Biodiversité : Dieudonné Trinto, « Nous devons changer de paradigme »

« Pour conserver la biodiversité nous devons changer de paradigme, la connaître et apprécier son rôle dans la survie de l’humanité. L’exploiter durablement en cultivant, impliquer tous les citoyens à partir du bas âge à apprécier le rôle vital de la biodiversité et ses différents avantages pour l’humanité », a-t-il déclaré.

Pour ce conservateur de la biodiversité, aujourd’hui à la retraite, la variété de la vie sur terre sous toutes ses formes comprend le nombre d’espèces, leur variation génétique et l’interaction de ces formes de vie au sein des systèmes naturels appelés écosystèmes. 

Sans écosystèmes sains, l’homme manquera des éléments essentiels pour vivre. L’alimentation, l’habillement, l’air frais, le cycle de l’eau et le puits carbone.

Environews : L’humanité a célébré la journée mondiale de la Biodiversité, sous le thème : « Nous faisons partie de la solution », avez-vous un mot à placer là-dessus ?

Dieudonné Trinto Mugangu : Nous faisons partie de la solution. Effectivement l’être humain peut apporter la solution à la perte de la biodiversité de la planète terre. Le fait d’en prendre conscience démontre que la solution est à notre portée. Car, c’est l’humanité qui est à la base de la perte de la biodiversité, appelée aussi érosion de la biodiversité. 

La solution à ce problème mondial sera de changer de paradigme, changer d’attitude et de comportement vis-à-vis de la biodiversité en reconnaissant le rôle de la diversité biologique dans les équilibres des systèmes naturels ou écosystèmes, car chaque espèce de plante ou d’animal ou d’autres êtres (algues, fougères, champignons) ont un rôle important à jouer.

Prenons l’exemple de l’abeille. C’est elle qui permet la fertilisation de nombreuses espèces de plantes à fleurs. Si elle manque de reproduction. Donc, la biodiversité joue un rôle très crucial pour la survie de l’humanité.

Environews: Quels sont les facteurs considérés comme déclencheurs des menaces de la biodiversité ?

Dieudonné Trinto Mugangu : Les grandes menaces sur la biodiversité ou sa perte ou érosion sont : a) la diminution de milieux naturels (dont les facteurs déclencheurs sont l’urbanisme galopant dû à la montée démographique à la surexploitation des éléments de la biodiversité pour nourrir l’humanité, sans pour autant renouveler le stock génétique de germoplasmes (graines et semences) ; b) les espèces exotiques invasives qui remplacent les espèces locales/endémiques.  

C’est le cas des petits rats de Chine qui depuis la construction du stade des Martyrs sont venus dans des conteneurs de Chine. Aujourd’hui, ils ont pris la place de rats domestiques locaux à Kinshasa. C’est le cas de chromolaena odorata (herbe de Siam) du Laos (Sri-Lanka) ; – facilité de transport (bateaux, avions) ; – conteneurs de construction ; – leur utilité ailleurs favorisent leur dissémination. 

C) Le réchauffement à variations climatique, ici chaque espèce animale végétale possède une amplitude de températures où elles peuvent vivre ; d) la pollution des milieux aquatiques (lacs, rivières, océans) y compris les engrais chimiques dans des emblavures cultivées et leur écoulement (les plastiques d’emballage) ; e) le changement dans l’utilisation des terres (déforestation monoculture intensive, urbanisation) 

Environews: Selon vous quelle politique la RD Congo doit mettre en place pour protéger sa biodiversité ? 

Dieudonné Trinto Mugangu : Il faut une politique basée sur l’amélioration des connaissances des espèces de toutes les formes de vie présentes en RDC surtout les endémiques, l’utilisation durable des ressources de la biodiversité, la valorisation de ces ressources naturelles et le renouvellement de stock génétique. Tout cela va passer par la formation à partir du bas âge de congolais à aimer, connaître et protéger leur biodiversité. 

Tout doit être fait pour que les populations locales, les communautés autochtones deviennent les gardiens et propriétaires de la biodiversité. Que les connaissances traditionnelles soient valorisées et patentées par l’État congolais. 

Environews: L’UE a octroyé une enveloppe de 80 millions de dollars dans le cadre  du programme ECOFAC6. Est-ce une solution pour une protection durable de la biodiversité du bassin du Congo ? 

Dieudonné Trinto Mugangu : L’appui extérieur est bien, surtout pour assurer le bon fonctionnement et la gestion des aires protégées. Ce qui est essentiel c’est d’arriver à financer l’utilisation durable de la biodiversité, la conservation des aires protégées qui devraient être vues comme mesure de conserver les germoplasmes et variétés des semences autochtones. Il est important de savoir que le modèle de conservation par les aires protégées a échoué de par le monde : les évaluations du millénaire (2000) et 2010 avec le Programme Aichi l’ont démontré.

Pour conserver la biodiversité nous devons changer de paradigme, la connaître et apprécier son rôle dans la survie de l’humanité ; exploiter durablement en cultivant, impliquer tous les citoyens à partir du bas âge à appelé le rôle vital de la biodiversité et ses différents avantages pour l’humanité.

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