Il a fallu trois jours de travaux intenses pour que les participants à l’atelier des consultations nationales sur le cadre du nouveau partenariat RDC-CAFI, puissent formuler des recommandations pertinentes devant servir de trame de discussions entre le gouvernement congolais et le Fonds CAFI (Initiative pour les forêts d’Afrique Centrale). Des discussions prévues au mois de novembre et qui devront aboutir à la signature d’une lettre d’intention pour un nouveau partenariat qui démarre en janvier 2021, pour une période de 10 ans.
Au cours de ces consultations nationales organisées par le FONAREDD, les participants ont passé au peigne fin les forces et les faiblesses de la mise en oeuvre de la lettre d’intention signée en 2016. Plusieurs points communs ont été relevés comme faiblesse, notamment, le manque de données et des statistiques, la nécessité pour le gouvernement de prendre ses responsabilités pour changer la classification du pays et les risques fiduciaires, les très bonnes lois dont la mise en oeuvre traine, et les défis de la gouvernance et de la capacitation à tous les niveaux.
Aux cotés de ces faiblesses, se dressent aussi les forces, sur lesquelles le nouveau partenariat en gestation pourrait se baser. Il s’agit notamment de la volonté politique manifeste, la prise de conscience sur l’importance de préserver le capital forestier, et l’émergence d’une forte appropriation au niveau des provinces.
Le ministre de l’Environnement et développement durable s’est félicité du travail abattu par les experts. Il a par ailleurs promis une implication sans faille du gouvernement congolais pour la réussite du nouveau partenariat dont les négociations pourraient démarrer au mois de novembre prochain.
« En ma qualité du vice président du comité de pilotage du FONAREDD, je porterais le document final à l’attention des autres membres du gouvernement représentés dans le comité de pilotage, ainsi qu’au chef du gouvernement pour orientations finales. Ceci servira de base pour les négociations qui seront lancées avec CAFI », a indiqué Claude Nyamugabo, ministre de l’EDD.
Malgré la volonté politique clairement affichée, la réalisation des ambitions du pays, nécessitent des moyens conséquents, a renchérit le ministre. Ces moyens techniques et financiers devront aider la RDC à passer du potentiel au réel.
« Nous sommes le pays du potentiel naturel, agricole, énergétique, démographique. Nous avons le devoir de matérialiser ce potentiel en vrai capital sur lequel le bien-être et la prospérité de notre pays peuvent se fonder », a-t-il insisté.
Au regards des attentes du pays, le prochain partenariat devrait s’étendre aux énergies renouvelables, à l’éducation, l’autonomisation de la femme, l’amélioration du climat des affaires, la démographie, la conservation, la restauration et l’augmentation du couvert forestier. Toutes les interventions du fonds devront prendre en compte les 26 provinces de la République démocratique du Congo.
« On a compris que dans le secteur des énergies et de l’agriculture par exemple, on a besoin du secteur privé. Or, pour que le secteur privé vienne, il faut des conditions qui lui permettent de venir. Et donc, on aura un axe climat des affaires », a expliqué le coordonnateur du FONAREDD, Félicien Mulenda.
Le gouvernement congolais compte quant à lui assurer une cohérence dans ses actions. A commencer par la contribution déterminée au niveau national, ainsi que les autres documents cadre placés sous la coordination du ministère de l’Environnement.
Pour les acteurs de la société civile, les travaux de Kinshasa ont permis d’aborder sans ambages certaines questions tabous, et se parler en face avec les différents décideurs au différents niveaux. C’est donc un pari gagné, mais il reste encore à voir si toutes leurs recommandations seront prises en considérations dans le document final.
«Nous avons trouvé gain de cause parce qu’on voulait qu’on puisse réqualifier la question des agences fiduciaires », estime Mathieu Iyela, membre de la société civile environnementale. Elles causent du retard dans la mise en oeuvre de beaucoup d’actions REDD. « Partout où on était, nous avons voulu passer le message que l’on puisse reconnaitre le rôle de la société civile, et que les futures négociations entre la RDC et CAFI soit d’égal à égal».
A l’unanimité, les participants ont émis le voeu de voir dans cette seconde phase du partenariat, les entités et ONGs nationales avoir accès aux financements. Contrairement à la première phase du partenariat, où elles étaient totalement exclues.
Notons qu’une task force sera mise en place pour consolider les différentes recommandation et produire un document final qui sera validé et présenté au gouvernement pour endossement.
Alfred NTUMBA