Le lavage des mains est un geste essentiel, utile pour barrer la route aux maladies dites des mains sales. Ce geste qui ne dure qu’à peine une minute, peut sauver des vies et éviter la propagation d’une quelconque contamination. Outre les autres gestes, le lavage des mains est le plus recommandé par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), pour lutter efficacement contre le coronavirus qui secoue la planète. Depuis l’explosion de la pandémie du COVID-19, à Kinshasa, comme partout ailleurs en République démocratique du Congo, l’on assiste également à l’exposition des dispositifs de lavage des mains. A ce jour, au moins 8 ménages sur 10 en détiennent par rapport à 2 ou 3 ménages sur 10, il y’a de cela encore quelques jours. Est-ce que la leçon du lavage des mains est-elle bien comprise par les utilisateurs? Où alors c’est le contexte qui la leur impose?
Il est 8h36 du matin, lorsque la première boutique de la plus célèbre avenue Bonsomi à Mbandaka, ouvre ses portes aux clients. Le premier reflex de la vendeuse, Marie, est de vérifier si son dispositif de lavage des mains est bien en place. Vérification terminée, Marie prend bien soin de placer devant sa porte, en premier, le support métallique devant accueillir un sceau vert rempli d’eau. En suite, le récipient pour recueillir les aux usées et le savon liquide. Un comportement qu’elle n’avait jamais adopté au paravant.
« Chaque matin c’est mon devoir de sortir ce sceau et le placer ici », argue-t-elle en souriant avant d’ajouter, « Tous mes clients sont obligés de laver leurs mains ici avant d’entrer ».
Pourquoi le fais-tu chaque jour, cela n’irrite pas tes clients, qui chaque fois doivent se laver les mains? L’avons-nous demandé. « Mais, si je ne le fais pas, on viendra fermer ma boutique par les autorités de la ville, et je risque de perdre mon travail », réplique-t-elle.
Comme elle, ils sont des dizaines voir des centaines de milliers des personnes qui prennent ce geste comme un effet grégaire. Ils n’y trouvent pas l’occasion d’en tirer une leçon des bonnes pratiques perdues il y’a longtemps, mais plutôt comme une corvée leur imposée par l’Etat, durant cette période de la pandémie.
Bien avant de nous séparer de Marie, arrive son tout premier client, Trésor. Quarantaine révolue, il se soumet de lui-même à l’exercice. Pourquoi ce reflex s’est rapidement développé, et pourtant il y’a des années, personne n’y pensait. Notre constat nous pousse à poser une question au client. Depuis ce matin combien de fois vous avez-vous déjà lavé les mains? « C’est la deuxième foi », nous répond-il. Qu’est-ce qui vous pousse à le faire? « Bon, les autorités nous ont demandé de le faire? Nous n’avons pas d’autres choix », précise-t-il.
Si pour Tresor et Marie, le lavage des mains est une imposition des autorités, néanmoins, ils savent que ce geste est utile pour éviter la contamination à la maladie à Coronavirus qui sévit depuis 1 mois en RDC. Toutefois, ce que ignorent nos deux interlocuteurs est que ce geste devrait être une priorité dans la vie quotidienne, pour prévenir et éviter des ennuis sanitaires liées aux maladies des mains sales notamment le Choléra, la diarrhée, la fièvre typhoïde, la tuberculose et tant d’autres.
Selon les statistiques de l’OMS, chaque année dans le monde, plus de 3,5 millions de décès sont dus à des maladies liées à la diarrhée et à la pneumonie. 80% des microbes se transmettent en effet par les mains. Soit par le contact direct avec les autres personnes, soit en touchant des objets et des surfaces contaminées, puis en portant la main au visage (bouche, yeux, nez). En RDC, cette tendance reste prévalante surtout non seulement par manque des services hygiéniques adéquats et fonctionnels, mais aussi par manque d’une bonne prise en charge
Historique du lavage des mains
Le but du lavage des mains dans la vie quotidienne est la détersion, qui consiste à enlever les saletés, notamment les graisses et la matière organique, d’éventuels produits toxiques et certains microbes. Cette pratique remonte des années 1818, lorsque Ignace-Philippe Semmelweis a démontré l’utilité du lavage des mains après la dissection d’un cadavre, avant d’effectuer un accouchement.
Le lavage insuffisant des mains est à la base de plus de 50% des infections d’origine alimentaire. Et pourtant le lavage des mains au savon, en particulier après un contact avec des excréments, peut réduire l’incidence diarrhéique de 42% à 47%.
Les femmes se lavent plus les mais que les hommes
Certaines études ont démontré cependant que 14,6% des hommes dans le monde ne se lavent pas les mains après avoir été aux toilettes contre 7,1% des femmes. Et parfois, lorsqu’ils se lavent les mains au savon, seuls 50,3% des hommes contre 77,2% des femmes utilisent du savon.
Le lavage des mains est recommandé au minimum, avant de préparer à manger et avant de manger, avant de s’occuper d’un nouveau-né ou d’un bébé, avant de nettoyer une plaie, d’effectuer des soins, avant et après être allé aux toilettes, après avoir pratiqué des activités salissantes ou après avoir manipulé des animaux ou des produits non-alimentaires, et surtout en contexte des risques sanitaires le lavage des mains est fortement recommandé avant et après avoir ouvert une porte ou manipulé un robinet.
Utile à savoir
Un lavage des mains a plusieurs étapes. Ces étapes doivent scrupuleusement être respectées. Il faut donc se mouiller les mains, les doigts et leurs interstices sans oublier les ongles, faire durer le lavage entre 30 à 60 secondes, rincer à l’eau claire et si possible tiède, sécher avec une serviette propre ou un papier à usage unique.
A quelque chose, malheur est bon dit-on, la République démocratique du Congo pouvait bien saisir cette opportunité qu’offre le COVID-19 pour réactiver les services hygiéniques animés par des acteurs intransigeants capables de ré-inculquer les bonnes pratiques d’hygiène de base dans la tête du congolais, afin de prévenir les maladies infectieuses transmissibles par les mains, et réduire leur taux de mortalité.
Alfred NTUMBA