Interview with Jeffrie Nawej
1. Comment nous dépeindriez-vous vous Patrick Kasele ?
Il n’est jamais facile pour quiconque de parler objectivement de soi. Je n’échappe pas à cette règle. Je me définis comme un simple être humain qui fait de son mieux pour vivre en accord avec les lois de la nature.
2. D’où vous est venue la passion pour l’environnement ?
La passion pour l’environnement m’est venue de feu mon père à la fin des années 90. S’il n’était en train d’écrire ses romans et recueils de poèmes, Il passait son temps libre à suivre les documentaires environnementaux tels que Ushuaia ou Faut Pas Rêver sur une chaine française très connue. A l’époque je n’avais pas la liberté totale de sortir le soir selon mon gré, alors je suivais ces documentaires avec mon père. Tout est parti de là.
3. Quels aspects de la protection de l’environnement vous intéressent le plus ? On parle aujourd’hui d’énergies renouvelables, green economy, d’économie circulaire, d’économie de la fonctionnalité. Est-il un aspect qui tient particulièrement à coeur ?
Tous ses aspects font partie directement ou indirectement de mon spectre d’intérêts pour les questions environnementales. Cependant, j’ai un réel penchant pour la conservation des ressources forestières, l’économie circulaire, la consommation et la production durables (CPD) et l’éducation environnement. L’éducation environnementale demeure pour moi l’aspect le plus important dans la protection de l’environnement et le développement durable. J’estime qu’il est impossible de promouvoir tous ces sous-secteurs environnementaux dont vous faites allusion sans promouvoir l’éducation environnementale des enfants, des jeunes et mêmes des adultes.
4. Il y a un grand problème d’écoresponsabilité dans certains pays sous-développé, tel que la RDC, d’où vous êtes originaire. Avez-vous pris des initiatives pour lutter contre les problèmes environnementaux en présence, notamment la gestion des déchets, la déforestation pour le bois de chauffe.
A travers ma structure associative et d’autres structures partenaires j’ai pris part activement à différents projets et activités de lutte contre la mauvaise gestion des déchets au Congo. La plupart de ces activités étaient portaient sur l’éducation, la sensibilisation et l’information environnementales. Par exemple en février 2017, nous avons conduit une pétition pour l’interdiction des sacs et bouteilles en plastiques à usage unique sur toute l’étendue de la RDC. Cette pétition avait davantage suscité un réel intérêt chez des citoyens non congolais vivant dans d’autres pays. Nous n’avions pas atteint le nombre de signatures voulu mais cela nous avait permis de mieux cerner la question de la production et de l’utilisation des sacs et bouteilles en plastique en RDC. Aujourd’hui, nous continuons à éduquer et à sensibiliser mais nous concevons aussi des projets-solutions pour différentes cibles. Actuellement nous sommes en train de travailler sur deux projets phares, notamment ETEYELO PETO qui est un programme d’éducation au tri et à la valorisation des déchets a l’école et aussi YALALA qui sera la première foire de l’économie circulaire en RDC. Elle réunira les petites entreprises et les associations qui évoluent dans la collecte et le recyclage des déchets en RDC. Il s’agira de les promouvoir et de leur donner une meilleure visibilité locale parce qu’elles sont très peu connues.
5. Aurons-nous le plaisir de connaître l’une des pistes de solution que vous proposez dans votre ouvrage pour mieux dealer avec les déchets au quotidien ?
Evidemment !! Une piste que je propose c’est l’abandon total des sacs et bouteilles en plastique à usage unique. Je passerai peut-être pour un malade pour certains et plus particulièrement pour les femmes mais c’est tout à fait possible. J’ai abandonné l’usage des sacs et bouteilles en plastique à usage unique en 2013. A la place j’utilise des sacs réutilisables. J’ai toujours un ou deux sacs réutilisables dans mon sac à dos ou dans ma valise quand je dois voyager. J’avoue que cela nécessite une certaine discipline et beaucoup d’effort mais c’est possible. Pour les femmes qui change de sacs à main plus d’une fois par semaine prévoyez un sac réutilisation dans chacun de vos sacs. Et si vous êtes véhicule, gardez aussi un ou deux sacs réutilisables dans votre véhicule. La bonne nouvelle c’est que ces sacs réutilisables ne coutent pas du tout cher contrairement à ce que beaucoup pensent.
6. Vous rédigez actuellement un livre : “Dealer avec ses déchets”, que vous destinez principalement à l’Afrique. Que pensez-vous être les plus grands défis en matière de gestion de déchets dans cette partie du monde, spécialement en RDC ?
