Joseph Bobia, membre de la société civile environnementale congolaise a alerté le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, sur l’existence d’un document stratégique très important qui devrait attirer l’attention des panelistes à ces assises. Dans une tribune produite en marge du Forum sur l’Energie à Matadi du 20 au 22 août, cet activiste connu pour ses positions tranchées, invite le Président de la République à s’impliquer personnellement pour que s’arrête la léthargie observée dans la mise en œuvre de cette stratégie. Nous vous proposons l’intégralité de sa réflexion.
En prévision de ce que la Présidence la République projette d’organiser comme forum à Matadi sur l’énergie du 20 au 22 août, savez-vous qu’il existe un document stratégique « SE4ALL »?
C’est un document stratégique conçu depuis 2012 qui est très important et qui doit être bien lu et relu.
Il existe une grande léthargie dans l’avancement des processus ou reformes en RDC.
Pour le cas de l’énergie,
- Je crois que les intérêts égoïstes ont prévalu sur les intérêts communautaires et nationaux. Certes que des fonds importants ont été alloués depuis 2012 jusqu’à ce jour dans tout ce qui a bloqué le processus de mise en application du SE4ALL pour l’énergie en RDC. Les fonds n’ont pas été utilisés à bon escient.
- Les agences comme la Banque Mondiales, la BAD, le PNUD,… ont une certaine responsabilité dans cette léthargie du processus et y auraient contribué dans une certaine mesure (soit par le fait qu’elles n’ont pas accordé importance un suivi important de différentes réalisations, différents projets qu’elles mêmes financent).
- Inga 1 et 2 ont certes des failles qui devraient être corrigées avant d’entammer les étapes 3 et 4. C’est ce beaucoup d’entre nous ont toujours cru. Mais, on nous fait croire que 3 et 4 Inga pourraient corriger ces déficits qui inscrivent aussi le manque de couverture énergétique pour la grande partie de populations congolaises avant de songer à renforcer l’exportation du courant vers d’autres cieux. Il y a la question de l’impact social et environnemental de toutes ces phases; les populations d’Inga et alentours en particulier, les populations congolaises RDC en général ont des problèmes sérieux dus aux premiers ouvrages et les prochains ouvrages affecteraient encore davantage et il faudra déjà prévenir.
- Pourquoi seulement concentrer attention sur le Grand Inga alors qu’il existe énormément de sites potentiels de barrages et mini – barrages hydrauliques? Les hydroliennes sur les rivières peuvent bien être constituées avec au moins 50.000$ par unité. Nous ne sommes pas contre Inga et ne voudrions pas disperser l’attention, au contraire c’est un ouvrage qui fait le prestige de la RDC mais il est vite combattu par certains voisins comme l’Angola et le Congo qui ont construit de grands barrages chez eux. Pourrait-on encore nous tromper avec le vocable « intégration régionale » lorsque chaque pays doit consacrer moyens et attention pour d’abord son développement national? Le projet transfèrement des eaux vers le Tchad laisse-t-il une vie à Inga? Rappelons-nous cette rivalité entre projet Port de Banana-route-rail et projet Pont – route – rail entre Kinshasa et Brazzaville! Quel intérêt privilégié d’abord?
Que sont devenus les barrages en éternelle construction « infinitissime » de Kakobola au Bandundu et de Katende au Kasai? Pourrions-nous avoir une idée claire et nette sur les déboires ou les problémes des barrages de Mombayimbongo en ex Equateur, de Ruzizi Sud-Kivu, de Zongo au Kongo Central,… et bien d’autres encore en panne? Quelle planification le secteur énergie-hydraulique-eau a depuis toujours? Le SE4ALL stratégique est demeuré non exploité. - Et le processus sur la promotion des énergies renouvelables est à quel niveau en RDC pays au multiple facettes (face à la consommation du bois d’oeuvre qui continue à manger la forêt congolaise?) On nous amène belle initiative « Un milliard d’arbres à planter »! Les confessions religieuses s’engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique! Mais quel impact le processus REDD a bien apporté au pays en 10 années (2009 à 2019)?
Il nous faudra évaluer pour mieux avancer et non reculer. Le soleil, le vent, les eaux,… sont véritablement à exploiter pour contribuer à cette promotion des énergies renouvelables face à la consommation de la braise, à l’exploitation industrielle du bois et de l’agriculture, à la menace accrue de l’exploitation de l’or noir très fossile et polluant de nos forêts et même de nos parcs.
Ici, il y a une responsabilité engagée de l’Etat congolais pour sortir du niveau de manque de considération que lui collent actuellement bon nombre de gens de par ses pratiques ou positions sans lendemain.
- Mais le nœud du problème énergétique est le financement! Qui finance qui et quoi à quelle hauteur? La RDC seule pourrait-elle réunir les 66 milliards pour les ouvrages énergétiques? Qui doivent contribuer et qui doivent gérer? Si ce sont les grands contribuables financiers, les investisseurs financiers qui se donnent le pouvoir de gérer pour des raisons que beaucoup n’ignorent pas, il faudrait que les autres parties prenantes aient un rôle à jouer dans le processus pour ne pas rester distraites, sous informées et plaintives à outrance. Et attention…, les fonds non – contrôlés, non-audités, les activités de réalisation d’ouvrages non – suivies,… ne servent à rien si ce ne sont que des opérations d’enrichissements illicites. Il faudra un suivi de proximité conséquent et il faudra bien responsabiliser les parties et même en 20 années et plus de durée de réalisation d’ouvrages.
- Qui finance Inga 3 et 4? Combien d’argent? Qu’apportent la Banque Mondiale et la BAD qui semblaient les bouder? Il faudra nous informer tous. Qu’apportent les espagnols et les chinois? Qui sont-ils exactement? Qui sont les autres contribuables? Quelle est la part de l’Etat congolais RDC?
Autant de préoccupations qui nous rongent et qui nécessitent d’être débattues dans des fora ou états généraux. Mais à quoi bon de multiplier les états généraux (ceux de 2012 ayant projeté SE4ALL) lorsque les recommandations de celle-ci en RDC ne sont pas d’application? Il nous faudra certes une autre culture!
Joseph Bobia
BVGRN-Asbl.
Un commentaire sur “Energie : Forum sur l’énergie à Matadi, Joseph Bobia alerte Tshisekedi”
Cette réflexion vaut bien son pesant d’or et il faut encourager l’environnementaliste de José Bobia qui m’a mis la pisse a l’oreille…
Et cela doit interpellé le Chef de l’ État…
Que de projet et des projets pour un Congo émergents.
Ces chapelets de bonnes intentions sont loin a développer le Congo, notre Chère Patrie…
Tout l’argent des projets sont consummés dans les réunions dans les salons huppés et bureaux climatisés de Kinshasa pour concevoir de pseudos projets qui ne cadrent pas aux réalités du pays…
Ensuite, ces mêmes fonds sont dépensés servilement a la location des avions et le perdiem de 10$ assaisonnés des pics assiettes avec une bouteille d’eau, pour justifier les calembours d’une performance et la maîtrise du dossier en imposant la validation de leurs drafts, déjà préparer en amont, sans récolter l’assentiment du peuple autochtone , lui-même.
Il faut que ces méthodes néo-colonialisme mentale cesse pour de bon.
Ces sommes faramineuses doivent connaître sa traçabilité pour l’intérêt supérieur de la nation congolaise !
A suivre…