Le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a lancé une campagne de sensibilisation sur l’importance de réduire la consommation de viande de brousse en ville, ce lundi 01 février 2021. Cette sensibilisation est partie du constat sur le fait que la croissance démographique de Kisangani et d’autres centres urbains dans la province de la Tshopo entraîne une demande croissante de viande de brousse, ce qui a des conséquences néfastes sur la faune, les moyens de subsistance, et la sécurité alimentaire.
« Les effets négatifs de cette tendance vont bien au-delà de l’environnement. Les familles des chasseurs en zone rurale ne consomment pas assez de protéines animales dans leurs repas et les chasseurs préfèrent vendre le gibier car c’est souvent la seule source de revenus localement. Cette situation crée un énorme problème de malnutrition dans les communautés les plus vulnérables, où il n’y a pas d’alternatives disponibles. Même si les espèces d’animaux sauvages les plus chassées sont communes et résilientes, la forte demande de viande de brousse entraîne l’épuisement local de certaines espèces très vulnérables dans les forêts autour de Kisangani, » a déclaré Nathalie van Vliet, experte en gestion de la faune au CIFOR.
Des recherches menées par le CIFOR dans la Réserve de biosphère de Yangambi révèlent qu’actuellement les chasseurs vendent plus de 80 % de ce qu’ils chassent. Ce chiffre devrait continuer à augmenter à mesure que le gibier deviendra plus difficile à trouver en raison de la chasse excessive.
“Nous sommes confrontés à une situation critique qui nous appelle à repenser notre système alimentaire. Cependant, la disponibilité limitée d’alternatives abordables et accessibles reste un défi majeur pour inciter des changements de comportement à l’échelle nécessaire”, a rapporté Jonas Muhindo, expert junior au CIFOR
Pour palier au problème de consommation des viandes, le CIFOR vise à appuyer le secteur de production locale porcine et de poulet, à travers un meilleur marketing des fournisseurs des produits à prix compétitifs et le soutien des unités de production dans le secteur de l’élevage. Selon cette organisation, seul le poulet importé est moins cher que la viande de brousse, laissant ainsi peu d’alternatives de viande produite localement.
« Selon nos enquêtes, les consommateurs sont insatisfaits de la qualité de la viande de brousse vendue en ville. En raison de la disparition de la faune dans les alentours de Kisangani, la viande de brousse provient de loin, ce qui implique une durée de transport de plus en plus longue et dans des conditions sanitaires déplorables. Lorsqu’elle est vendue dans les marchés, la viande a souvent déjà entamé un processus de putréfaction. Nous espérons que ce sentiment offre une opportunité pour changer leur comportement et les incitent à privilégier le poulet ou porc local, », a renchéri Jonas Nyumu.
Signalons que cette campagne est soutenue par l’Agence américaine de coopération au développement (USAID) et par l’Union européenne. Les deux partenaires se sont convenus de mettre en œuvre cette campagne de février à mai 2021. Les activités prévues comprennent des spots publicitaires, des affiches informatives et des animations médiatiques.
Albert Muanda