudes d’Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale (OEARSE), Freddy Kasongo , a au nom de son organisation joint sa voix dénonciatrice à celles d’autres défenseurs des droits de l’Homme qui se sont mobilisés pour exprimer leur mécontentement suite à la convocation de leur collègue.

« Nous pensons qu’il est inacceptable qu’un défenseur des droits humains se retrouve devant les juridictions du pays pour s’être exprimé au nom de son organisation, sur un rapport publié », a-t-il déclaré.

Il a par ailleurs insisté qu’il appartiendrait aux services étatiques spécialisés de diligenter des enquêtes et de vérifier si les allégations portées contre la Ferme Espoir sont fondées ou pas.

« Même à ce stade et dans le cas où les allégations ne seraient pas fondées, ce n’est pas l’individu Timothée Mbuya qui devrait se retrouver devant les juridictions. Mais c’est plutôt l’organisation JUSTICIA Asbl », a-t-il insisté.

Freddy Kasongo rappelle qu’il est urgent que les autorités du pays comprennent que les acteurs de la société civile sont des lanceurs d’alertes et à ce titre, ils méritent la protection pour continuer à bien faire leur travail et permettre aux gestionnaires de se sentir redevables.

Pour rappel, JUSTICIA Asbl est une organisation non gouvernementale basée à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga. Elle milite pour la promotion et la protection des droits de l’Homme, du droit humanitaire et de développement. JUSTICIA Asbl a rendu public le 31 décembre 2021 son rapport d’études intitulé “Spoliation des Parcs nationaux de l’Upemba et de Kundelngu : graves risques de la perte des espèces animales et violations des droits environnementaux”. Ce rapport décrit le niveau de spoliation des deux parcs nationaux par un particulier.

Qu’est-ce qui a été constaté par Justicia Asbl ?

Selon le communiqué de presse de cette organisation, les enquêteurs de JUSTICIA Asbl ont pu relever quelques faits majeurs de spoliation de ces deux parcs. Une spoliation qui contribue à une détérioration substantielle de l’écosystème.

« Une spoliation manifeste du parc par la Ferme Espoir (Ranch Kundelungu) qui a érigé une clôture au-delà de ses limites originales en privant le Parc National de Kundelungu de la faune et flore de la grande étendue ainsi spoliée en violation de la loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature », indique ce communiqué.

Au Parc National l’Upemba par contre, des villages se sont créés dans le parc où certains ont la réputation des villages appartenant aux miliciens maï-maï. C’est le cas du village Mbwe où les habitants qualifiés de maï-maï pratiquent le braconnage et créent le long du lac Upemba des camps de pêche qui se sont transformés en villages à la base des conflits entre les hommes et les éléphants.

Un barrage Hydroélectrique de Sombwe en construction par la société Kipay en partenariat avec  Power China  qui est une entreprise étatique détenue à 100% par l’Etat chinois,  sur la rivière Lufira  à l’intérieur du Parc National de l’Upemba avec risque de priver plusieurs personne habitant les territoires de Malemba-Nkulu et Bukama de leur activité principale qui est la pêche ainsi que la perte estimée d’environ 60 km² de terres forestières dans le Haut Katanga suite aux changements dans l’hydrologie et la charge sédimentaire en aval de la rivière.

Pour cette organisation de la société civile, le barrage est un obstacle physique aux migrations longitudinales de poissons. En somme les deux grandes spoliations (Ranch Kundelungu et Barrage hydroélectrique de SOMBWE) constituent un grand préjudice pour la République démocratique du Congo qui ne démontre pas sa capacité à conserver les aires protégées en raison des espèces animales et végétales rares qui s’y trouvent, alors que cette zone est classée comme aire protégée de la catégorie II des parcs nationaux selon le statut de l’UICN.

Notons que les acteurs de la société civile se sont mobilisés autour de ce dossier pour montrer leur unité à l’endroit de Me Timothée Mbuya.

Depuis Lubumbashi, Demester Maloba

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