Comme la plupart des autres mégapoles de la planète, Kinshasa est confrontée à de multiples défis. Avec pratiquement 15 millions d’habitants, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) est connue pour ses embouteillages monstres, une pauvreté omniprésente, un approvisionnement électrique erratique, des décennies de violences et une vulnérabilité intrinsèque aux inondations, sécheresses et autres chocs climatiques. Sans compter la pandémie de COVID-19, qui a fragilisé le bien-être économique et sanitaire des Kinois.
Cette situation n’a rien d’exceptionnel : la trentaine de mégapoles (a) recensées dans le monde (agglomérations d’au moins 10 millions d’habitants) connaissent la plupart de ces défis urgents. Si la majorité des êtres humains (55 %) vivent déjà en ville, ce chiffre devrait franchir la barre des 60 % à l’horizon 2030. En Afrique subsaharienne, l’urbanisation rapide risque de tripler le nombre de citadins entre 2020 et 2050, de 441 millions à 1,3 milliard. En RDC, 45 % des habitants vivent en zone urbaine, pour les trois quarts dans des bidonvilles. Le nombre de citadins y a augmenté de 4,5 % en 2020, l’équivalent chaque année de l’arrivée de 1,5 million nouveaux résidents.
Comme bon nombre d’autres villes, Kinshasa devrait connaître dans un avenir proche des températures plus élevées, des précipitations et des inondations plus sévères et des épisodes de sécheresse plus fréquents — autant de phénomènes qui pénaliseront la productivité des entreprises et des industries. Ces changements risquent d’endommager les infrastructures avec des conséquences potentiellement dramatiques, notamment pour les petits agriculteurs et les citadins pauvres, qui seront encore amplifiées par une urbanisation effrénée et anarchique.
Seules des mesures concrètes permettront de gérer la concentration toujours plus importante d’habitants dans les zones urbaines de RDC, en particulier à Kinshasa, et l’accentuation des effets du changement climatique. En s’attelant à ces défis, Kinshasa peut être à l’avant-garde du mouvement en faveur de villes plus durables.
Seules des mesures concrètes permettront de gérer la concentration toujours plus importante d’habitants dans les zones urbaines de RDC, en particulier à Kinshasa, et l’accentuation des effets du changement climatique.
Kinshasa, une capitale durable et résiliente
Le projet Kin Elenda de la Banque mondiale (ou « Kinshasa durable et résiliente ») reconnaît la nécessité de renforcer rapidement les capacités institutionnelles de gestion urbaine et d’améliorer l’accès aux infrastructures, aux services et aux débouchés socio-économiques dans la plus grande ville d’Afrique. D’une durée de cinq ans, ce projet de 500 millions de dollars est financé à parts égales par des dons et des crédits de l’Association internationale de développement (IDA) afin d’améliorer les infrastructures mais aussi de renforcer l’inclusion et la résilience au sein des communautés.
Censé démarrer en 2022 avec pour principal objectif de renforcer la résilience au changement climatique, il bénéficie d’une forte adhésion des responsables politiques du pays à différents niveaux et des entités qui en bénéficieront, à l’image des entreprises de services publics.
Les investissements du projet Kin Elenda en faveur de la durabilité, qui prolongent des projets existants, visent à procurer des revenus à la ville. Les solutions nécessitant peu d’entretien sont privilégiées : éclairage urbain solaire, revêtements et matériaux durables pour les routes, les trottoirs, les murs et autres aménagements extérieurs, et plantes autochtones xérophiles. Les moyens technologiques pour l’approvisionnement en eau, la gestion des déchets solides et l’assainissement seront mobilisés en fonction des besoins d’exploitation et de maintenance. Associées à des études de viabilité financière et au renforcement des capacités requises, ces approches contribueront à la viabilité à long terme de ces services. Le projet appuiera également l’amélioration de la planification urbaine et la génération de recettes, participant ainsi au renforcement des services et de la gouvernance.
D’une durée de cinq ans, ce projet de 500 millions de dollars est financé à parts égales par des dons et des crédits de l’Association internationale de développement (IDA) afin d’améliorer les infrastructures mais aussi de renforcer l’inclusion et la résilience au sein des communautés.
Privilégier les infrastructures résilientes
Le projet Kin Elenda pour Kinshasa est l’une des nombreuses initiatives visant à accompagner l’essor rapide des villes africaines afin d’accroître leur résilience face aux inondations et autres catastrophes naturelles, tout en améliorant l’aménagement du territoire, les infrastructures urbaines et les services et en réhabilitant les quartiers informels.
En Côte d’Ivoire par exemple, le gouvernement travaille avec la Banque mondiale pour réduire l’empreinte carbone du système de gestion des déchets solides d’Abidjan et le rendre plus résilient. Le projet de 315 millions de dollars financé par l’IDA contribuera à la construction d’un nouveau centre d’enfouissement technique et à l’optimisation des itinéraires de transport des déchets.
À Dar-es-Salaam, en Tanzanie, où 70 à 80 % des habitants vivent dans les quartiers les plus exposés aux inondations, des scientifiques citoyens secondés par des drones ont permis d’affiner la précision des cartes pédologiques et les décisions d’urbanisme. Grâce à cette approche, le programme de résilience urbaine en Tanzanie (a) a pu réaliser une modélisation des inondations à un coût très inférieur à celui des relevés traditionnels et avec un degré d’exactitude supérieur.
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