Par Patient Muamba, chargé de campagne, Greenpeace Afrique
Créé en 1970, le parc national de la Salonga est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984 et couvre une superficie d’environ 36.000 km2. Considérée comme la plus grande zone protégée de forêt tropicale dense du continent africain, la Salonga abrite d’importantes espèces de flore et de faune menacées par les activités humaines.
La République Démocratique du Congo est identifiée par Conservation International comme l’un des 17 pays mégadivers dans le monde, sur la base d’espèces endémiques qu’elle compte et d’autres critères tels que la diversité des espèces, la diversité des écosystèmes et la présence de nombreux écosystèmes de forêts tropicales humides.
C’est hallucinant de voir comment un gouvernement qui prône la gestion “durable” des ressources naturelles dans toutes ses rencontres nationales et internationales fait passer l’intérêt financier d’une poignée de personnes avant le bien être de sa population et l’intérêt écologique de la planète.
En 2018 Joseph Kabila a donné son feu vert à deux contrats pétroliers qui empiètent sur Salonga : un avec la société sud-africaine Dig Oil — dont la directrice est une proche de l’ancien juge en chef sud-africain Dikgang Moseneke — et un autre avec une société, COMICO, liée en 2006 à Monfort Konzi, ancien membre dirigeant du Mouvement de Libération du Congo et à un homme d’affaires portugais inculpé pour corruption, selon Global Witness… et dont l’actionnariat actuel est inconnu.
Le 30 avril dernier Dig Oil a déposé une plainte auprès d’un tribunal américain après une décision rendue en 2018 par la Chambre de commerce Internationale de Paris qui avait condamné la RDC à payer une compensation de plus de 600 millions de dollars pour avoir fait traîner le dossier de la firme en longueur pendant onze ans. On a jusqu’au 30 juin prochain à s’exécuter.
Je trouve totalement absurde — et si typique du système capitaliste — que le droit commercial oblige un pays à payer des centaines de millions de dollars pour compenser une multinationale pour ne pas pouvoir aggraver la crise climatique et saccager la biodiversité.
Je n’étais pas surpris de constater que ces projets pétroliers ont été validés par le ministre de l’Environnement de l’époque, Amy Ambatobe, qui a enchaîné des violations de la loi tout au long de son mandat.
Les contrats ont suscité l’indignation nationale et internationale. Ils vont à l’encontre des objectifs de la Convention sur la Diversité Biologique, ratifiée par la RDC, qui prône entre autres zero déforestation, zéro perte des espèces et la réduction de moitié de l’empreinte de l’homme quant à la consommation et la production . C’est grâce à cette convention qu’en 2000 l’ONU a consacré le 22 mai journée internationale de la biodiversité. Je vois ici une bonne occasion pour notre Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, à annuler les contrats Dig Oil et COMICO et mettre ainsi fin à ce projet si scandaleux qui transformerait la Salonga en une pompe à pétrole.
Et il est grand temps que Ilunga Ilunkamba instruit le ministre de l’Environnement et Développement durable, Claude Nyamugabo, à assurer l’intégration des communautés riveraines dans la gestion de la Salonga pour mettre un terme à des atrocités dont elles sont victimes avec la complicité des gestionnaires.
Je suis dans l’obligation de rappeler au Président de la République, Félix Tshisekedi, qui prône — sans rire ! — l’Etat de droit et la protection de l’environnement dans ses différents discours, qu’il ne faudrait pas que cela soit juste un slogan, il doit faire preuve de leadership en mettant un terme à cette supercherie autour de la Salonga.
Un commentaire sur “Biodiversité : Greenpeace Afrique, « la journée internationale de la biodiversité est un rappel au gouvernement de la RDC que l’Etat de droit c’est aussi le respect des lois sur l’environnement dans la Salonga »”
Il est tout à fait juste de demander une participation active des communautés à la gestion du Parc National de la Salonga.
Il est grand temps que les structures prévues à cet effet soient utilisées à leur plein potentiel.