Elles sont comptées au bout des doigts, ces rares entreprises qui se distinguent dans la manière de concevoir et exécuter leurs projets d’exploitation industrielle du bois d’œuvre en République démocratique du Congo. L’une d’entre elles est MOTEMA, qui exploite dans le Secteur de Ewungu, Territoire d’Ingende. Quand bien même que « illégalité zéro » n’existe pas, mais les efforts consentis par cette entreprise sont à encourager.
La concession MOTEMA, appartient à un haut gradé de l’armée congolaise, déjà en retraite. Depuis quelques années, le concessionnaire originaire du terroir, a noué une joint-venture avec l’entreprise IFCO (Industrie forestière du Congo). MOTEMA se présente à ce jour comme une entreprise responsable et soucieuse de la durabilité des forêts qu’elle exploite et du bien-être communautaire.
Contrairement aux autres entreprises qui évoluent dans le même territoire, MOTEMA dispose d’un plan d’aménagement forestier validé. Cependant, quelques irrégularités sont aussi à relever, notamment la non matérialisation de marquages des limites des zones de développement rurale (ZDR).[irp posts= »9707″ name= »Forêt : En RDC, une entreprise chinoise engage l’Etat comme ouvrier dans ses chantiers »]
Respect du cahier des charges
L’un des aspects qui ne passent pas inaperçus c’est le souci du concessionnaire de voir se développer les communautés vivant au tour de sa concession, notamment celles des groupements Indjolo, et Besombo. Le climat de paix qui caractérise les bonnes relations qui existent entre l’entreprise et les communautés, en est une preuve éloquente.
Bien avant de commencer l’exploitation, l’entreprise signe régulièrement des clauses sociales de cahier des charges avec les communautés. Ces accords permettent aux communautés de tirer réellement profit de l’exploitation forestière industrielle telle que prescrit par le Code forestier en son article 89 alinéa 2.
Depuis 2014, plusieurs écoles et centres de santé ont été construites et équipées par l’entreprise, ainsi que d’autres projets communautaires réalisés au profit des communautés.
« Nous avons reçu 8 vaches. Aujourd’hui, nous en avons 15. Nous allons les distribuer selon les clans et en suite selon les familles », nous confirme un membre du village Mbengi dans le groupement de Besombo.
L’entreprise est souvent à l’écoute de ces communautés. MOTEMA dispose d’un « Animateur social », qui sert d’interface entre les intérêts communautaires et ceux de l’entreprise.[irp posts= »9700″ name= »Forêt : Attributions de 9 concessions aux entreprises chinoises, le GTCR –R hausse le ton »]
« Les communautés de Besombo par exemple, avaient exigé à l’entreprise, la construction d’une école et d’un hôpital, le don en vache pour l’élevage et les chariots pour leur permettre de transporter leurs produits agricoles de la forêt jusqu’à leurs domiciles, et tant d’autres obligations. A ce jour, tout a été fait conformément à leur demande ». Nous renseigne l’animateur social de IFCO-MOTEMA, Antoine Mbutu Boleki.
Cette performance que connaît MOTEMA serait le fruit de la contribution de l’ONG GASHE (Groupe d’Action pour Sauver l’homme et son Environnement), qui exécute un projet de monitoring des forêts dans le terroir. Ce projet a permis de mettre en place un réseau de 40 leaders communautaires et 23 observateurs formés dans le suivi de l’exploitation forestière.
« GASHE accompagne les parties prenantes dans le dialogue participatif. Nous organisons chaque trimestre une rencontre qui met au tour d’une même table, l’exploitant forestier, l’administration forestière, la société civile et les communautés locales pour statuer sur les différents problèmes que soulève l’exploitation forestière dans cette concession », a indiqué Joseph Bolongo, chef de projet suivi communautaire des forets en temps réel via ForestLink, au sein de l’ONG GASHE.
La présence des observateurs communautaires qui veuillent sur les normes d’exploitation de leurs forêts a poussé le concessionnaire à mettre en place un service interne de contrôle pour anticiper les dénonciations, et prévenir les illégalités. [irp posts= »9587″ name= »Forêt : 9 concessions forestières attribuées aux entreprises chinoises, que se passe t-il en RDC ? »]
L’autre fois accusée à cause des illégalités notamment celles liées au non marquage des souches et la coupe dans les marécages, MOTEMA a engagé un expert forestier qui veuille au grain, aux normes d’exploitation dans sa concession.
« Il est aujourd’hui difficile de trouver des illégalités dans la concession MOTEMA », nous renseigne un observateur communautaire, trouvé dans la concession. « Depuis que nous avons commencé à dénoncer les irrégularités, l’entreprise a tout fait pour améliorer son exploitation, et ceci est très encourageant ».
Une information confirmée par les experts de l’administration forestière qui se félicitent également des avancées enregistrées à ce jour par l’exploitant.
« C’est une entreprise qui s’efforce à observer à la loupe les prescrits de la loi. De la coupe jusqu’au transport, MOTEMA est une bonne élève », affirme le superviseur de l’Environnement du territoire d’Ingende, Lebo Bombembe Bool.
Bien que propriété d’un retraité de l’armée congolaise, l’entreprise MOTEMA travaille sur sa notoriété et son image de marque. Ce qui fait d’elle un modèle des entreprises susceptibles d’être soutenues dans l’exploitation forestière industrielle en République démocratique du Congo.
Alfred NTUMBA