Coronavirus : RDC, malgré 4 cas confirmés, les congolais oscillent entre réalité et affairisme

En République démocratique du Congo, précisément dans la capitale, l’annonce par les autorités de la présence du Corona virus peine à convaincre les Kinois qui accusent le ministre de la santé Eteni Longondo d’affairisme. Pour des nombreux Congolais, la gestion de la dernière épidémie d’Ebola, qui a poussé le Chef de l’Etat à prendre lui-même les choses en main renforce leur conviction. Avec quatre cas confirmés et plus de 600 personnes ayant été en contact avec ces sujets infectés, la situation risque de s’aggraver si la population continue de faire la sourde oreille aux différents messages relatifs aux normes d’hygiène et conduite à adopter pour arrêter la propagation de cette pandémie qui a déjà fait plus de 7 000 morts à travers le monde, laissant ainsi impuissants et terrifiés les pays développés et pauvres.

Découvert en Chine en 2019, le corona virus a fait plus de 3 000 morts et contaminé plus 80 000 personnes dans ce pays considéré comme l’épicentre de l’épidémie. C’est à partir du 19 février que trois pays notamment la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran ont enregistré une hausse étonnante du nombre de cas sur leurs territoires. Depuis, la maladie a calmement poursuivi son chemin, en s’installant dans plus de 80 pays à travers le monde. Face à cette vitesse de propagation, l’OMS n’a pas tardé à déclarer le COVID-19 une pandémie. A ce jour, l’Italie semble dépassée par cette épidémie qui ne cesse d’allonger son nécrologe. Plusieurs grandes villes à travers le monde tournent désormais au ralenti. Des championnats de football suspendus, des écoles fermées, des rassemblements interdits, des confinements imposés, des vols en provenance de pays touchés interdits, des frontières fermées, telles sont autant de mesures prises par certains pays pour contrôler l’épidémie, malheureusement en RDC, la vie suit son cours normal, comme-ci le pays était sur une planète autre que celle qui ploie sous le corona virus.

D’où vient que la population résiste aux messages des autorités

Le 8 mars dernier, le ministre de la santé avait annoncé que la RDC venait d’enregistrer son premier cas de corona virus. Selon Eteni Longondo, il s’agissait d’un sujet belge qui est arrivé à Kinshasa quelques jours plus tôt. Quelques heures après cette annonce, le ministre rectifie sa communication en précisant que le sujet infecté était plutôt un congolais, et non un belge. Sans plus tarder, les réseaux sociaux se sont enflammés, traitant le ministre de quelqu’un qui travaille et communique à tâtons. D’autres vont même jusqu’à dire que Eteni Longondo n’a fait que répondre à l’appel de la banque mondiale qui a promis jusqu’à 12 milliards d’aide rapide dans le cadre des efforts nationaux de lutte contre le COVID-19. A partir de ce moment, plusieurs Kinois ont décidé de ne plus accorder du crédit à leur ministre de la santé, malgré l’annonce des autres cas confirmés.

« Nous avons effectivement le coronavirus en RDC, que les gens ne doutent pas. Je ne suis pas en train d’inventer des cas. Nous sommes en danger, il y a 3 cas confirmés», avait insisté le ministre de la santé qui appellait la population aux respects de normes d’hygiènes recommandées, peu avant la confirmation d’un quatrième cas.

Actuellement, la population semble divisée sur la présence du coronavirus à Kinshasa. La décision de la Fédération Congolaise de Football de suspendre le championnat en cours agit comme de l’huile sur le feu. Les amateurs du sport roi maugréent contre cette mesure qui selon eux, a été prise hâtivement.

« Avant de suspendre le championnat, les autorités devraient commencer par fermer les marchés, les écoles et interdire les transports en commun, car ce sont des endroits où les contacts sont permanent. Et non le stade puisque nous n’y allons pas tout le jour », a protesté Carl Malela, supporters d’un club de la capitale.

 

La récente victoire sur EBOLA rassure

Il y a quelques jours, les patients internés dans le centre de traitement de a maladie à virus Ebola ont été libéré. Signe que la RDC s’était tirée de la dixième épidémie d’Ebola de son histoire. Cette annonce a réjoui des nombreux congolais. Enivrés par cette victoire, les plus audacieux n’hésitent pas à défier le coronavirus. Selon eux, si Ebola considéré comme plus intrusif et dangereux a été vaincu, qu’en sera-t-il de COVID-19 ?

« L’expérience que nous avons acquis contre Ebola, nous servira à bien combattre le coronavirus, s’il parvenait à se propager dans le pays », a déclaré une étudiante de l’Université de Kinshasa, qui a requis l’anonymat. « Toute fois, quoi qu’il arrive, nous avons notre BoÏka (Ndlr homme fort) qui est le professeur Jean Jacques Muyembe », a-t-elle lâché d’un ton souriant.

Pour sa part, le docteur Jean jacques Muyembe considéré comme le tombeur de la dixième épidémie d’Ebola en RDC, a appelle la population à éviter d’être victime de la campagne de désinformation. Le corona virus est bien réel. Que la population observe scrupuleusement les normes d’hygiènes afin de se protéger.

Après 4 cas confirmés, quelles sont les mesures à envisager ?

Pour ceux qui croient en la force de frappe du COVID-19, à ce stade il est important que la RDC prenne des mesures drastiques pour limiter la propagation, comme l’interdiction pure et simple des vols en provenance des pays touchés, surtout que les quatre personnes infectées sont venues de l’étranger. Ce qui remet en cause les dispositions mises en place aux postes frontaliers. Sans faire le pari de l’échec ou être prophètes de malheur, les spécialistes de la santé redoutent une propagation du COVID-19 à Kinshasa. La précarité des conditions sanitaires que connaît la ville, risquerait de conduire à une situation désastreuse. C’est maintenant ou jamais qu’il faut agir, car dit-on gouverner, c’est prévoir.

 

Rappelons que malgré sa virulence, le coronavirus reste tout de même curable. Dans 80% de cas, il entraîne des symptômes bénins comme la toux et la fièvre, et dans 20 % des cas, il peut provoquer des graves complications comme une détresse respiratoire pouvant conduire jusqu’au décès.

COVID-19 contamine beaucoup plus les hommes que les femmes. Selon l’OMS, la mortalité est aussi importante chez les hommes que les femmes, du fait que les hommes sont sujets aux maladies cardiovasculaires et fument beaucoup plus.

Thierry-Paul KALONJI

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