C’est un constat amer dressé par les inspecteurs forestiers, la Direction du contrôle et vérification interne (DCVI) du ministère de l’Environnement et Développement Durable ainsi que les organisations de la société civile qui continuent leur travail de terrain dans les différents ports de Kinkole à Kinshasa. Ce constat est tel que peu d’exploitants artisanaux du bois d’oeuvre dans les ports visités ce jeudi 16 juillet, sont en ordre avec la réglementation en la matière. Certains exploitants, à l’annonce du passage des équipes, ont du abandonner leurs marchandises. Ainsi, plusieurs grumes et scies mobiles ont été saisies.
« Nous vivons ce que l’autorité ministérielle avait déclaré, qu’il y a une délinquance dans le secteur artisanal du bois. Comme la note circulaire est là, c’est à nous l’Etat d’appliquer la loi. D’ici dix jours, nous allons saisir toutes les grumes illégales qu’il ya ici et arrêter tous ceux qui ne seront pas en ordre avec l’Etat », a prévenu Benjamin Toirambe, secrétaire général à l’Environnement.
Au delà des illégalités forestières constatées notamment dans la tenue des activités de vente et de sciage des grumes de bois, les ports de Kinkole sont un véritable Far west où se mélangent affaires et corruption. Ici, c’est la loi du plus fort qui y règne. Certains exploitants en ordre avec leurs documents ont tout de même décrié les tracasseries administratives auxquelles ils sont confrontés journalièrement de la part des services étatiques et la complicité des autorités dans cette mafia qui ne dit pas son nom.
« Nous souffrons énormément à cause de la tracasserie administrative. Il y’a au moins dix-sept services qui nous contrôlent notamment les marins, la DGM, la Police fluviale, la DEMIAD, l’ ANR, les services spéciaux, la brigade anti fraude, la DCVI national, provincial et communal, mais également le FFN national, provincial et communal, le service de l’hygiène et Assainissement, pour ne citer que ceux-là. Il ne nous reste presque rien après la vente d’une grume. Nous demandons que l’Etat nous mettent un Guichet unique pour que l’argent entre dans le trésor public », s’est plaint André Lopio, exploitant artisanal.
Cette étape de la saisie intervient après celle de la sensibilisation de ces exploitants artisanaux sur le strict respect de l’interdiction d’exploitation, vente et sciage le long et dans les ilots du fleuve Congo.
“Nous sommes encore au deuxième jour de notre mission. Nous avons dressé un PV et évalué l’évolution de la situation pour savoir ce qui a été saisi dans d’autres ports, combien de mètres cubes de bois ont été saisis et ce que décidera l’Administration de faire avec », a déclaré Philipe Nzita, secrétaire exécutif à la CNCEIB
Notons qu’au cours de cette journée, chaque exploitant artisanal du bois a été obligé de présenter les documents qui lui donnent le droit d’oeuvrer dans ce domaine. Une fois vérifiés, les inspecteurs forestiers procédaient in facto au mesurage de son espace de vente, question de se faire une idée sur la capacité d’accueil de ces espaces et tirer des conclusions.
A en croire l’Administration forestière, ces grumes de bois et autres matériels saisi devront être vendus aux enchères à la fin de cette mission. Cette action devra pousser les exploitants artisanaux illégaux à se conformer à la réglementation en vigueur dans ce secteur. Pour cette première journée, près de dix-sept ports ont été visités et contrôlés. Ce travaille devra continuer jusqu’au 23 juillet 2020.
Nelphie MIE