Forêt : 6 millions d’euros pour aider la RDC et le Cameroun à formaliser l’exploitation artisanale du bois d’oeuvre

« Promouvoir et formaliser l’exploitation artisanale du bois d’œuvre en Afrique centrale (PROFEAAC) », c’est le nouveau projet du CIFOR (Centre de recherche forestière internationale) pour aider les deux pays pilotes à formaliser leur exploitation artisanale du bois d’oeuvre. Lancé au mois de mars 2020, ce projet devra s’étendre sur trois ans. Il sera exécuté en République démocratique du Congo et au Cameroun. Le coût global du projet est autour de 6 millions d’€ dans les deux pays, dont 1 million d’€ sera financé par le FFEM (Fonds Français pour l’Environnement Mondial), pour la RDC, et d’autres co-financements notamment celui de l’UE pour la RDC.

Ce projet vise à accompagner les exploitants artisanaux de bois d’oeuvres dans la formalisation de leurs activités. Il propose une approche intégrée de formalisation et de développement de l’exploitation artisanale du bois d’œuvre, allant de la gestion de la ressource ligneuse aux demandes de sciages dans les marchés domestiques. « L’exploitation artisanale est largement négligée par les systèmes de gouvernance forestière au profit du secteur industriel, donc il est difficile d’adopter des politiques pour minimiser ses impacts environnementaux. Si la filière continue à opérer dans l’ombre, il sera difficile d’envisager la durabilité », a expliqué Richard Eba’a Atyi, coordonnateur régional du CIFOR en Afrique centrale.

Au finish, le projet devra aider à réduire la dégradation du couvert forestier du domaine rural en Afrique centrale en formalisant et en rationalisant l’exploitation artisanale du bois, et la promotion de l’utilisation durable des ressources forestières. Le projet promouvra également des demandes de sciages légaux sur les marchés privés et publics. À travers des stratégies de communication et plaidoyer, le CIFOR veut accroître le nombre de consommateurs particuliers et des secteurs public et privé sensibles à l’origine des sciages sur le marché domestique.

« À la fin de ce projet, nous voulons avoir augmenté la part de bois légal vendu dans les marchés urbains. Nous irons non seulement sensibiliser les sources d’approvisionnement, mais aussi les différentes catégories d’acheteurs dans les grandes villes », a indiqué Guillaume Lescuyer, scientifique au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et chercheur associé au CIFOR.

En RDC, le projet se focalisera dans la province de la Tshopo et les marchés qu’elle approvisionne, surtout Kisangani. Dans ce pays, deux options de titre seront expérimentées, le Permis de Coupe Artisanale (PCA) pour une exploitation individuelle et la Concession Forestière des Communautés Locales (CFCL) dans le cadre de la foresterie communautaire.

« Nous n’allons pas garantir que tout le bois vendu sur le marché domestique sera légal, mais tenter d’augmenter le nombre d’emplacements où on vendra du bois légal dans les marchés de Kisangani, et peut-être d’ailleurs. Ces vendeurs devront disposer des documents démontrant l’origine légale des bois venant d’une filière formelle et nous allons accompagner une filière de cette sorte à partir de la production faite dans le Secteur de Yalikandja-Yanonge. Nous espérons que cette approche fonctionnera bien et qu’elle pourra être reproduite ailleurs en RDC », a précisé Monsieur Lescuyer. [irp posts=”7870″ name=”Forêt : Quand le marché du bois éloigne l’Afrormosia de Kisangani”]

La cible du projet

Le projet travaillera avec des organisations et associations des exploitants existantes sur place à Kisangani, notamment l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Tropenbos RDC et Ilexa-Bois, qui est l’association des vendeurs de bois sur le marché de Kisangani, est membre du projet. « Nous allons également travailler avec quelques associations de scieurs artisanaux, notamment à Yanonge. Nous étudierons dans un premier temps les différents profils de consommateurs et nous adapterons ensuite nos messages de sensibilisation à ces différents publics », informé Guillaume Lescuyer.

Au Cameroun, le projet a choisi deux sites pilotes dans l’Est et le Centre qui approvisionnent les marchés de Yaoundé. L’objectif sera de promouvoir des Permis d’exploitation du bois d’œuvre (PEBO), une disposition prévue dans la loi forestière de 1994 qui permet aux opérateurs artisanaux d’exploiter et de commercialiser un volume de bois correspondant à leurs moyens techniques et financiers.

Toutefois, pour atteindre ces objectifs, un partenariat solide avec les gouvernements de deux pays est indispensable. « Le Ministère des forêts et de la faune au Cameroun, et la Coordination provinciale de l’environnement et du développement durable de la Tshopo en RDC sont en effet nos principaux partenaires institutionnels dans la mise en œuvre de ce projet », a rappelé R. Eba’a Atyi.

Au Cameroun, le projet a choisi deux sites pilotes dans l’Est et le Centre qui approvisionnent les marchés de Yaoundé. L’objectif sera de promouvoir des Permis d’exploitation du bois d’œuvre (PEBO), une disposition prévue dans la loi forestière de 1994 qui permet aux opérateurs artisanaux d’exploiter et de commercialiser un volume de bois correspondant à leurs moyens techniques et financiers.

Rappelons qu’en Afrique centrale, les marchés intérieurs et régionaux du bois d’œuvre sont en plein essor. La croissance démographique rapide, l’urbanisation et le développement économique de la région sont à l’origine de la hausse de la demande interne des sciages, qui dans de nombreux pays est déjà plus importante en volume que l’exploitation industrielle pour les marchés d’exportation. Les pays pilotes ont un volume de sciage artisanal annuel estimé à près de 2,1 millions et 3,4 millions de mètres cubes (équivalent bois rond), respectivement.

Alfred NTUMBA

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