En réalité la rédaction du livre est terminée depuis le mois de juin dernier. Concernant les défis, je pense qu’ils sont multiples et multisectoriels. Ce sont des défis d’ordre économique, social, politique, sanitaire, écologique, éducationnel, informationnel et comportemental. Et la liste n’est peut-être pas exhaustive. Le défi le plus important selon moi est la prise de conscience de chaque citoyen africain ou qu’il se trouve et quel que soit son niveau de vie. Prendre conscience et se dire qu’en tant qu’individu j’ai le pouvoir de faire quelque chose pour moi et pour ma communauté en ce qui concerne la gestion responsable des déchets. Et le petit guide Dealer Avec Ses Déchets tente de donner des pistes pour ce faire. Un autre défi majeur c’est la promotion des initiatives de recyclage et de valorisation des déchets dans nos pays africains. Les investisseurs privés et publics ont le devoir d’appuyer tous ces jeunes talentueux qui innovent tous les jours pour mieux gérer les déchets et améliorer les conditions de vie des communautés. Ces jeunes sont partout en Afrique mais nos Etats africains semblent les ignorer.
7. L’entrepreneuriat est un sujet phare aujourd’hui en Afrique. Les jeunes sont de plus en plus inspirés pour des projets très novateurs, notamment dans les nouvelles technologies, mais aussi l’agrobusiness et tout ce qui a rapport à l’économie verte. Le défi reste le même cependant, pour l’un ou l’autre secteur : le financement. Quelle piste suggéreriez-vous à ces jeunes qui veulent entreprendre pour ou dans l’écologie, pour trouver les fonds nécessaires ?
Je pense que ce problème ne date pas d’aujourd’hui en Afrique. Peu importe le secteur d’activité dans lequel on évolue il est toujours difficile de trouver un financement pour mettre son projet sur les rails. Mais heureusement que le 21e siècle a son lot d’avancées qui permettent aux jeunes du monde entier de financer leurs projets sans avoir recours aux systèmes de financement classiques (banques de crédit, organisation de microfinances, banques d’investissement, etc.). Aujourd’hui il y a des modes de financement alternatifs qui permettent à des milliers d’entrepreneurs de lancer leurs projets. Le mode alternatif de financement le plus éloquent c’est le financement participatif ou le crowdfunding.
C’est ce mode auquel je fais recours pour lever les fonds pour financer l’impression et la distribution mon ouvrage. Au-delà du simple aspect financier, le financement participatif vous permet de créer des liens forts entre vous et la future communauté de vos clients pour une utilisation optimale de votre produit ou service.
Je profite de cette occasion pour inviter les citoyens africains et d’autres continent à visiter mon espace de financement en cliquant ici https://fr.ulule.com/dealer-avec-ses-dechets/ pour lire et comprendre davantage ce qui a motivé la rédaction de ce guide et éventuellement effectuer une contribution.
Interview Alfred Ntumba
1. Qu’est qui vous a inspiré à publier ce livre ?
La question de la consommation et de la production durables (CPD) en Afrique m’a toujours préoccupé au plus haut point. Un de ses aspects qui me préoccupe le plus c’est la gestion des déchets. Durant ces 7 dernières années j’ai lu des documents, suivi des documentaires, participé à des conférences et ateliers, observé comment les déchets sont perçus et traité dans différents pays d’Afrique, échangé avec des spécialistes et les consommateurs eux-mêmes. C’est tout un cocktail d’expériences qui m’a tant donné en termes de savoirs et savoir-faire. Il m’a paru essentiel de partager ce que j’ai reçu jusque-là à travers ce petit ouvrage.
2. Pourquoi l’avez-vous consacré aux déchets ? Et ce par proximité ou par un besoin réveil du changement ?
Les déchets sont omniprésents dans les paysages urbains en Afrique pour la simple et unique raison que rien ou presque n’est fait pour leur gestion rationnelle. Nous devons apprendre à composer avec nos déchets de telle sorte qu’ils ne nous empoisonnent plus l’existence. Mon livre, Dealer Avec Ses Déchets, est une invitation à l’amitié ou à l’amour avec nos déchets. L’existence humaine est conditionnée aux déchets. Il est donc crucial pour chaque citoyen africain de créer les meilleures conditions pour une cohabitation harmonieuse entre l’homme et ses déchets. Autrement ça pue. C’est ce que ce guide cherche à susciter dans nos communautés africaines.
3. Quelles sont les grandes observations qui ont motivé votre instinct d’intellectuel pour consacrer votre plume à la problématique de la gestion des déchets en Afrique ?
Une observation en particulier : la plupart des citoyens africains pensent que les problèmes liés à la mauvaise gestion des déchets doivent être exclusivement résolus par l’Etat. Je ne cherche pas à dédouaner l’Etat de ses responsabilités, mais j’estime qu’en tant que citoyens africains qui aspirent une vie de meilleure qualité grâce à un environnement sain, nous avons les moyens et le pouvoir de poser des actes individuels et communautaires durables pour limite les dégâts de l’inaction qui caractérise les Etats africains dans ce domaine. Il ne s’agit pas de se substituer à l’Etat. Dans ce guide je démontre ce postulat.
4. Quelles sont les grandes leçons tirées de ces observations ?
Il n’y a pas de leçons à tirer selon moi. Il faut que chaque citoyen commence à poser de petits actes individuels au quotidien en termes de consommation et de gestion de déchets plus responsables. C’est aussi simple que ça.