C’est une histoire sans pareille, dans laquelle le vendeur est lui même l’acheteur. Dans la province du Mai Ndombe, le gouverneur Paul Mputu aurait mis en place un mécanisme efficace pour se vendre lui-même environ 1.400.000 hectares des concessions des forêts des communautés locales sous-couvert de son Commissaire général à l’Environnement, (l’équivalent du ministre provincial de l’Environnement), Boleko W’alembo, dans le secteur de Lutoy, territoire de Kiri.
Dans une correspondance adressée au BVGRN (Bureau de Veille et de Gouvernance des Ressources naturelles), les communautés locales de ce coin de la République se plaignent de l’attribution exagérée et frisant l’exploitation artisanale ou industrielle du bois d’œuvre sous le label des Concessions des Forêts des Communautés Locales.
« C’est un abus de pouvoir. Le gouverneur vend les forêts en les cédant à son commissaire à l’Environnement. Quel est ce ministre de l’Environnement qui ne connaît pas l’Arrêté sur les concessions des forêts des communautés locales ? On n’attribue jamais plus de 50.000 hectares à une seule communauté », a déclaré Joseph Bobia, coordonnateur du BVGRN.
A en croire les communautés frustrées, les édits du gouverneur Mputu attribuent plus d’un millions d’hectares des forêts à 6 communautés locales en toute violation. « Je suis sous le choc, car c’est le même Boleko qui en sa qualité de commissaire général à l’Environnement est sensé protéger nos forêts. Imaginez que c’est Boleko qui a élaboré la demande des forêts, et c’est lui-même qui les a attribués. Il est à la fois juge et partie », s’est indigné un activiste de l’environnement basé à Kiri.
Les six différentes demandes formulées par les communautés locales demanderesses ont été adressées ou rédigées par Boleko W’alembo apparaissant comme un des ayants-droits à Inongo aux noms des différentes communautés locales et non aux sites même desdites concessions (villages). C’est ce qui fait douter de la qualité de Mr Boleko contresignant les demandes qui ne peut agir au nom d’une multitude de communautés locale qui du reste ne sont pas suffisamment informées de la nature même de la foresterie communautaire. Peut-on lire dans cette correspondance que ENVIRONEWS a pu consulté.
Boleko W’alembo que le gouverneur de la province de Mai Ndombe considère comme son expert international aurait-il réellement pris connaissance des textes légaux qui règlementent le secteur des forêts en RDC ? La question reste en suspens en vue d’élucider les motivations pour cet acteur politique de poser des actes aussi graves et passibles de sanctions. S’interrogent les activistes de l’environnement.
« Si cela se confirme, alors je crois que tous voudraient s’investir dans l’exploitation forestière sous le label faussé des concessions des forêts des communautés locales. Nous continuerons à dénoncer pour faire échouer pareilles initiatives », a indiqué Monsieur Bobia.
Pour la société civile environnementale, les six demandes des concessions des forêts des communautés locales qui totalisent 1.400.000 hectares vont au-delà du pouvoir du Gouverneur provincial qui ne peut attribuer que 50.000 hectares pour une concession de communauté locale et à la demande de la communauté elle-même et non à la demande d’une tierce personne comme l’a fait Boleko W’alengo.
Alfred NTUMBA