Conservation : Légalisation du braconnage en RDC, et si Bazaiba annulait l’arrêté de son prédécesseur ?

Cet arrêté de neuf articles stipule dans son article 4 que, « Les espèces animales totalement protégées, figurant au tableau 2 en annexe du présent Arrêté ́, ne peuvent être chassées qu’en vertu du permis prévu par la réglementation en vigueur. Les espèces animales partiellement protégées, figurant au tableau 3 en annexe du présent Arrêté́ ainsi que les espèces animales non protégées, figurant au tableau 4 en annexe du même Arrêté́, ne peuvent être chassées qu’en vertu d’un permis de chasse ou d’un certificat d’origine, selon le cas ».

Selon cet arrêté interministériel, il suffit d’une taxe de 1 925 USD pour s’offrir un gorille de montage, ou de plaine, ou encore 1 640 USD pour détenir en captivité cette espèce totalement protégée et menacée d’extinction.

Un éléphant de savane (forêt, nain…), un bonobo, un chimpanzé à faire noire, ou un zèbre peut être abattu à seulement 2 885 USD. Ces espèces peuvent bien se retrouver en captivité en s’acquittant allègrement de sa petite taxe de 1 860 USD.

A seulement 100 USD, l’on peut bien se régaler avec la viande du pangolin géant et jeter ses écailles à la poubelle. De toutes ces espèces énumérées selon leur classification, seule le Chevrotain aquatique peut faire gagner à l’Etat congolais 12.000 dollars américains.

D’aucuns s’interrogent sur ce qu’a été la réelle motivation de l’ancien ministre de l’environnement et de son collègue des finances de brader la biodiversité congolaise à un vil prix d’autant plus qu’une espèce animale vivante vaut 100 fois plus que celle tuée.

Après la publication de notre article relatif à la dénonciation faite par le directeur général de l’ICCN, des langues se sont déliées pour dénoncer le capitalisme à outrance que veut promouvoir le gouvernement congolais.

« Nous ne serons pas d’accord avec cette mesure. Que le gouvernement renforce l’application de la loi et lutter contre les criminalités fauniques », s’indigne Josué Aruna, acteur de la société civile du Sud-Kivu.

Tout de suite après la diffusion, les réseaux sociaux se sont enflammés. « C’est totalement inacceptable de légaliser le braconnage en mettant en danger l’exceptionnelle biodiversité dans nos aires protégées », s’indigne un follower.

Et l’autre d’ajouter, « Quelle contradiction ? C’est quoi la différence avec tuer les éléphants pour leurs ivoires. Tu trouveras que c’est un congolais de père et de mère qui propose des lois pareilles et dira qu’il aime son pays. Allez chercher de l’argent ailleurs… Nous sommes tous congolais et nous nous battrons contre cette loi, donc vous êtes là uniquement pour faire l’argent ? #Salonga sortait de la liste pour ce projet ?? On comprend bien maintenant ».

Si du côté des partenaires à la conservation aucune réaction n’a encore été enregistrée jusque-là, certes, ils attendent voir comment Eve Bazaiba réagirait à ce pavé jeté dans la marre.

Aux gros maux, gros remèdes dit-on, la vice-premier ministre devra urgemment par principe de parallélisme de forme prendre un arrêté pour abroger ce controversé arrêté pris en 2020.

Alfredo Prince NTUMBA

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