« Payez – nous pour nos forêts », c’est bien une rhétorique qui s’installe et risque d’avoir de bons jours en République démocratique du Congo. En lieu et place de réfléchir en tant qu’Etat souverain, la RDC et ses dirigeants prônent plutôt la politique de la main tendue, qui du reste n’a jamais aidé à développer ou résoudre les priorités d’une nation.
Le discours du Ministre de l’Environnement et développement, Claude Nyamugabo hier à la COP25, et celui du chef de l’Etat aujourd’hui devant le parlement réunis en congrès en sont des illustrations révélatrices de la faiblesse d’une nation à mobiliser de par elle-même des financements nécessaires pour son développement.
En tenant ce discours, la RDC prouve au monde entier qu’elle est le pays qui détient des forêts pour les autres et non pour lui-même. De quoi susciter des interrogations sur la phrase magique « Payez-nous pour nos forêts ».
Mais, qui doit payer ? et si jamais celui-là en qui l’Etat congolais espère le paiement ne le fait pas ? quel sera la suite ?
Il faut casser la chaîne, et changer la donne
Dans un monde où les intérêts priment sur les amours, la République démocratique du Congo devrait par ailleurs penser faire les choses autrement. La cacophonie sur la compensation carbone qui a caractérisé la COP25 à Madrid, prouve à suffisance que les pays du nord ne sont pas prêts à écouter vos cris de détresse soient-ils. C’est bel bien une langue de bois qui s’installe face aux urgences climatiques et défi du développement durable.
Alors, si le pays de Tshisekedi veut gagner dans ce combat, il doit changer sa façon de voir les choses. La RDC doit d’abord travailler à l’interne, ficeler bien ses politiques et créer une véritable dynamique au tourd de ses forêts, donner une plus-value aux ressources forestières sans attendre une quelconque aide de la communauté internationale, car la gestion des ressources relève de la souveraineté d’une nation. Car, une nation forte ne peut se construire sur les aides.
Faut-il encore savoir, si le 1% que le pays reçoit en termes des financements pour ses forets produit réellement des effets escomptés ? D’aucuns ne pourrait peut-être contredire que cet argent que le pays a reçu depuis des années, n’a jamais apporté un changement dans la vie des communautés qui demeurent toujours pauvres.
« Payez-nous pour nos forêts », ne devrait pas être une alternative plausible pour atteindre les objectifs et les défis que l’on se lance. Il devrait plutôt être un appui aussi négligeable soit-il, aux efforts pertinemment consentis grâce à une politique solide et une vision bien claire sur ce que le pays compte faire de ses forêts pour renflouer ses caisses. Les effets d’entrainement qui en découleront changeront radicalement le quotidien des congolais.
Nos forêts sont capitales dans la régulation de l’hydrologie du fleuve Congo. Elles jouent un rôle important dans les régimes fluviaux. Protéger nos forêts bénéficie aux peuples autochtones et aux communautés locales dont la survie dépend d’elles. Donc, n’attendons plus des paiements pour nos forêts. Travaillons plutôt en sorte que nos forêts nous paient. Car, notre dignité en dépend.
Alfred NTUMBA